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dimanche 15 septembre 2013

Intervention du présentant IRA à l’office des nations unies à Genève, Khali Ould Maouloud



Excellences, Mesdames, Messieurs, 
 
L’IRA (initiative de résurgence pour le mouvement abolitionniste créer en 2006) lutte contre toutes formes de discriminations et particulièrement l’esclavage en Mauritanie.

Avec une population de 3,5 millions d’habitants la Mauritanie est un trait d’union  entre le monde arabe et le monde africain. Cette population est composée de 20% d’Arabo-berbères qui détiennent le pouvoir économico-social et politique, les 80% restant sont d’origines Négro-africaine dont 45% d’Haratine (esclaves affranchis) avec plus de la moitié esclaves à ce jour. Les Haratine ont subi un transfert de civilisation, comme les Antillais ou les noirs Américains. Par conséquent, ils ignorent leur société d’origine. Ils forment la communauté la plus marginalisée de Mauritanie. Leur exclusion du système, qu'il soit traditionnel ou moderne, conduit à une privation de toute forme de savoir qui aurait pu participer à leur émancipation. Les esclavagistes s'épanouissent sur la base de cette ignorance entretenue par différents moyens tels que leur maintenance dans l’ignorance, une fausse interprétation de la religion et en les isolant le plus possible de la population éveillée. Toutes les composantes de la société mauritanienne sont concernées par l'esclavage. A savoir les Arabo-berbères et les Négro-Mauritaniens (Haall-pulaar, Soninké, Wolof et Bambara). L'esclavage est vécu comme un problème de conscience dans ces différents milieux. L'existence des castes impose, aujourd'hui, dans cette communauté, des inégalités statutaires entre individus qui sont communément admises. Toutes démarches tendant à remettre en cause l'esclavage butera contre des intérêts économiques, juridiques, politiques etc., quelle que soit la communauté considérée.



Première prise de conscience dans les années 1970 avec le mouvement El hor (Mouvement pour la libération et l'émancipation des Haratine) a été créée le 5 mars 1978, accompagné  d’une pression internationale, en découle une première loi sur l’abolition de l’esclavage en 1981.
Article 1 : L’esclavage sous toutes ses formes est aboli définitivement sur toute l’étendue du territoire de la République Islamique de Mauritanie.

Malgré la promulgation de cette loi, le pays étant soumis à la loi de la charia islamique qui a pour référence quelques oulémas esclavagistes qui imposèrent l’article 2 conformément à la charia.
Article 2 : Conformément à la charia, cette abolition donnera lieu à une  compensation au profit des ayant droits.

Quelques années plus tard on a vu naître SOS  esclaves, mais ce fut uniquement sous formes de déclarations, puis dans les années 2000 le premier mouvement IRA qui suscita l’engouement populaire avec des caravanes de sensibilisations. En effet, IRA s’est distinguée  par ses actions spectaculaires, par l’incinération du code négrier, la dénonciation permanente des cas d’esclavages et de les porter au-devant des tribunaux, des sit in devant des institutions publiques afin d’obtenir justice. Au moment où je vous parle, notre délégation IRA avec son président se trouvent à 200km de la capitale pour porter secours à une jeune fille de 18 ans, asservie depuis sa naissance, esclave par ascend6ance, venant de subir des maltraitances physiques et psychologiques par ses bourreaux qui ne sont autres que des haut-fonctionnaires de l’État ce qui complique la démarche juridique. Suite à la pression de la rue et une prise de conscience de tous les négro-africains ainsi qu’une partie de la population arabo berbères ; quant aux problèmes de l’esclavages qui enchainent notre pays et l’empêche de s’épanouir ; Le gouvernement a promulgué en 2007 la première loi condamnant l’esclavage même si l’application reste difficile (juge et partie).

Loi n° 2007 – 048 du 3 septembre 2007 portant incrimination de l’esclavage et réprimant les pratiques esclavagistes

Malgré ces petites avancées nous devons maintenir la pression et soutenir toutes les initiatives visant à améliorer les conditions de 80% de la population mauritanienne (négro-africaine) en vue d’obtenir une équité et l’accès aux droits. Cela doit commencer entre autres par respecter ses engagements en appliquant efficacement les lois promulguées ou ratifiées. En dépit de toutes les richesses dont regorge le pays : l’une des côtes les plus poissonneuse du monde, le cuivre, le phosphate, le fer, l’or et depuis trois ans le pétrole en ajoutant les subventions extérieurs notre pays fait partie des pays les plus pauvres du monde. Nous émettons alors l’hypothèse facile que la richesse est concentrée entre les mains des 20% de la population (Arabo-berbères). Enfin, selon le rapporteur spécial des Nations unies sur les formes contemporaines de racisme et de discrimination raciale Mr. Mutuma Ruteere a achevé une mission d'évaluation en Mauritanie. Il confirme qu’il existe toujours dans le pays des victimes de pratiques analogues à l’esclavage, le rapporteur a plaidé pour un amendement à la loi anti-esclavage de 2007 qui permette aux ONG de se porter partie civile au nom des victimes afin de mieux lutter contre l’impunité.

Genève  13 septembre 2013


Khali Ould Maouloud  représentant IRA à Genève.

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