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dimanche 21 juillet 2013

Et Mandela répond à son frère d’Afrique du Nord 17 ans après





….Et Mandela répond à son frère d’Afrique du Nord 17 ans après

Chers frères noir d’Afrique du Nord j’ai bien reçu votre lettre, nous étions trop pris par l’exercice du pouvoir et ce qui suit car l’Afrique du Sud avait plus que besoin de notre présence physique et moral.
Mais ce fut un immense plaisir pour nous de recevoir votre lettre. Aujourd’hui dans mon lit d’hôpital j’ai eu enfin le temps de vous répondre et d’apporter aussi quelques petits conseils au combat que vous menez.
Mr Mandela « Mandiba »
Ancien président d’Afrique du Sud
Prix Nobel de la paix 1993
A Monsieur Ibrahim Moktar Sarr
President d’AJD/MR

Chers frère noir d’Afrique du Nord j’ai bien reçu votre lettre, nous étions trop pris par l’exercice du pouvoir et ce qui suit car l’Afrique du Sud avait plus que besoin de notre présence physique et moral.
Mais ce fut un immense plaisir pour nous de recevoir votre lettre. Aujourd’hui dans mon lit d’hôpital, j’ai eu enfin le temps de vous répondre et d’apporter aussi quelques petits conseils au combat que vous menez.
Nous avons commencé jeune ce combat que nous avons hérité de nos parents. Nous nous sommes donné corps et âmes avec toute la détermination que cela requiert.  La fougue de l’adolescence s’y est ajouté l’empressement nous a conduit à commettre des actes de vandalisme pour ne pas dire terrorisme au nom de l’ANC. Cela  nous a valu les remontrances des nos ainés mais aussi a servi d’alibi à nos oppresseurs pour nous mettre en prison 27 années durant.  Nous n’avons cependant pas abandonné ni notre combat ni la dynamique de notre mouvement au sein duquel certains leaders m’ont reproché le manque de tact. Nous sommes amélioré, refais, reconstruis puis repris le combat de nos cages et nous avons continué, encore continuer sans jamais s’arrêter mais surtout en suivant notre ligne de conduite.
Nous avons appris peu de chose de la Mauritanie et de l’apartheid qui y réside mais nous constatons que nos frères noirs de l’Afrique du Nord manquent de détermination et de constance dans leur combat et surtout d’inspiration dans leur vision.
L’ANC que nous avons hérité est la mère des mouvements de lutte noire en Afrique mais elle n’a jamais été reconnue, ni accepté par le pouvoir en place dans notre pays et pourtant il m’a été donné de savoir que l’Action pour le Changement dont vous étiez le secrétaire général a pris fin le jour qu’il a été dissout par le pouvoir à l’époque  comme si toute votre action dépendait de la reconnaissance par le pouvoir.
De 1912 à 1992 l’ANC  a existé malgré la répression mais l’AC n’a pas vécu plus de 10 ans sans la moindre répression et les dirigeants se sont séparés comme s’ils prient d’être dissout par le pouvoir. La différence avec l’ANC c’est que chez nous, nous avons compris que le plus important est nos objectifs communs mais pas nos égos.
Nous avons constaté la même  erreur avec les FLAM, avec qui vous avez rédigé le manifeste des negro-mauritaniens opprimés. Votre compagnonnage n’a pas duré et si j’ai une observation à faire de ce manifeste est qu’il présente certes toutes les souffrances de votre peuple noir d’Afrique du Nord mais je me demande à qui il est destiné. Car nous n’avons jamais attendu du pouvoir d’apartheid qu’il nous libère mais nous avons juré de nous battre jusqu’à être libre car un FREDOOM ne se gagne pas à la loterie et il y’a une grande différence entre un mouvement de lutte et un syndicat. Je constate alors que nos camarades noirs d’Afrique du Nord comptent beaucoup sur l’oppresseur alors que cela ne devrait pas être le cas. Il faut faire face à vos problèmes et refuser l’oppression jusqu’à ce que l’oppresseur soit obligé de reculer.
Apres plusieurs années de dictature la Mauritanie a vécu un coup d’Etat que certains qualifient de salutaire même si le coup d’Etat n’est jamais la meilleur solution. Vous avez créé un parti politique, vous étiez candidat à une élection présidentielle transparente où vous avez d’ailleurs obtenu un bon score malgré que 16 mois après le premier président démocratiquement élu de votre pays a été victime à son tour d’un coup d’Etat. Vous avez alors pris acte (cautionné) et accepté de participer à des élections dont l’objectif et de légitimer le coup d’Etat. l’ANC n’aurait jamais accepté de participer à des élections sans que toutes les conditions de transparence ne soient établies.
Nous avons appris ces derniers mois que vous avez rejoint le pole des partis proche du pouvoir. Ce même pouvoir qui n’a entrepris aucune politique allant dans le sens de changer la situation de votre peuple. Ce pouvoir n’a jamais fait d’effort allant dans le sens d’établir la vérité sur les exactions effectuées pendant les années 90 et n’a jamais montré sa détermination à faire appliquer la loi criminalisant l’esclavage dans votre pays…. Je me passerais de beaucoup d’autres exemples qui vont à l’encontre de la ligne de conduite de l’ANC. L’ANC au sein duquel nous avons milité a refusé tout compromis avec le pouvoir d’apartheid sans le respect complet des droits des noirs dans notre pays.
Dans mon lit, je me permets de vous donner quelques conseils d’un vieux sage qui attend sereinement son dernier souffle.
- Il ne faut jamais faire de compromis avec l’oppresseur sans avoir la certitude qu’il y’a une véritable volonté de respecter sa parole.
- Apprenez à oublier votre personne si vous décidez de mener un combat pour votre peuple car le peuple est plus important que l’intérêt personnel.
-Ne pleurer plus jamais si on se s’en prend  à vous mais battez-vous car cela constitue votre seul salut dans ce bas monde. Un combat comprend des moments où tout le monde vous lâche et un moment ou tout le monde vous accompagne.
Vous avez mon cher cadet d’Afrique du Nord certes beaucoup de détermination mais vous manquez de mobilité. Votre peuple dans le plus profond de lui-même manque de vous comprendre. Pour souligner l’importance de ce fait, chez nous, ce ne sont pas quelques dirigeants de l’ANC qui ont fait notre combat mais des femmes et enfants venus de tous les horizons de l’Afrique du Sud.
Personne ne peut mener un combat et le gagner pour un peuple inerte. Aller voir votre peuple et faites tout pour qu’il vous suit car seuls ceux qui sont accompagnés sont des leaders les autres se débattent et s’agitent dans le vide.
Je finirais par vous adresser mes vivent salutations et mon soutient absolu mais sans oublier de vous exprimer tout mon optimisme quant à une suite heureuse dans l’immédiat de votre quête de « freedom ».
Johannesburg le 19 Juillet 2013
Dr Ousmane Sy

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