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dimanche 30 juin 2013

Un gouvernement d'union nationale...quoi faire?



La société mauritanienne traverse une période cruciale. La bannière derrière laquelle devrait se rassembler les diverses sensibilités socio-culturelles à première vue adhésives au pacte républicain, s'affiche  pour l'instant en une constriction à toutes les réalisations propices à la fécondité. D'un coté des extrémistes se rangeant sous la coupole des droits de l'homme, les islamistes fanatiques sortis du « Ribat » décomplexés, agissant désormais à ciel ouvert, les séparatistes, les autonomistes, les jusqu'auboutistes  et de l'autre côté une opposition traditionnelle en plus d'une majorité « standard » qui monopolisent la scène politique et qui se jaugent tout  en s'adonnant à des exercices byzantins. Et il est regrettable que dans ce kaléidoscope qui donne le tournis, de constater avec amertume la démission de nos intellectuels, figures de proue sous d'autres cieux et en tous temps. Cet « acte manqué » a permis l'émergence d’une secte de politiciens « qui n'a fait qu'interpréter la Mauritanie de différentes manières, quand il s'agit plutôt de la transformer ». Il n'y a rien de plus inquiétant que la cécité morale ou la déchéance psychologique des intellectuels qui sont supposés jouer les mages à un peuple pris en tenailles, agonisant entre une administration sans scrupules et une conjoncture économique exécrable. Et puisqu'on parle de notre classe politique, levons un coin de voile sur ce qui se trame dans le microcosme nouakchottois et qui tiendra sans doute en haleine la doxa, au moins jusqu'à l'éventuelle présidentielle de 2014. Nul ne peut, ne doit douter de la sincérité du président de notre  Assemblée Nationale Messaoud Ould Boulkreir. Son initiative, quand elle a pour but de réconcilier les mauritaniens de tous bords nous va droit au cœur. Mais cet « impératif catégorique » ne doit pas octroyer un blanc-seing à notre défenseur des droits de l'homme, le sage Messaoud mais  surtout à tous ceux qui croient s'opposer au pouvoir du général Mohamed Ould Aziz, et qui, me semble-t-il, n'ont pas encore  tiré  des enseignements de notre Histoire récente. Il y a moins d'une mandature celui que tout le monde présentait comme étant  le moins instruit, le moins diplômé, le  « sneidri », je veux nommer le président Aziz, avait réussi un coup de maître en prenant le dessus sur tous les « animaux » politiques nationaux et internationaux suite à des manœuvres frauduleuses dont il a seul le secret. Certes les ruses, les dols, les subterfuges, le guet-apens, vieilles recettes nées avec le diable ignorent la convenance et le politiquement correct. Déjà cinq cents ans avant l'ère chrétienne, un général chinois Sun Tzu dans son ouvrage : l’Art de la guerre disait:  « apprends à connaitre ton ennemi, un ennemi connu est à moitié vaincu ». Ainsi, Aziz connaissant les mauritaniens comme la poche de son boubou blanc acceptait la mise en place d'un gouvernement d'union nationale juste après les accords de Dakar. Pour cela, il a même donné le ministère de l'intérieur à l'opposition, tenu alors par un administrateur consensuel et dont la  compétence et le sérieux sont reconnus par un bon nombre de citoyens mauritaniens: Mr Mohamed Ould R'zeizim. Si Aziz avait soupçonné l'ombre d'un doute sur sa victoire il n'aurait jamais procédé ainsi. En manipulateur avantageux Aziz, avant de démissionner avait mis en place des mécanismes intangibles mais douteux capables de le hisser aussi bien en aval qu'en amont  jusqu'à la magistrature suprême de Mauritanie .L'opposition, les indépendants et une partie de l'opinion n'ont senti le piège qu'une fois devant le fait accompli. En le pressant de proclamer les résultats au bénéfice du général Aziz,Ould R'zeizim, alors ministre de l'Intérieur, a été taxé de tous les maux surtout par ses amis opposants le stigmatisant comme le « traitre » au service du pouvoir. Et voilà que certains politiques tentent de faire l'ébauche du même feuilleton qui a prévalu avant l'élection de 2009 où Aziz avait été élu à plus de 52 pour cent dans des conditions insolites, au nez et à la barbe des membres du fameux gouvernement d'union nationale. 
  Le général Aziz qui pourtant n'a jamais fait l'Ecole de Guerre prépare cette fois encore un stratagème digne du cheval-cadeau de Troie. L'idée d'un éventuel gouvernement d'union nationale pour le pouvoir mauritanien n'est pas d'actualité pour le restant de l'année 2013.Mais les « experts » s'y pencheront au moment opportun parce que c'est une procédure envisageable et qui, pour l'instant est  différée en attendant de régler quelques détails dont l'enrôlement par exemple et ce, en vue d'aiguiser d'abord tous les appétits de manière à faire couler autant de salives. Pour briguer un second mandat de 5 ans(2014-2019) notre général-président a besoin de l'initiative de Messaoud Ould Belkheir pour tenir en haleine l'opinion comme prélude au réchauffement des salles. Encore faut-il se référer à l'Histoire. Le 29 Août 1939 les Russes et les Allemands signaient un pacte de non-agression, avant qu'ils n'envahissent simultanément la Pologne déclenchant ainsi la 2ème guerre mondiale, le 1er septembre. Ce pacte n'était que le double-réalisme des deux protagonistes, et qui répondait aux vœux secrets des dictateurs Hitler et Staline: l'un voulant avoir les mains libres à l’Est, l’autre se préparant au pire en attendant l'heure fatidique. Le vrai-faux réalisme d'Ould Abdel Aziz c'est de faire croire à l'opposition sa réticence à former un gouvernement d'union nationale alors même que c'est son vœu secret. Ses agents de renseignements, ses laudataires ne donnent pas de répit au président de l'Assemblée Nationale qui a pour mission informelle de faire adhérer le maximum de partis politiques, d'Ong à son initiative. D'ici là, le fruit qu'est l'opposition aura mûri et il suffirait de le cueillir sans coup férir. On se demande si Messaoud le sincère, le candide, le « chreigman » (comme moi d'ailleurs à certains moments) n'a pas vu venir « le malin génie » de l'enchanteur Merlin- AZIZ dans ses manœuvres ô combien dilatoires! D'ailleurs Messaoud a-t-il le choix que de jouer aux entremetteurs? La configuration du microcosme politique mauritanien a subi des mutations notoires et il n'est pas sûr que le parti de l'actuel président de l'Assemblée Nationale puisse lui garantir derechef une place de choix à l'hémicycle. D'où sa disponibilité à vouloir jouer les Mahatma, et autre Madiba...Mais tout ça Aziz n'en a cure, car ce qui l'importe c'est asseoir son autorité de fait aussi longtemps que possible en restant le premier magistrat du pays jusqu'en...2024, année où il n'aura que 67 ans, à l'issue de son troisième mandat. 
      D'ailleurs en dehors de quelques coups fourrés, de déceptions programmées, de confiances rompues de contrats non honorés ,rien de constructif ne sortira d'un éventuel gouvernement d'union nationale anté-élection présidentielle de 2014.Mohamed Ould Abdel Aziz maitre à bord du bateau ivre Mauritanien en perdition usera de tous les moyens peu orthodoxes pour briguer un second mandat. Sa nouvelle stratégie après le feuilleton du Ghanagate, qui, me semble-il l'a beaucoup affecté, assommé, semble désormais la politique de la « bouche-cousue ».Excellente stratégie de communication et qui nous enseigne que malgré le coup de feu du fils, le tir « ami » du père, la confusion du Ghanagate, le dilemme des stupéfiants notre général nargue son peuple et n'est pas prêt de démissionner.
    La réélection du général AZIZ en 2014 aboutira sans doute à une véritable crispation de la scène politique. L'opposition démocratique en prendra un coup duquel elle ne pourrait plus se relever, du moins de façon crédible. Ceux comme Ahmed Ould Daddah,Messaoud Ould Belkheir,Ahmed Ould Sidi Baba,Ba Mamadou Alassane,Ladji Traoré,Mohamed Abderrahmane Ould Moine pour ne citer que les caciques dont on regrettera l'expérience et la compassion, se débarrasserons de leurs tabliers de politiciens-gérontocrates pour sûrement s'occuper de la rédaction de leurs mémoires. Ceux nombreux qui voudraient prendre la relève auront à mesurer leurs ambitions en se battant sur deux fronts: le pouvoir et les extrêmes. Une opposition démocratique faible favoriserait l'émergence de toutes les cellules dormantes du fanatisme. Artung minen!
   
Capitaine Ely Ould Krombelé 

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