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mercredi 19 juin 2013

Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA) Actes, interventions et enregistrements vidéo



Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA)
Actes, interventions et enregistrements vidéo

12 juin 2013 à l'Assemblée Nationale Française

Rencontre-Débat à l'Assemblée Nationale
(organisée par IRA-France sous le haut patronage Jean-François MANCEL, Député de l'Oise, Conseiller Général )
Thème:                                            L'esclavage en Mauritanie
Lieu: Assemblée Nationale, Salon Mars III, 101, rue de l'Université (RdC), 75007 Paris
Date: Mercredi 12 juin 2013 de 16:00 à 19:00 
Présentation de la rencontre-débat
Après quatre abolitions (1905, 1960 , 1981 et 2003), une loi parlementaire le criminalisant (2007) et une loi institutionnelle (2012) le qualifiant de crime contre l'humanité, l'esclavage vient d'être l'objet de la création, en Conseil des Ministres (mars 2013), d'une "Agence Nationale" pour l'éradication de ses "séquelles" en Mauritanie.
            Depuis plusieurs décennies, des courants d'émancipation sillonnent la communauté des Hratine (esclaves, descendants d'esclaves et anciens esclaves de Mauritanie) en cristallisant de façon continue une identité qui a du mal à se détacher des deux grands ensembles culturellement dominant en Mauritanie à savoir les Maures (arabo-berbères)  auxquels ils sont liés par assimilation et les Négro-africains ( Halpular, Wolof et Soninké) avec lesquels ils partagent les origines.
            Ces courants prirent la forme de mouvements d'opinion (Elhor, "le libre"), de partis politiques (Action pour le Changement, AC et l'Alliance Populaire et Progressiste, APP) ou d'ONG de défense des droits de l'Homme (SOS-Esclaves). Ils aboutirent à l'injection dans le corps de l'Administration et de l'Etat d'une dose importante de cadres issus de la communauté hratine exerçant une réelle modification des mentalités au sein de la société mauritanienne. L'apogée de cette évolution pourrait être situé en août 2007 avec l'adoption de la Loi 008/2007 criminalisant l'esclavage par une Assemblée Nationale dont le "perchoir" était occupé par Messaoud Ould Boulkheir, figure emblématique d'Elhor. Un autre marqueur significatif de cette évolution est la candidature (2009) à la présidence de la République du même Ould Boulkheir soutenue par une large coalition de partis regroupant l'essentiel du personnel politique du pays.
            Pourtant, en 2013, la carte de la pauvreté en Mauritanie recoupe intimement la géographie des villages hratine (Adwaba) et les bidonvilles essentiellement peuplés de ressortissants de cette communauté. L'analphabétisme et l'échec scolaire y sont à leur maximum.
            Depuis quatre ans, de nouvelles formes de lutte contre l'esclavage ont fait leur apparition en Mauritanie. Des pans entiers de la communauté hratine ont décidé de prendre leur destin en main et de ne plus compter sur le "temps et les programmes de lutte contre la pauvreté" pour sortir de la misère sociale économique et morale. Ce fut le crédo de l'Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste en Mauritanie, IRA créée en octobre 2008.
            IRA, dont le président Biram Ould Dah vient d'être distingué par le prestigieux prix de défenseurs des droits de l'homme décerné par FrontLine Defenders, organise une journée-débat le mercredi 12 juin 2013 à l'Assemblée Nationale française sur cette thématique de l'esclavage en Mauritanie. Y seront conviés des acteurs de la société civile nationale et internationale travaillant dans le domaine de la défense des droits de l'homme, des politiques et des représentants de la presse.
IRA et le Député Jean-François MANCEL seraient honorés de votre présence à cette manifestation

Annonce de la Rencontre-débat diffusée dans la presse mauritanienne
Initiative  pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA)
IRA à l'Assemblée Nationale française
            La section IRA-France organise, ce mercredi 12 juin 2013, une grande rencontre-débat sous le thème de "l'esclavage en Mauritanie" dans les locaux de l'Assemblée Nationale française. La rencontre est organisée sur l'invitation et sous le patronage du Député UMP et Conseiller Général de l'Oise (Nord de la France), Jean-François Mancel. Sera présent à cette réunion le président d'IRA, Biram Dah Abeid, qui achève dans la capitale française une tournée européenne qu'a organisée en son honneur l'ONG Front Line dont il est le lauréat du Prix FrontLineDefenders 2013.
            De nombreuses autres personnalités politiques, scientifiques, de défense des droits de l'homme et de la presse  ont confirmé leur présence à cette rencontre-débat aux côtés du Président Abeid et du Député Mancel. On peut citer notamment:
-          Monsieur  Mal  Thomas, Chargé de mission au près de l'Ambassadeur Chargé des Droits de l'Homme au Quai d'Orsay;
-          Monsieur Iyad Jaber,  Chargé de la Mauritanie au Quai d'Orsay;
-          Monsieur Forst  Michel, Secrétaire Général de la Commission Nationale Consultative des Droits de l'Homme (CNCDH);
-          Madame  Verges Françoise, Directrice du Mémorial de l'Abolition de l'Esclavage de Nantes.
            La rencontre se déroulera de  16 heures à 19 heures et verra la projection d'un documentaire sur les luttes d'IRA en Mauritanie, des témoignages d'ONG internationales de défense des Droits de l'homme, des interventions de responsables d'IRA et une grande plage de discussion et de débats. Au total, plus de 110 invités ont confirmé leur venue.
 IRA-France                                                                                                          Lundi 10 juin 2013
                                                                      
L'annonce a été largement relayée dans les sites mauritaniens d'information. Voici quelques liens:










Liste des invités ayant confirmé leur venue
 Le Comité d'organisation de la Rencontre-débat tient à présenter ses excuses sincères à ceux qui n'ont pas pu accéder à la salle et qui sont dans leur très grande majorité des militants d'IRA.

1.         Abeid  Biram Dah
2.         Acloque Benjamin
3.         Aït-Larbi Aghilès
4.         AKORRI Sayfa
5.         Artur Danièle
6.         BA Ciré
7.         Ba Elhadj
8.         Ba Ousmane
9.         Ba Sileye 
10.       Ba Tidjane
11.       BAAL Aissata
12.       Baba  Mohamed
13.       Baba Marie
14.       Beau Nicolas
15.       Beidary Coulibaly
16.       BEL  Mohamed
17.       Berthilier Jean pierre
18.       Bonifassi Marie-Laure
19.       Botte Roger
20.       Boukoum djibril
21.       Brahim Yayha
22.       Brette Ibrahima
23.       CHARBAGI  Claire
24.       Charbagi Mohamed
25.       Chedad  Amar
26.       Chedade Oumar
27.       Cheibetta Moctar
28.       Cheikh  Ahmed
29.       Cire Aminetou
30.       DAH Mohameden
31.       Dalibert  Alain
32.       Daoudi Naima
33.       Das  Sobha
34.       Delius Ulrich
35.       DIAGANA Boubacar
36.       Diagana Cheikh
37.       Diagana Mamadou Yousssouf
38.       Diagne Oumar
39.       DIALLO Ibrahima
40.       Diallo Rougi
41.       Diallo Saidou
42.       Diallo Samba Kabe
43.       Diallo Tahirou
44.       Diankha Youba
45.       DIAW   Abdoulaye
46.       Dieng Alioune
47.       Dieng Samba
48.       Diko Hanoune
49.       Dion  Véronique
50.       Djimera Cheikhou
51.       Emrou Itewel
52.       Fall Malick
53.       Forst Michel
54.       Gakunzi David
55.       Galledou Younouss
56.       Gandega Adama
57.       Ghaye Mamy
58.       Guelaye Abdou
59.       Hardung  Christine
60.       Houssein Mohamed Mbareck
61.       Iyad Jaber
62.       KANE  Elimane
63.       Kane El housseinou
64.       Kane mariame
65.       Kane Oumou Kelthoum
66.       Kébé cheikhouna
67.       Koenig  Erika
68.       Kone Makan
69.       LY Fatima
70.       Macha  Sinegre
71.       Mal  Thomas
72.       Maya Drame
73.       Meclot Dominique
74.       Messeoud khadjetou
75.       Mint Baba Ahmed Mariem
76.       Moulin Jacqueline
77.       Ndiaye  Sidi  
78.       N'diaye Abou 
79.       Ndiaye Demba
80.       Ndiaye Mohamed
81.       Niang Ousmane amadou  
82.       Niasse Fatimetou
83.       Nyoumsi Guy Samuel
84.       O'Brien Michele
85.       Ould Abdallahi Ould Bouchame Mohamed
86.       Ould ALI brahim
87.       Ould Anny Mouamar
88.       Ould Cheikh Abdel Weddoud
89.       Ould Elmewloud Amar
90.       Ould Jiddou Baba
91.       Ould matalla Mohamed
92.       Ould Merzoug Abidine
93.       Ould messeoud Maloum
94.       Ould Moustapha  Ahmed Amou
95.       Ould Saloum Vall Yacoub
96.       Pagny Celine
97.       Pelckmans  Lotte
98.       Pelenc Marie
99.       Peschanski Flora
100.    Poivre d' Arvor Catherine
101.    SAMBA Oumoulkheir
102.    Sao Ousmane
103.    Sarr Abou
104.    Schulthes Martin
105.    Sidibe Moro
106.    Soumare El hacene
107.    Sow Alpha
108.    Sow Djariyatou
109.    Sow Issa
110.    Sy Fatimata
111.    Tal Moktar
112.    THIAM  Maimouna
113.    Thiam Abdoulaye
114.    Vergès Françoise
115.    Villasanté de Beauvais Mariella
116.    Wague Alioune


Compte rendu rapide paru dans la presse le lendemain de la rencontre
L'Esclavage en Mauritanie: rencontre-débat à l'Assemblée Nationale française
Le mercredi 12 juin 201, s'est tenue au Salon Mars III de l'Assemblée Nationale française, une importante rencontre-débat sur le thème "l'Esclavage en Mauritanie". Cette rencontre a été organisée par la section IRA-France sur invitation du Député de l'Oise (Nord de la France), Jean-François Mancel. Un nombre important d'organisations, d'institutions et de personnalités travaillant dans le domaine des droits de l'Homme ont honoré IRA par leur présence à cette rencontre. On peut en citer les représentants du service de l'Ambassadeur chargé des Droits de l'Homme au près du Ministère des Affaires Etrangères françaises, la Commission Nationale Consultative chargée des Droits de l'Homme française, La Fédération Internationale des Droits de l'Homme, l'Organisation People Nation Non représentés, l’Association pour les Peuples Menacés, le Conseil Représentatif des Associations Noires de France (CRAN), le  Mémorial de l'abolition de l'esclavage  de Nantes...
            Après le mot d'accueil et de remerciements adressés par le Député Mancel aux invités, un
 documentaire  

Vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=Xh0Gd68N8yM



relatant les principales étapes du combat d'IRA en Mauritanie et à l'extérieur du pays introduit la séance permettant aux participants de mettre des images et des mots sur la lutte antiesclavagiste en Mauritanie. Par la suite, a pris la parole Dr Ahmed Amou Ould Moustapha, membre du Bureau Exécutif d'IRA, pour expliquer "Ce que veut IRA". Essentiellement deux choses: appliquer la loi 2007-048 criminalisant l'esclavage, à tous, pour tous et partout et  promulguer une nouvelle loi instituant une réforme permettant aux Hratine d'accéder à la propriété foncière des terres arables. Etre et avoir, telles sont les principales revendications des Hratine portées par IRA.
"Monsieur le Député, Messieurs les représentants du Ministères des Affaires étrangères françaises, vous avez devant vous, vous  accueillez et honorez le président et les responsables d'une organisation mauritanienne hors la loi! Une organisation hors la loi qui s'est assigné comme objectif de faire appliquer la loi.", souligne Ould Moustapha.
            A suivi une importante communication de Monsieur Martin Schulthes, responsable de la programmation auprès de l'Organisation des Peuples et Nations Non représentés (UNPO) où a été abordée l'épineuse question du "Travail servile et droits syndicaux".
            Puis ce fut le tour de Monsieur Ulrich Delius, Vice-directeur exécutif et Directeur du bureau Afrique de l’Association pour les Peuples Menacés, une ONG internationale de défense des droits humains en Allemagne et dans d’autres pays européens. Monsieur Delius a traité de "la non-application de la loi de 2007 et l'impunité". " Il y une culture de l’impunité en Mauritanie. L’échec total des systèmes administratifs, policier et judiciaire face à la répression de l’esclavage est dû à la mauvaise foi de l’appareil judiciaire et à la partialité du système politique.", précise Monsieur Delius.
            Viendra alors le tour de Monsieur Biram Dah Abeid, Président d'IRA, qui traita de "IRA aujourd'hui". Monsieur Abeid aborda les principales thématiques portées par IRA. Son caractère généraliste et non-exclusif. "Nous avons, dit-il le président d'IRA, défendu les Salafistes condamnés et emprisonnés au secret et sans la possibilité pour les leurs de leur rendre visite". "Nous voulons déconstruire le système pour favoriser l'émergence d'un ordre plus juste, précise-t-il". Monsieur Abeid précise que la volonté d'IRA est d'être présente partout où sévit l'injustice. IRA mettra sur pied, annonce-t-il, des syndicats au sein des secteurs manuels de l'économie à savoir les dockers et les mineurs, pour commencer.
            Après ces cinq séquences, la parole a été donnée à la salle. De nombreux thèmes ont été abordés; l'esclavage au sein des ethnies mauritaniennes autres que les Maures et notamment la présence de cimetières d'esclaves séparés de ceux des maîtres, le problème de l'enrôlement en cours et le risque de le voir exclure, un peu plus, les esclaves et anciens esclaves dépourvus d'état civil et dont la filiation est souvent compliquée. Le caractère discriminatoire de ce même enrôlement a aussi été évoqué ainsi que l'aberration qui réside dans l'exigence par l'ambassade de Mauritanie à Paris de produire un document étranger (carte de séjour) pour obtenir des documents nationaux.
            La rencontre débat, qui a commencé à 16H30, a été clôturée à 19H15 par le Député Jean-François Mancel.
  La Commission de Communication                                                                                  Le 13 juin 2013                              
Les interventions
Voici les principales interventions enregistrées lors de la rencontre débat. Chaque intervention est précédé  d'un lien hypertexte pointant vers l'enregistrement vidéo correspondant. Pour ouvrir le lien à partir de la version pdf de ce document, il convient de copier le lien et de le coller dans la barre du navigateur.

Mot d'accueil de Jean-François Mancel, Député et Conseiller Général de l'Oise

Nous sommes vraiment à l'Assemblée Nationale, car à l'Assemblée, les sièges ça compte. En l'occurrence, je suis vraiment désolé pour ceux et celles qui ne pourront pas assister à cette réunion-débat parce que tout simplement les organisateurs, que nous sommes collectivement et nous assumons notre responsabilité, nous n'avions pas imaginé un tel succès et tant mieux, c'est plutôt une bonne chose. Vous savez, il vaut mieux avoir une salle comble qu'une salle à moitié vide. Je suis désolé pour ceux et celles qui auraient bien voulu participer à cette réunion et qui se voient obligés de rester dehors. Mais, président, vous n'aurez qu'à revenir et on pourra recommencer. Je crois que ce sera une bonne idée. En ce qui me concerne, je serai très bref. Juste vous souhaiter la bienvenue à l'Assemblée Nationale. Dire au président Biram Ould Abeid que je suis très heureux de l'accueillir et le féliciter aussi parce que vous savez qu'il a été en 2013 le lauréat du Prix FrontLine Defenders et dire tout l'intérêt que nous allons porter à ce qui sera dit tout à l'heure et ça permettra certainement d'avoir aussi un débat avec la salle sur ce problème extrêmement grave et important et peut être très largement méconnu hélas de l'esclavage en Mauritanie. C'est donc un sujet qui va être l'objet de discussion tout à l'heure. Je voudrais donc dire simplement mon intérêt en tant que parlementaire pour cette question et puis me réjouir encore une fois de vous accueillir à l'Assemblée Nationale en espérant que nous aurons encore d'autres occasions de le faire car il ne suffit pas d'une première rencontre, il faut continuer après l'action et l'action que vous avez engagée commence progressivement à porter ses fruits malgré les difficultés et les handicaps que vous rencontrez dont vous direz certainement tout à l'heure un mot. Alors encore bienvenue.


Intervention du Dr. Ahmed Amou Ould Moustapha, Membre du Bureau Exécutif d'IRA
Monsieur le Député, cher Jean-François, Mesdames Messieurs les invités, camarades et amis
Ce n'est pas sans une certaine émotion que nous sommes réunis sous ce toit. Dans cette illustre Maison de l'Assemblée Nationale française qui a vu s'élaborer des textes fondateurs. Des textes abolissant l'esclavage, il y a de cela presque deux siècles. Mais aussi des textes plus récents instaurant une journée de commémoration de l'abolition de cette abomination. Ici, l'esclavage est du domaine de la mémoire. Il convient de ne pas oublier qu'il eut existé. En Mauritanie, Monsieur le Député, un système militaro-féodal implacable, habillé de vieux oripeaux d'une démocratie théâtrale et grotesque laisse des homme soumette d'autres êtres humains et les maintenir dans la servitude la plus abjecte dans l'indifférence totale de la conscience des hommes comme si le progrès  des idées de  l'Humanité s'est arrêté  net depuis des siècles en Mauritanie et s'est enkysté dans une coque qui le rend imperméable aux changements.
L’esclavage est le lot quotidien d'une part importante de la population. On les appelle les Hratine, esclaves et anciens esclaves. Certes, ils ne sont pas enchaînés deux par deux. Ils ne s'échinent pas à longueur de journée dans des champs de canne à sucre . Mais il y'en a qui naissent esclaves parce que leur mère ou père sont esclaves. Certains travaillent toute leur vie au service d'autre sans contrepartie. Certains se voient déshérité par un prétendu maître de leurs ascendants. Notre organisation a débusqué plusieurs cas de ce type. La police  a même arrêté quelques coupables de pratique esclavagistes quand les militants d'IRA lui avaient fait comprendre qu'il ne pouvait en être autrement. il est vrai qu'elle les a vite relâchés.
Vous l'aurez compris, Monsieur le  Député, Mesdames et Messieurs les invités, il y a des lois qui répriment l'esclavage en Mauritanie. Il y en a eu même plusieurs dans l'histoire du pays. La plus récente porte un titre qui souligne, à lui tout seul, l'anachronisme qui caractérise les mentalités de mes concitoyens: "loi N° 2007-048 du 3 septembre 2007 portant criminalisation de l'esclavage et réprimant pratiques esclavagistes". L'esclavage est donc qualifié de crime en Mauritanie depuis 2007. Il est vrai qu'en 1981, une autre loi l'avait aboli mais elle prévoyait l'indemnisation des maîtres d'esclaves, avant cette date en Mauritanie, posséder un être humain, le vendre, en totalité ou en partie pour une ou plusieurs personnes qui peuvent se partager son service, vendre sa force  physique à une personne et ses attributs sexuels si c'est une femme à une autre ou les garder pour soi, le vendre, parfois à la naissance et attendre le sevrage pour le remettre à ses nouveaux maîtres qui peuvent être à des milliers de kilomètres de ses parents, le  donner, le céder, l'astreindre  aux violences physiques, à l'exploitation sexuelle, travaux forcés, dangereux et/ou dégradants , le priver de l'éducation du droit au mariage, au voyage, exercer sur lui des châtiments ou des mutilations  et souvent en présence des autres membres de sa famille, toutes ces pratiques étaient  totalement légales  avant 1981. C'est vous dire le progrès accompli. Mais aussi récente que soit la reconnaissance par l'Etat mauritanien du caractère criminel de l'esclavage, une loi existe désormais et elle est promulguée. Notre organisation, IRA, ne demande que son application. Toute son application. A tout un chacun et pour tous. Faire appliquer la loi, c'est l'une des missions de l'Etat. En Mauritanie l'Etat rechigne à s'acquitter de son devoir. Il rechigne à appliquer cette loi. Parce qu'elle remet en cause le système sur le quel il repose.
Les militants d'IRA ont payé de leurs corps et de leur liberté l'exigence d'appliquer la loi. Ils sont entrés dans des commissariats pour exiger que la police instruise des affaires qu'ils lui apportent. Comme le prévoit la loi. Ils ont organisé des meetings, des sit in, des "caravanes des esclaves"  pour la liberté. Ils ont été réprimés, calomniés et jetés en pâture à la vindicte populaire.
Notre Président, plusieurs de nos dirigeants et de nos militants ont croupi en prison pour avoir dénoncé ces pratiques ignominieuses et pour avoir voulu jeter le faux masque de la religion sur cette pratique d'un autre âge.
L'état mauritanien nargue le droit international et se joue des organismes et des partenaires internationaux en édictant de plus en plus de lois modernes contre l'esclavage et en ratifiant les conventions internationales de promotion et de protection des droits humains mais, parallèlement, en sourdine, l'Etat continue à promouvoir les anciennes références, tirées de manuels d'exégèses esclavagistes qui partagent les musulmans en deux catégories: maîtres et esclaves et qui stipulent que l'esclave est un bien matériel pour son maître et il peut en disposer à sa guise sans aucune restriction.
C'est l'autodafé symbolique de l'un de ces livres qui a valu au Président Biram un séjour de quelques mois dans les geôles mauritaniennes sans aucun procès ni de qualification des faits qui lui sont reprochés  avec une campagne de diabolisation sans précèdent par les autorités mauritaniennes  avec la complicité malveillante des Oulémas salariés.
Mais cet acte courageux a réveillé les consciences et a permis d'ouvrir le débat sur les fondements de jurisprudence musulmane de l'esclavage, qui sont en fait inexistants mais qui sont le fruit d'une interprétation erronée à la carte des  exégètes  qui ont tordu le cou au texte religieux pour satisfaire aux  désirs aux pulsions sexuelles et aux besoins en main d'oeuvre et en domestiques des rois, des émirs et des notables musulmans, le problèmes est que nos Oulémas récitent ces textes et continuent à les appliquer et toute remise en cause de ces manuels équivaut à ces Ouléma de revenir aux bancs de l'école pour apprendre autre chose puisqu'ils ne savent rien d'autre que ces livres esclavagistes, chose qu'ils n'accepteront pas par fainéantise et par orgueil pour cela ils tirent à boulets rouge sur Biram.
Mais  à la fin tout le monde s'accorde à dire que c'est Biram qui avait raison mais son crime c'est qu'il a eu raison avant les autres et surtout par son acte il sape le fondement juridique de cette pratique hideuse  que beaucoup, malheureusement , s'en accommodent en Mauritanie.
Le combat de l'IRA commence à porter ses fruits, la reconnaissance internationale de la pertinence du combat de l'IRA incarné par son président  vient de se  concrétiser par l'attribution du prix Frontline defenders  remis des mains du premier ministre irlandais et dont je félicite le Président Biram ici présent, d'autres prix viendront, j'en suis persuadé, couronner le combat juste sincère et efficace de notre organisation,   les esclavagistes prennent peur et déploient  des trésors d'ingéniosité  pour cacher leur forfaiture en falsifiant des contrats de travail bidons, des pièces d'état civil en fabricant  des  témoignages parfois rémunérés, parfois obtenus sous la contrainte avec la complicité des autorités du pays, le gouvernement feint d'instruire les affaires d'esclavage quand il se trouve acculé par les militants de notre organisation.
La loi portant criminalisation de l'esclavage commence à être timidement appliquée. Pas partout, pas par tous  ni contre tous. Mais c'est un début. C'est un début d'application d'une loi obtenue par l'action d'une organisation qui opère hors la loi. Monsieur le Député, Messieurs les représentants du Ministères des Affaires étrangères françaises, vous avez devant vous, vous avez accueilli et honoré le président et les responsables d'une organisation mauritanienne hors la loi! Une organisation hors la loi qui s'est assigné comme objectif de faire appliquer la loi. Depuis octobre 2008, IRA opère en dehors du cadre juridique mauritanien, a son corps défendant. Ce n'est pourtant pas faute de constituer un dossier de demande de légalisation. A chaque fois c'est le refus catégorique.
Notre demande première et que nous n'avons eu de cesse de réitérer est d'avoir notre titre de reconnaissance en tant qu' ONG de la société civile mauritanienne.
Mais le travail pour faire progresser les mentalités  dans une société croulant sous le poids des conservatismes de tous genres nécessite de déborder du cadre strictement de défense des droits de l'homme et aller sur le terrain politique au sens traditionnel du terme. Un  groupe de militants émanant de notre organisation a décidé de créer un parti politique. Ils l'on appelé "RAG" pour Parti Radical pour une Action Global. Là aussi c'est la légalité que nous visons et que nous voulons utiliser le plus pacifiquement du monde pour faire avancer notre cause. Mais là aussi, nous nous heurtons au murs de l'Administration. Nous attendons toujours notre autorisation. Nous sommes, pourtant décidés à investir toutes les tribunes qu'offre la vie politique mauritanienne. Nous mènerons nos listes sous nos propres couleurs, briguerons tous les mandats et œuvrerons pour avoir, dès les échéances prochaines, un groupe parlementaire en propre.
IRA veut l'application de la loi 2007-0048. Toute la loi, à tous et par tous. Mais nous voulons aussi qu'une nouvelle loi soit adoptée. Une loi qui aura pour objectif de régler la question de la propriété foncière et agricole. Une réforme agraire juste, durable et équitable.
Les Hratine sont courageux, travailleurs et endurants. Ce sont eux qui constituent les forces vives et motrices  de la société. IRA considère que les Hratine ont suffisamment longtemps travaillé pour les autres. Nous estimons qu'ils ont le droit, maintenant, de travailler pour eux mêmes. Mais la plupart des Hratine sont des cultivateurs, dans les oasis, dans les cuvettes et les dépressions cultivables. Ils sont aussi dans les bétails des maîtres. Les Hratine méritent et réclament d'avoir des terres à eux, avec titre foncier inaliénable et possibilité de le léguer à leur descendance. Vous voyez ce sont des revendications simples. Etre et avoir. Mais ce qui semble banal et naturel sous ce toit peut s'apparenter à la provocation en Mauritanie. Mais IRA a décidé de mener cette provocation. Désormais, elle accompagnera les esclaves et anciens esclaves dans leur combat pour la propriété de la terre. Jusqu'à la dissolution de la saisine collective de la terre et la distribution, à leur profit, de terres arables de qualité en quantité.
Evidemment qu'IRA sera vigilante pour qu'une telle réforme ne soit un moyen oblique qu'utiliseront certains hommes d'affaire pour mettre la main sur les meilleures terres. L'Etat doit avoir une politique de ségrégation positive dans ce domaine.
Le combat autour de la question de la propriété de la terre sera autrement plus rude et violent que celui pour l'application de la loi criminalisant l'esclavage. Pour une première raison qui est qu'il n'y a pas encore de loi. Pas de cadre juridique opposable. Les féodalités vont se réveiller et actionner tous leurs ressorts au sein de l'Administration et jusqu'au plus haut niveau de l'Etat.
La lutte contre l'esclavage étant un combat universel, notre organisation est ouverte à tout le monde et compte dans ses rangs, en Mauritanie des esclaves, des anciens esclaves mais aussi des hommes et des femmes de bonne volonté d'autres conditions sociales, qui ont décidé de s'associer à corps  perdu avec leurs frères victimes depuis des siècles de cette pratique ignoble en s'affranchissant du sentiment de culpabilité, résultat de pratiques indignes dont ont pu se rendre coupables leurs parents en les dénonçant justement et en demandant réhabilitation et réparation pour les victimes. Nous comptons dans nos rangs des femmes et des hommes de toutes nationalités et de toute catégorie sociale( des  avocats, des médecins, des hommes d'affaires des hommes politiques des activistes des droits de l'homme cet...) partout dans le monde, en Europe au Moyen Orient, en Afrique et en Amérique.
Notre organisation manque de tout.  Ses moyens, très indigents, proviennent surtout des cotisations de nos adhérents qui sont, hélas, ceux parmi la population mauritanienne qui, de par leur naissance, sont dans le dénuement le plus total ce qui plombe nos activités qui reçoivent pourtant un engouement sans précédent des populations cibles
Nous auront besoin de votre aide et soutien dans cette future épreuve aussi. Comme nous avons eu à l'éprouver dans les mois qui viennent de s'écouler.
Au nom d'IRA-France, je vous remercie.

Intervention de Monsieur Martin Schulthes, responsable  auprès de l'Organisation People Nation Non représentés (UNPO))
"Travail servile et droits syndicaux"


Bonjour à tous
J’ai choisi ce thème par ce qu'en tant que représentant de l'organisation UNPO (Unrepresented Nation and People Organisation), une organisation qui regroupe des peuples non représentés, des territoires inconnus. C’est après notre dernière élection qu'IRA nous a rejoint en 2011.
C’était notre rôle de les affranchir et donc de les faire sortir d’un isolement social, politique et économique, Biram et ses amis pour pouvoir justement donner une envergure à leurs actions.
Une chose classique que nous avons l’habitude de faire à Bruxelles est de chercher les moyens d’aider les organisations, donc il est difficile de demander à la Commission de donner de l’argent et d’aider Biram à chambouler le pays, donc il faut trouver des entrées un peu plus obliques, c’est le premier problème. Le deuxième problème est sur la question de l’esclavage; il y’a un problème si ont fait une démarche de droits de l’homme on arrive toujours un peu en retard parce qu’ont doit attendre qu’il y ait violation et ensuite on essaye de réparer les dégâts.
Alors que toute la démarche semble floue et pour pouvoir effectivement faire avancer les choses il faut finalement les regarder dans le sens du droit de travail par ce qu'en termes pratiques au-delà de la dominatrice culturelle qui est clairement sous-jacente à la question du texte, il y a en termes matériel, d’honoraire de travail, de salaire, des choses qui regardent les droits des travailleurs.
Alors la question importante c’est une démarche que les autorités mauritaniennes elles-mêmes ce sont posée et à bien voir il y a eu déjà et sans le voir, on le verra dans l’intervention d’Ulrish, sur l’impunité et la non application ou là aussi le documentaire.
C’est que ce sont souvent les domestiques qui sont victimes de la pratique, c’est à peine étonnant du moment où ce sont des mineurs et en tant que domestiques tu travailles chez ton employeur et c’est probablement dans ce contexte que la dominance culturelle qui passe par le type d’interprétation religieuse a le plus facilement pu s’imposer puisque ça rentre dans le domaine des domestiques on a l’ordre familial et que donc effectivement à partir du moment où on doit adhérer à ses conventions, il suffit de dire qu’on adhère avec ses conventions sous réserve que la Charia a la priorité et la question du type de charia’a devient important et quand on a un domestique à la maison de quelqu’un il fait partie de la famille et sa devient effectivement très difficile.
Je rentre dans les détails par ce que je pense que l’action de l’IRA en Mauritanie auparavant comme  très typique pour un pays qui a des spécificités et je crois que c’est quelque chose qui est dans l’esprit du temps et donc on exploite le droit et l’esclavage moderne et je veux dire que c’est quelque chose qui est à l’avant-garde interne mais qui est en train de monter en puissance sur la scène internationale.
Je sais que la Commission européenne est très axée sur se qui peut donner de grandes ambitions susceptibles d'arrêter la traite  des êtres humains. Ce qui est claire, la Commission est intéressée quand il s’agit de traite transfrontalière et donc qu’on a une migration clandestine. Tout le problème en Mauritanie est qu’il s’agit d’une traite interne donc la question est de rentrer dans des questions d’origine interne et on s’y attèle.
Ce que je voulais préciser en fait est que les conventions elles sont ratifiées et ne le sont pas  du tous bien entendu de façon secrète, c’est tout à fait officiel. C’est dire qu’elles sont ratifiées sous réserve de la charia’a, c’est parfaitement claire.
La question internationale, dans sa démarche qu’on essaye de faire, est que, par exemple,  il y a eu une convention du Bureau International du Travail sur les femmes domestiques et les droits  des femmes domestiques, qu’est ce que fait la Mauritanie, elle a ratifié la convention et un mois environs avant la convention elle a fait passer un décret qui de fait établit des règles d’embauche des femmes domestiques.
On verra avec les manifestations et les procès d’IRA, ça concerne le plus souvent des femmes domestiques et s'est important de savoir que les autorités mauritaniennes essayent  de se mettre en règle ne serait ce que parce qu’il y a des intérêts nationaux de ne pas être trop publiquement marqué comme étant un Etat esclavagiste. Le problème est que ce décret est presque totalement secret, je ne leur lance pas la pierre mais je pense qu’il y a un retard du côté de tous sur les organisations de droits de l’homme qui ont l’habitude de s’occuper que  des prisonniers politiques et de torturés en prison et il y a les syndicats qui ont l’habitude d’être aussi plus limités à des négociations salariales et que donc il y a un trou entre les deux, un décalage et une déconnection à mon avis c’est peut être dans ça qu’on est entrain de travailler pour trouver des projets et arrangements et l’idée est de faire travailler les organisations des droits de l’homme et des syndicats pour un peu se préparer à ses habitudes. On va essayer de travailler ensemble pour trouver ensemble.
Il est clair que le fait qu’IRA ne soit pas reconnue par les autorités ne simplifie pas les choses. Elle rend impossible de travailler directement avec IRA. On va trouver des partenaires locaux qui peuvent porter le projet. C’est l’aperçu de la difficulté en voulant faire quelque chose.
C’est important aussi de savoir qu’il y’a un rapporteur spécial des Nations Unies contre l’esclavage qui est parfaitement au courant et qui a fait des rapports intéressants et c’est bon de savoir que ça commence à sortir. Même chose pour le Mali et le Niger et vous êtes à l’avant-garde et ça fait savoir aussi que le problème est régional. C’est une question qui touche beaucoup de pays et il faut savoir où se positionner.
C’était un aperçu de ce que sa veut dire de vouloir faire avancer les choses en Mauritanie sans rentrer dans les détails, ce que ça veut dire de vous accompagner et essayer de trouver des moyens pratiques.
On a pas de raison de croire qu’on ne va pas gagner.

Intervention de Monsieur Ulrich Delius, Vice-directeur exécutif et Directeur du bureau Afrique de l’Association pour les Peuples Menacés sur  "la non-application de la loi de 2007 et l'impunité"
 

Résumé: En 1982, notre association a publié notre premier rapport sur les “Hratine” et “L’esclavage en Mauritanie”. Longtemps le gouvernement Mauritanien a nié l’ existence de l’esclavage. On ne parlait que de séquelles de l’esclavage. Ce langage n’a pas change depuis plus qu’une trentaine d’années, c’est étonnant, même choquant.
En adoptant le 3 septembre 2007 la loi portant criminalisation de l’esclavage et réprimant les pratiques esclavagistes, beaucoup d’ONG avaient espéré que finalement le gouvernement mauritanien prenait la lutte contre l’esclavage au sérieux. Depuis lors, néanmoins, cette loi attend toujours d’être pleinement appliquée. Il y a une très forte réticence aussi bien de la part des autorités administratives et de police que de celle du ministère public et des juges quant à sa mise en œuvre effective.
La plupart des affaires d’esclavage sont closes sans la conduite d’enquêtes sérieuses, ce en violation de l’article 12 de la loi contre l’esclavage. Suivant cet article, celles des autorités concernées ne donnant pas suite à une plainte portée à leur connaissance sont passibles d’une peine d’emprisonnement et d’une amende. Dans la mesure où les poursuites prévues au titre de cet article reposent sur les mêmes autorités que celles chargées de réagir aux plaintes relatives à l’esclavage, il n’a jusqu’à présent jamais été appliqué. Dans les cas où une plainte est transmise au ministère public, il est pratique courante pour le procureur de requalifier le crime d’esclavage sous une autre inculpation ou de chercher à obtenir un arrangement à l’amiable, contournant de la sorte l’application de la loi contre l’esclavage. Dans d’autres cas la plainte reste pendante devant le procureur ou le juge d’instruction pendant des mois voire des années sans aucune explication.
Depuis son adoption, la loi de 2007 contre l’esclavage n’a été invoquée que par deux fois devant les tribunaux mauritaniens. Dans le premier cas, la date du procès a été fixée trois jours après la tenue de l’audience de confirmation des chefs d’accusation si bien que ni le procureur ni la partie civile n’ont eu le temps de s’y préparer correctement. Par contraste, l’appel interjeté contre la décision d’acquittement est en suspens depuis le mois d’avril 2011. Dans le deuxième cas, l’esclavagiste a été reconnu coupable mais remis en liberté sous caution moins de quatre mois après sa condamnation. L’appel interjeté contre cette décision n’a à ce jour pas non plus été traité.
Il y une culture de l’impunité en Mauritanie. L’échec total des systèmes administrative, policier et judiciaire face à la répression de l’esclavage est dû à la mauvaise foi de l’appareil judiciaire et à la partialité du système politique.

Intervention  de Biram Dah Abeid

Je remercie toutes les organisations de droits de l’homme présentes.
Mes remerciements aux éminents chercheurs qui s’intéressent à la Mauritanie et à la problématique de l’esclavage.
Je ne pus aussi ne pas remercier les officiels, les représentants du  Quai d’Orsay qui nous honorent de leur présence.
Mes remerciements vont aussi aux organisations de la diaspora mauritanienne et au conseiller de l’ambassade de la Mauritanie en France.
Ira-Mauritanie est une forme de dissidence idéologique et religieuse dans un monde, une société et un environnement où le droit positif ne régit pas les rapports entre les hommes, dans un environnement où les droits individuels ne sont pas reconnus, où le geste de droit est l’apanage de livres, d’écrits qui datent d’au moins six siècles avant les années dans les quelles nous vivons actuellement.
Nous sommes contre cela, nous sommes dans l’optique de la déconstruction idéologique et religieuse.
Nous sommes un mouvement d’idées et une organisation qui veut appeler à la fois à une renaissance, un siècle de lumière et à une révolution démocratique et du travail.
Comme la Mauritanie, certaine pays du monde arabo-musulman et d’Afrique stagnent car l’éthique de la manière de voir le droit de l’être humain continue à être tributaire de sa naissance, de sa couleur, de sa foi.
Nous représentons une insurrection morale contre les pratiques, contre les pensées et les dogmes qui continuent  à diriger les mentalités.
Nous nous élevons contre les pratiques politiques des Etats, de tous les Etats qui font de la duplicité : qui ont un droit international auquel ils adhérent et qu'ils ratifient avec empressement et sans mauvaises foi apparente tout en continuant à perpétuer l’application de codes traditionnels ou « religieux » qui sont en total contradiction avec le droit international.
IRA est aussi une organisation de droits de l’homme. On a vu la loi de 2007 criminalisant l’esclavage, on a vu même l’Agence pour lutter contre les séquelles de l’esclavage, on a aussi un cota de 20% pour les femmes lors d’élections municipales et parlementaires;  tous cela constitue les grandes décisions avec lesquelles l’Etat mauritanien fait beaucoup d’agitations et c’est la seul réplique que l’Etat mauritanien et les Etats partenaires de la Mauritanie et des institutions partenaires de la Mauritanie comme l’UE, la France et l’Espagne nous servent comme arguments.
Ce que argue l’Etat Mauritanien qui continue à jouer la carte et la ligne du déni actif de l’esclavage mais aussi les partenaires de la Mauritanie qui vont dire voila ils ont promulgué une loi.
Ce droit concerne les esclaves de façon collective. C’est une bonne chose, comme les lois et décisions sur les femmes  qui concernent collectivement les femmes mais aucune femme en particulier n’est protégée contre le machisme de la famille en Mauritanie et ce malgré ces lois.
Les femmes dans leur gémissement, dans leur douleur, le déni de l’égalité, le déni de la majorité que leur fait subir le code négrier, machiste et immoral que nous avions incinéré symboliquement le 27 Aout 2012.
Ces lois qu’ils ratifient et promulguent avec fanfaronnades,  quelle est leur intervention dans la désolation individuelle de chaque femme mauritanienne ? Où sont les décisions  des tribunaux qui rendent justice à une seule femme violée, maltraitée où discriminée ?
Ces lois et conventions que la Mauritanie et ses partenaires citent beaucoup de fois sur l’esclavage, quelle est la seule décision qui a porté secours à une seule personne victime d’esclavage ?
Dans tous les tribunaux mauritaniens aucune décision n’a corrigé le tort fait à une femme et à un esclave et vous, Messieurs et Dames, savez que l’application de la loi est individuelle mais se qu’on nous cite ce sont des choses qui sont là mais qui ne partent pas à l’essentiel et sans influence sur l’individu ou la personne victime. Donc je voudrais que ceux qui soutiennent où qui tolèrent ce qui continue à être pratiqué en Mauritanie,  dans leurs arguments, de nous apporter des preuves matérielles d’une véritable volonté de l’Etat mauritanien en dehors de toutes ses ratifications et déductions de lois qu’on peut égrener mais dont on ne voit pas les effets.
Je voudrais dire qu'Ira-Mauritanie, en tant que ONG, mouvement d’idées  a pu faire un effet déstabilisateur sur la société mauritanienne, des groupes dominants de l’Etat mauritanien qui a fondé sa gouvernance, qui s’appuie et continue à s’adonner à une gouvernance esclavagiste, a été durement éprouvé au cours de ces dernière années grâce à la détermination de l’organisation IRA et des choix des angles d’attaque par lesquels nous avons pu atteindre le système dans ses régions les plus sensibles.
L’incinération symbolique des livres négriers a pu mettre à nu la complicité que l’élite mauritanienne avec les érudits, Uléma car l’Etat mauritanien est une "République de Marabouts" qui sont réfractaires à toute idée de tolérance, au principe de la contradiction qui refusent la transition de la Mauritanie vers une société, un Etat, un environnement où ce qui lie et qui gère les relations entre les hommes est le droit.
Nous avons constaté, avec l’incinération des livres, que les vrais leaders d’opinion ce n’est pas la classe politique ni les administratifs, ni la bourgeoise. Ceux qui dirigent la Mauritanie à travers les différentes corporations  de l’Etat ce sont les Marabouts (Erudits, ndlr).
L’incinération symbolique des livres négriers qui représentent l’unique version qui interprète le Coran en Mauritanie et les gestes du Prophète en Mauritanie, des livres qui sont inscrits dans la Constitution comme principale source de loi, qui sont à la base de la formation des magistrats, des officiers de la police judiciaire, des administrateurs civils et du commandement, des érudits.
Ces livres négriers, anciens, qui partagent et divisent les Musulmans en deux catégories : les libres et les esclaves, qui disent que la femme est génétiquement programmée pour mentir plus que l’homme et qu'elle n’a pas le droit  de diriger dans la société.
Toute la classe bourgeoise qui dirige le pays ou s’exprime dans la politique a crié au sacrilège, à l’apostasie et ils ont demandé la peine la plus lourd (la peine de mort), ce qui prouve qu’en réalité ce sont les Marabouts qui dirigent.
Ils ont fait du zèle pour satisfaire les Marabouts. Nous sommes alors contre les Marabouts et notre lutte est contre les Marabouts car ce sont eux qui sont à l’avant-garde de la lutte pour maintenir l’esclavage et l’intolérance. Ce sont eux les commandants en chef.
Ira-Mauritanie doit continuer sont action de sape visant à mettre fin au dictats des Livres sur les mentalités des Mauritaniens, mais aussi les idées d’IRA doivent être exprimées dans tous les domaines, c’est pourquoi le parti RAG est une version politique d’IRA. Le "rag" en langue maure est le terrain qui est au centre du village où se retrouvent tous les esclaves à la fin de la journée  après leurs corvées quotidiennes pour se raconter beaucoup de chose, se mesurer physiquement, lutter etc…Il joue un grand rôle dans la vie de l’esclave parce que c’est dans le RAG que les esclaves goûtent  à un moment de liberté, tard dans la journée quand tous le monde dort.
IRA est aussi dans la nécessité de mettre en branle un mouvement syndical, parce que dans notre société le travail manuel et dégradant est le lot des esclaves et ça continue à l'être. Donc les classes ouvrières sont le lot des Hratine. IRA considère que la fin de l’esclavage et l’émancipation des Hratines est la seul bataille structurante en Mauritanie.
L’aile syndicale d’IRA qui a fait ses preuves en encadrant par IRA-Mauritanie le mouvement des dockers à Nouakchott, par exemple, a entamé sa naissance.
Nous considérons aussi que nous devons prendre en tenaille les institutions esclavagistes à travers une ONG active sur le plan nationale et international, une ONG pas comme les autres ONG classiques qui sont un rassemblement d’élite qui ont comme forme de lutte la dénonciation par voie de presse.
Nous avons décidé que cette ONG fera s'approprier la population le combat contre l’esclavage, d’où la nécessité de créer un mouvement de droit civique avec tous ce que cela peut contenir  à la manière que M.L.King et ses amis: marches, manifestations et mouvement de masse.
IRA-Mauritanie est une organisation de masse qui permet aux populations elles-mêmes de faire cette lutte, de se sacrifier et je pense que nous sommes un mouvement qui a dans ses objectifs de créer un courant universaliste et moderniste au sein du monde arabo-musulman et africain.
Parce que nous considérons qu’avant la traite atlantique il y’avait la traite arabe et orientale et avant la traite arabe et orientale il y avait la traite africaine.
Donc les élites africaines et arabo-musulmanes, par une solidarité confessionnelle et tiers-mondiste, ont passé sous silence la traite interne en  Afrique et la traite arabo-musulmane pour se focaliser sur la traite transatlantique d’où la réplique qu’ont pu avoir ces élites en Afrique et  dans le monde arabe  pour continuer cette forme d’esclavage. Etant donné qu'actuellement en Mauritanie il y a des formes d’obscurantisme qui s’expriment avec beaucoup de violence , nous considérons que ceux qui détiennent le pouvoir  en Mauritanie s’appuient sur des groupes qui sont les vrais détenteurs du pouvoir, le groupe des Marabouts.


Intervention, lors du débat, de Maître Norbert Trucaud, avocat de Conseil Représentatif des Associations Noires de France (CRAN)
Il serait bon qu'il y ait une coordination entre les différentes ONG pour qu'effectivement on dépêche des observateurs internationaux dans ces procédures.  Par exemple j'étais observateur lors de procès au Maroc devant le tribunal militaire de Rabat contre les militants sahraouis. Donc la présence d'observateurs internationaux permet de réduire, je ne dis pas annuler, mais seulement de réduire la partialité des juridictions. Donc il est de notre intérêt de coopérer, l'union fait la force. Il serait bon de regrouper nos activités et d'organiser justement des veilles juridiques et humanitaires pour que dans tous les cas où on peut dénoncer l'esclavage en Mauritanie il y ait des observateurs internationaux. C'est la première des suggestions que je voudrais faire. Je pense qu'il n'y a pas que le CRAN qui s'associerait à ce type d'activité. Et je pense qu'il serait bon, et là l'IRA pourrait jouer un rôle important,  de créer un véritable observatoire des droits humains en Mauritanie pour recenser toutes les atteintes et il serait bon, je remercie mon frère, Maître Diop, d'avoir évoqué ce cas, rien que photographier et faire des vidéos et mettre sur internet des cimetières différents pour les esclaves et pour les maîtres, ça devrait être diffuseé partout. C'est une honte pour la Mauritanie. Tous les cas d'esclavage domestique, le moindre mineur mis en esclavage, on doit pouvoir l'identifier, le témoigner pour le premier jet. On doit pouvoir faire un recensement, un inventaire des cas d'esclavage. Là aussi agir en conséquence. Je ne veux pas être long. Pour lutter contre ce crime contre l'humanité qu'est l'esclavage, je rappelle qu'en France il a fallu attendre le 10 mai 2001 pour que soit adoptée la première loi Taubira qui a reconnu la traite négrière et l'esclavage comme des crimes contre l'humanité. Les crimes contre l'humanité sont des crimes imprescriptibles. Donc c'est à nous, concernant l'esclavage, qu'il soit moderne ou plus ancien de dénoncer ces crimes contre l'humanité et de nous organiser en conséquence. Donc deux suggestions: organisons-nous pour des observateurs aux procédures judiciaires en Mauritanie et mettons en place un observatoire des droits humains en Mauritanie et invitons toute la communauté internationale et les associations et ONG de la société civile à y participer. Merci.


Les débats dans la salle

Les débats avec la salle ont duré une heure trente minutes et furent riches et courtois. De nombreux thèmes y ont été abordés dont, notamment:
- la non-application de la loi criminalisant l'esclavage;
- la nécessité d'une libération économique des  esclaves
- la mise en garde contre les effet dangereux et pervers de l'opération de recensement (enrôlement) en cours. Les esclaves et anciens esclaves risquent de s'en trouver exclus, un peu plus. On a parlé dans la salle de "génocide biométrique". Cette question concernerait l'ensemble de la communauté noire de Mauritanie. Le représentant de l'Ambassade de Mauritanie à Paris, présent dans la salle, a été interpelé à ce sujet mais aussi au sujet de l'exigence, faite par l'Ambassade, de la production d'une carte de séjour (document étranger) pour la délivrance de documents nationaux.
- La question de l'esclavage au sein des autres ethnies mauritaniennes (autres que les Maures) a aussi été largement débattue.



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