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lundi 6 mai 2013

Qui succèdera au général Mohamed Ould Abdel Aziz? Suite et fin.


Dans la partie précédente nous avons parlé des présidents du rfd, de l'ufp et de l'app pouvant prétendre succéder au général-président AZIZ.La liste est loin d'être exhaustive en tenant compte de la kyrielle de partis politiques et leurs dirigeants sans oublier des personnalités indépendantes capables de se prêter au jeu de chandelle. Car il s'agit, ni plus ni moins que d'un jeu qui ne vaut pas la chandelle qu'est l'élection présidentielle. Car le « monarque républicain » contrairement à la durée de l'éclairage d'une bougie, lui a tout le temps qu'il faut pour "parfaire" ou défaire les sangles de « sa démocratie » à la mauritanienne.

Ni l'intangibilité en politique de BA Mamadou Alassane du Plej, ou de maitre Mahfoud Ould Bettah, ni même le nomadisme où le doute est permis, de Yahyé Ould Waghef du parti ADIL, de Kane Hamidoun Baba, encore moins la dextérité de « l'animal politique » Moustapha Ould Abeidrahmane, sans oublier l'opiniâtreté d'un Boidiel Ould Houmeid,ou encore l'efficacité du diplomate onusien Ahmedou Ould Abdallah ,la compétence de l'ex-patron de l'OMVS Ahmed Salem Ould Merzoug, pourquoi pas le combatif, richissime homme d'affaires Mohamed Ould Bouamatou et j'en passe ,ne pourront dévier de son lit le cours de l'Histoire qui se trame dans les labyrinthes très sinueux du palais ocre de Nouakchott. On peut même ajouter à cette armada politicienne le support empirique des « bibliothèques » qui, heureusement ne « brûlent » pas encore, en l'occurrence le président du RDU Ahmed Ould Sidi Baba,Sidi Ould Cheikh Abdallahi éphémère président dont l'attitude « parnassienne » nous « apprend à mourir » avant même de penser vivre.

C'est partant de ce kadeiscope d'une Mauritanie qui va mal et qui ira sans doute les jours suivants de charybde en scylla tant que l'exécutif n'aura pas changé de mains, que nous portons encore cette semaine notre dévolu sur trois compatriotes aux cursus différents pris singulièrement mais ayant des points communs ,car tous tribuns à bien des égards. Quand l'existentialiste humaniste Sartre dit qu’être une conscience c'est s'éclater vers l'avenir, qu'il nous soit alors permis, après les mammouths et les dinosaures de mettre en scène cette fois

des politiciens relativement jeunes et qui incarnent, chacun en ce qui le concerne une entité du fragile tissu social mauritanien.

Jemil Mansour de Tawassoul

Jemil Mansour est à la tête d'un parti d'obédience islamique légalisé depuis 2008.Ce parti s'est imposé comme acteur incontournable de par sa cote d'audience et le nombre de ses militants .Il semble que Jemil Mansour privilégie le changement par les urnes, plutôt qu'une révolution dont les conditions "ne sont pas réunies « sinon elle serait venue d'elle-même ». A l'instar du Sénégal où le mouvement du M23 avait été le " fer de lance"de l'opposition ,Tawassoul dispose aussi de Machaal comme appendice .Mais la comparaison s'arrête là car les sénégalais étaient décidés à ne pas se faire voler leurs victoires, aussi bien en 2002 qu'en 2012.Cependant qu'en Mauritanie les revendications ne survivent pas au-delà du lancer de deux grenades lacrymogènes ou la promesse de quelque poste juteux. Enfin l'avenir nous apprendra à connaitre l'attitude du parti Tawassoul à l'issue de la présidentielle 2014 qui sera qu'on veuille l'entendre ou non truquée, gagnée par AZIZ dès le premier tour. Un général d'Armée n'organise pas des élections pour ensuite les perdre; ce serait « déshonorant ». On se demande d'ailleurs pourquoi les islamistes mauritaniens sont à la traine par rapport à ceux d'Egypte, de Tunisie, du Maroc et dans une moindre mesure de Lybie et qui, par l'intermédiaire de leurs partis ont pris le pouvoir dans leurs pays respectifs. Certes la configuration sociale, la position géographique de la Mauritanie lui concède une lecture différente par rapport aux autres réalités maghrébines là où les dictatures étaient farouches, anachroniques et sanguinaires. Jemil Mansour a-t-il une autre stratégie que le « rahil » et qui a montré ses limites? Fera-t-il cavalier seul ou s'alignera-t-il derrière les recommandations de la cod?

Sarr Ibrahima de AJ/MR

Rescapé de la sinistre prison de Walata pour avoir publié avec d'autres compatriotes le manifeste du negro-mauritanien opprimé, Ibrahima Moktar Sarr est connu de tous les mauritaniens depuis la présidentielle de 2007 où il bénéficia d'un crédit national tout en s'imposant comme figure de proue au sein de sa communauté d'origine. En 2009, ce poète s'est trompé, d'ailleurs comme la majorité des mauritaniens en s'alignant derrière la "bannière étoilée » du Basep, à cause des slogans de gauche « proférés » par un général cependant ayant la bouche à droite. Le chant des sirènes qui augurait d'un règlement définitif du passif humanitaire lors de la médiatique prière de Kaédi en Mars 2009 et que Dieu n'a pas exaucée, s'est terminé en queue de poisson. Parce que c'était aussi la première fois qu'AZIZ accepte de se plier à un « exercice liturgique » dans une ville où il passa auparavant environ deux ans de sa vie d'officier. L'enrôlement discriminatoire où l'on suppose que derrière chaque Peul il y a un étranger, la frustration, l'injustice sont autant d'alibis qui attestent de la déception de notre journaliste-poète, ce à l'instar de la majorité écrasante des « gens du fleuve ». Et pourtant l'homme a des idées salvatrices et en intellectuel avisé SIM sait aussi écouter et pardonner. Mais la politique en Mauritanie est un exercice périlleux où même en « avilissant sa muse » on ne saurait aspirer à un résultat probant. Notre poète qui ne peut se vanter d'avoir été le « premier à faire descendre la poésie du mont Parnasse » saura-t-il créer le précèdent en devenant le premier président négro-africain de Mauritanie? En attendant l'arrivée du vaisseau sacré de Délos, passons au troisième aspirant avant, comme Socrate, qu'il ne soit contraint de boire la ciguë, accusé cette fois-ci de vouloir incinérer des ouvrages de « rite azizite »

Biram Ould Dah Ould Abeid

De Biram on ne doit pas avoir une vision manichéenne du genre : on l'aime ou on ne l'aime pas, sous peine de tomber dans l'escarcelle de la subjectivité. Or selon le credo pascalien « du moi haïssable », il serait indélicat de ne pas constater de manière objective la prouesse qu'a insufflée le président de l'IRA à la cause Haratine depuis seulement deux ou trois ans. Même si ses agissements sont souvent incommodes, contre-productifs à certains égards, Biram a fait bouger les lignes de démarcation quant à la lutte contre la fatalité de l'esclavage en milieu maure. Au début, ses slogans appelant à l'explosion communautaire avaient désolé mêmes ceux parmi les maures rétifs au discours progressiste .Car Biram doit savoir que depuis 1960, il y a un pouvoir central avec ses structures modernes (éducation, santé, justice) et qui doit rendre des comptes. Il est inutile de revenir sur l'historique de l'esclavage parce que tout le monde est responsable depuis les empires moyenâgeux où les roitelets africains échangeaient « leurs frères » contre la pacotille, en passant par les rezzou des moines-soldats arabes ou de simples aventuriers jusqu'à la pénétration coloniale. Aujourd'hui le diagnostic contre l'esclavage étant connu, c'est aux pouvoirs publics que revient l'injection des sédatifs capables de l'endiguer jusqu'à l'éradication totale. D'ailleurs la création du parti RAG, au-delà de son engagement à lutter contre l’esclavage, n’a-t-elle pas pour but la conquête du pouvoir? Louable initiative si elle ne devrait pas se perdre dans les dunes de sable car faire de la politique en Mauritanie c'est le plus souvent vouloir s'en sortir soi-même en laissant les autres sur le bord de la route. La grève des dockers du port autonome de Nouakchott nous a fait ressortir les failles de la solidarité des « hommes politiques » d'avec les travailleurs les plus démunis. L'ignorance manifeste de l'élite haratine à l'égard du lumpen prolétariat hartani ,hormis l'intervention remarquée du président de l'IRA, a permis à tous les esprits épris de justice de tirer des enseignements. Biram va-t-il cristalliser le capital de sympathie suite à la grève des dockers, ces « misérables » des temps modernes spoliés, humiliés dans une Mauritanie qui se targue d'être musulmane à cent pour cent? Wait and see comme disent les Anglo-saxons, car les élections s'approchent et nous saurons si les mauritaniens sont prêts à élire un Hartani à la tête de la magistrature suprême. D'ici là il faut, à tout prétendant à la magistrature suprême de Mauritanie de reproduire les douze travaux d'Hercule, en tenant compte qu'à chaque travail,il est couplé la statue imposante du monarque républicain, le général président Mohamed Ould Abdel Aziz. Alors 2014, sera-t-elle l'élection présidentielle de tous les dangers?

Capitaine ELY OULD KROMBELE

2 commentaires:

  1. Le capitaine Ely Ould Krombele continue d'être passionnant, et surtout civique. Il apprend à réfléchir non sur les idées ou sur les rumeurs, mais sur les faits dénotant des psychologies. En fait, chacune des personnalités briguant plus ou moins explicitement le pouvoir, y comprends celle qui cherche à s'y maintenir, représente un aspect du caractère mauritanien. Il faut le consensus, mais pour que le consensus résiste à l'épreuve des faits, il faut l'autorité morale. Ely Ould Krombelé a la pédagogie de nous laisser la décision.

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  2. Mais tout ce long écrit pour une chose aussi simple?
    le successeur de AZIZ est le mauritanien qui aura la confiance du peuple et à qui il accordera celle-ci par voie d'élèction et d'urne.

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