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dimanche 28 avril 2013

Qui succédera au général Mohamed Ould Abdel Aziz?

 
Il avait tous les atouts en main  pour réussir. Une Armée mise au pas dont la majorité (surtout les  officiers ne le connaissant pas),le craignait et le craint encore. Une classe politique dont la domesticité, hormis quelques rares incorruptibles,  à l'égard de l'exécutif, soit-il exécrable,  ne fait aucun doute .Une administration ou ce qui en reste, servile, prête à se mettre aux ordres du dernier grenadier voltigeur. Enfin un peuple humble, peu éduqué mais frugal. Un sous-sol riche, des potentialités halieutiques sans égales, une position géographique convoitée avec ses 800 km de cote, ouvrant sur l'océan atlantique, versant dans  la mer Méditerranée, berceau de plusieurs civilisations millénaires. Et le tout pour nourrir une population d'à peine  4 millions d'habitants. Ceci pour  ce qu'on appelle en jargon militaire « la préparation matérielle ». Notre démarche ou  MRG (méthode de raisonnement générale) pour aborder tout sujet militaire ne peut se réaliser sans préparation ....intellectuelle. Là où, le matériau aidant, il faut mobiliser, organiser toutes ses forces intellectuelles. C'est cette démarche intellectuelle  qui fait défaut au puzzle Azizien depuis le coup de force du 6 Aout 2008. Car c’est elle  qui, aux plans tactique et technique, érige  le degré de compétence  émanant  des différents Etats-majors, en faisant ressortir la stratégie à adopter des officiers initiateurs de concepts de défense, ou de marche à l'ennemi. Dans le cas spécifique de la Mauritanie, où les généraux veulent ajouter une corde à leur arc, en s'adonnant à la pratique politicienne, ce qui n'est point leur domaine de prédilection, la doctrine aura besoin sans doute de charge-relais pour mieux la propulser. Le concepteur de toute cette « stratégie », c'est le général AZIZ aux commandes depuis 2008. Même si notre général disposait du matériau dès sa prise du pouvoir, voire même du canevas, il lui manquera l'organe essentiel;  la « cause efficiente » ou motrice dont la délivrance nécessite une culture et une adéquation ad hoc. Car il ne suffit pas de se décréter général pour l'être ex nihilo, ni président pour en avoir l'étoffe académique. Le litige est là. En effet l'intelligence innée ou acquise du général- président est bien en deçà des  aspirations qu'il veut ou semble vouloir atteindre, malgré la témérité,  et l'impériosité que l'homme dégage. Aziz s'accrochera à son fauteuil, se défendra bec et ongles .Débonnaire, AZIZ ne lâchera rien. Advienne que pourra. Alors le rêve est-il permis? Si, la balle « amie » n'est -elle pas un signe prémonitoire qui stipule que   tout peut arriver en dehors d'une hypothétique alternance pacifique? Hormis un incident de parcours probable, genre coup d'Etat ou assassinat, qui pourrait succéder au général, afin d’inciter à  l'avènement d'une « troisième » république? Légitimement nous ne pourrons puiser notre éventuel protagoniste qu'à partir du lot  immuable et impassible dérivant de notre traditionnelle  opposition démocratique. Jetons les dés et commençons par le président du RFD.
 
   Ahmed Ould Daddah, opposant  historique.
 
  Demi-frère du fondateur de la 1ère république (1960-1978) Ahmed Ould Daddah demeure, qu’on le veuille ou non, le maillon fort du microcosme politique mauritanien. Chef de file de l’opposition, Ahmed occupe une place prépondérante sur l'échiquier politique Nouakchottois. L'homme qui a résisté aux sirènes rocambolesques de Maawiya, combattu l’« intrusion manifeste » de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, cependant  roulé dans la farine par Aziz, peut-il encore aspirer à la magistrature suprême de son pays?  Rien de politiquement correct ne peut se faire sans Ahmed Daddah .Sa posture rappelle celle de la Syrie d'avant-guerre dans le dispositif moyen-oriental face à Israël. Pas de paix au Moyen-Orient sans la Syrie, ni guerre Israélo-Arabe sans l'Egypte. Ceux qui le critiquent ne savent pas que si Ahmed « avait soif de pouvoir », il aurait mis la Mauritanie à feux et à sang depuis la 1ère présidentielle de 1992. Modéré, sage, musulman dans son comportement quotidien, mais baissant la garde à certains moments, Ahmed, malgré son âge avancé peut parfaire une réelle transition: mettre le pays sur les rails, moraliser la chose publique, injecter le pudique, la probité, la décence une seconde fois dans le cœur des mauritaniens. Cependant, il ne doit dépasser un seul mandat ou une transition de plus 3 ans. Car l'appétit venant en mangeant pour ceux qui ont longtemps « couru » derrière le pouvoir, il faut éviter pour la Mauritanie le syndrome « Wade » du Sénégal qui voulait changer la constitution afin de briguer un troisième mandat à l'âge de....86 ans. A noter aussi le cas d'Alpha Condé de Guinée dont le pays est dans l'impasse au plan politique. Enfin si Ahmed Ould Daddah pour des raisons quelconques ne serait pas en mesure d'honorer son pays, il y a au sein du RFD de jeunes politiciens capables de relever le defi: Yacoub Ould Moine, Ould Lematt, le président de la CUN, Ahmed Ould Hamzé sans oublier la « dame de fer » version Sibé, Nané Mint Cheikhné.
  Mohamed Ould Maouloud de l'UFP
 
   Personne ne peut nier la fidélité du président de l'UFP aux principes qui découlent d'ailleurs de la morale universelle. Si l’honnêteté, la stature académique en politique à elles seules  suffisaient  à se hisser au sommet Ould Maouloud aurait gagné le lot. On accuse justement l'UFP « laboratoire de cadres » d’être un parti .....d'intellectuels. Un excédent  qui manque à la ligne de crête de L'UPR. Au sein de L'UFP la  courroie de transmission entre la base et le sommet serait-elle défaillante? Pourquoi ce parti pourtant à cheval sur la morale et la probité en politique ne draine-t-il pas les foules, surtout laborieuses?
   L'UFP doit communier avec les dockers, les charretiers, les ouvriers, les chômeurs de longue date pour mieux parfaire son assise au plan social.
 
   Messaoud Ould Belkheir
 
 De part son aura, son attitude consensuelle, le président de l'APP était le politicien le plus en vue depuis l'avènement de la « démocratie » en 1991 jusqu'à l'élection présidentielle de 2009. L'un des fondateurs du mouvement abolitionniste « El Hor », l'homme jusque là incontournable a corrompu son auguste image par la proximité d'avec un régime qui tire sa « légitimité » de la baïonnette et du canon. Messaoud doit le savoir, lui qui a milité dès son jeune âge dans des structures de défense des droits de l'homme. Messaoud n'avait pas besoin de cette « pluie de l'expérience » Azizienne « qui jamais n'instruit ». N'était-il pas gouverneur de région au Gorgol, lorsque le sous-lieutenant Aziz, passait sous le belvédère du gouvernorat de Kaédi dans une caisse de land-rover ? Un peu de décence et de hauteur voire de dignité car la caractériologie du général-président consiste justement à humilier, à « doubler » tous ceux à qui le destin a  donné une courte avance sur lui, civils ou militaires. Messaoud doit comprendre qu'il n'est qu'un tremplin pour le pouvoir actuel qui fait semblant  par son entregent de vouloir le dialogue. Or AZIZ a déjà tout scellé. D'ici la fin de l'année 2013,il proposera même la primature à l'opposition, voire les ministères de souveraineté car Aziz maitrise le fichier électoral comme le précédent en 2009.A l'issue de l'élection présidentielle  de 2014 la pression de ses amis fera le reste  quant à  la proclamation des résultats avec la complicité manifeste du ministère de l'intérieur, de la « Ceni » et du conseil constitutionnel dont les membres ont moult raisons de valider le scrutin. L'opposition et la quasi-totalité du peuple mauritanien n'auront alors que leurs yeux pour pleurer .A moins que le déroulement du film ne prenne une autre tangente avec le soulèvement cette fois du peuple meurtri, la prise du palais ocre, la fuite du président par la voie des airs comme un certain Bozizé de Centrafrique. L'ingénuité du président que désormais le citoyen lambda connait sous son vrai jour, la déliquescence du tissu social mauritanien, la persistance de l'esclavage, du racisme,  le tout coiffé d'une conjoncture économique oppressante, sont autant d'éléments qui présagent de lendemains douloureux pour notre patrie.
   Capitaine Ely Ould Krombelé
      A suivre

1 commentaire:

  1. Cette analyse est prophétique, parce qu'elle est un bilan serein et du personnage au pouvoir et des différentes valeurs humaines et historiques restant, elles aussi, sur le devant de la scène. La conclusion s'impose. Les Mauritaniens ont toutes les cartes en main, si...

    la relève de générations n'est pas une gestion de l'immédiat mais une méditation nationale et consensuelle de cinquante ans d'expérience, celle d'une fondation, celle du désastre social et politique à l'initiative sans cesse renouvelée des régimes militaires... une méditation aboutissant à l'imagination d'une démocratie mauritanienne, d'un socialisme mauritanien, d'une morale mauritanienne. Faut-il le faire connaître, cette imagination c'est la mémoire actualisée de Moktar Ould Daddah.

    J'espère - incidemment - que le si talentueux Ely (Ould Krombelé) donnera aussi les portraits de Jemil Ould Mansour, d'Ahmed Ould Sidi Baba et du président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. Mais déjà merci à lui. C'est un homme libre, et donc il pense juste (il écrit bien, aussi)

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