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lundi 28 janvier 2013

LES HRATINES : LE BESOIN DE S’EMANCIPER MENTALEMENT ET INTELLECTUELLEMENT


Dieu (Qu’il soit exalté) a dit, « En vérité, Allah ne modifie point l'état d'un peuple, tant que les [individus qui le composent] ne modifient pas ce que est en eux-mêmes.» (Sourate 13 Ar-raad (le tonnerre) verset 11). En effet, cela s'applique fort bien à la situation actuelle des Hratines (actuels et anciens esclaves qui sont victime de l’esclavage arabo-berbère) en Mauritanie. Il convient de rappeler qu’il ne s’agit pas ici d’un appel à une révolution armée ou un changement violent, comme certains penseront peut-être, car je suis profondément convaincu que la violence ne mène qu’à la violence et par conséquent, à la destruction de notre cher pays, que dieu le protège. Ameen !

Cependant, il s’agit plutôt d’un’ appel de prise de conscience que je lance à tous les Harratines, car le changement vers une amélioration de leur situation, ne peut avoir lieu sans eux-mêmes. A mon avis, il est grand temps que chaque Hrtani et Hrtania prenne son courage à deux mains, pour pouvoir se regarder dans la glace, et se dire que l’amélioration de sa situation sociale actuelle passe indéniablement par lui ou elle-même et non par quelqu’un d’autre. Et pour parvenir à cette fin, chaque Hrtani et Hrtania doit prendre le temps de réfléchir sur son identité ethnique plus précisément sur ladite arabité des Hratines en Mauritanie. Etant donné que la libération et le changement de la situation actuelle des Hratines passent d’abord par l’affirmation de soi et l’unité.

Personnellement, je crois que ce qui bloque aujourd’hui la lutte d’émancipation des Hratines c’est l’attachement inutile aux Bidhanes, la non affirmation de soi, et le manque d’un sentiment d’unité.
Les Hratines doivent s’émanciper mentalement, s’affirmer intellectuellement, et s’imposer politiquement, afin qu’ils puissent exprimer davantage leur Hratanité, prendre contrôle de leur destin, trouver leur propre place dans la société Mauritanienne, et non se limiter à être de simples membres passifs de la communauté Bidhane.

Ceci dit, il est nécessaire et primordiale à ce que tous les Hratines : imams, intellectuels, professeurs, étudiants, petits vendeurs, gens de petits métiers, toutes catégories confondues prennent conscience de cette réalité et rejettent catégoriquement ladite arabité ou berbérité des Hratines. Vu que la thèse de l’arabité des Hratines est historiquement, génétiquement, socialement, et pratiquement insoutenable. Il s’agit tout simplement d’une arme à double tranchant visant à maintenir les Hratines dans un état d’esclavage mental et fatale et permettant aux Maurs d’être la majorité, afin de pouvoir gouverner la Mauritanie au nom de cette majorité.

Et il est vraiment regrettable de constater de nos jours que certains intellectuels Hratines s’enferment dans cette logique absurde et irrationnelle en s’identifiant en tant qu’arabes noirs en Mauritanie. Certes, les Hratines, j’ai l’avoue, partagent beaucoup de choses avec les Maurs à savoir la langue, la tenue vestimentaire, et les habitudes alimentaires etc... Toutefois, les Hratines se caractérisent et se distinguent par la couleur de leur peau, leur musique, et surtout leur souffrance et spécificité historiques. Ces facteurs ne permettent pas seulement de se distinguer des Bidhanes, mais aussi et surtout d’être reconnu et traité comme une ethnie appart, comme toutes les autres ethnies de la Mauritanie. Une ethnie qui est capable de réclamer ses droits et défendre ses intérêts communs dans la sérénité et la paix.
Il est urgent que tous les Hratines soient solidaires pour pouvoir faire face ensemble aux nombreux défis auxquels ils sont confrontés, à savoir le racisme, l’injustice, la pauvreté, et l’exclusion systématique pour n'en nommer que quelques-uns.

Il va sans dire que la communauté Hratine représente la grande frange de la population Mauritanienne, mais ironiquement la plus marginalisée, plus défavorisée, et plus touchée par la pauvreté. Bref, c’est une majorité visible qui jouit d’un statut d’une minorité invisible.

Aujourd’hui, tous les masques sont tombés et beaucoup des anciens et actuels esclaves en sont conscients et ne croient plus ni à la notion de supériorité raciale imaginaire de leurs anciens maîtres ni à leurs forces numériques et maraboutiques. En revanche, si nous voulons vraiment nous libérer. Nous devons avant tout nous libérer de notre peur et complexe d’infériorité vis-à-vis les Maurs, s’approprier de notre identité Hratine, et réécrire à nouveau notre histoire, car « l'histoire du lion ne sera jamais entendue tant que le chasseur racontera l'histoire de chasse » (“The lion’s story will never be told as long as the hunter is telling the story.)

Par conséquent, la situation actuelle poussera les Haratines à travailler ensemble et à comprendre que leur destin est commun et que la lutte pour leur émancipation passe d’abord par l’unité, l’éducation, et l’affirmation de soi en tant que membre de la communauté Hratine, laquelle qui est fière de ses origines africaines et sa culture arabo-berbère, mais aussi refuse désormais d’être reléguée au second rang de la société. A bon entendeur salut !

Khaled Ould Mohamed Ould Esseissah

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