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mercredi 19 décembre 2012

L’armée et nous: A quand le fin du joug militaire?



Par Bâ Sileye
Par Bâ Sileye

Entendons-nous bien, nous les mauritaniens : Notre pays va mal. Nous traversons une situation qu’André Malraux avait bien décrit dans son livre les Conquérants : « L’anarchie c’est quand le Gouvernement est faible, ce n’est pas quand il y a pas de Gouvernement. D’abord, il y a toujours un Gouvernement ; quand ça ne va pas, il y en a plusieurs, voilà tout ». Avec l’affaire du faux « tir ami » provoquant l’évacuation de Mohamed Ould Abdel Aziz à Paris au courant d’Octobre et Novembre, le régime de Nouakchott a bien montré ses failles. Tous les citoyens ont découvert que c’est au palais ocre que les ministres se réunissent tandis que les décisions se prennent dans les casernes, et souvent même, au tour d’un thé entre hauts gradés. Aziz, un président civil, c’est un trompe-l’œil. le pays est dirigé aux allures soldatesques. Risible Etat.
Au lendemain de la célébration de l’anniversaire de la fête nationale, lors de sa rencontre avec quelques journalistes, le chef de l’Etat  disait que : « les militaires doivent être laissés là où ils sont ». Justement, leur place est réconfortante pour le Rais : L’Etat c’est l’armée et l’armée c’est l’Etat. « Ils ne sont plus des ambassadeurs et des directeurs généraux » nous ajoutait-il.

 Mais ils sont tous à Nouakchott entrain de vendre les richesses du pays au moment où la faim envahit les ménages des plus pauvres.  Et à acheter les consciences des citoyens après avoir échoué de les honorer dignement. Leur seul souci consiste à s’assurer de la sécurité de leurs intérêts individuels : leurs stations services, leurs boulangeries, leurs hôtels, leurs domaines privées et leurs sociétés.  Lorsque les leaders des droits de l’Homme et acteurs politiques appellent à manifester pour le respect des droits des citoyens, ils envoient des escadrons pour tancer le petit peuple. Ceux qu’y laissent  leur vie, ils ne tarderont pas ensuite de dépêcher des hommes « achetés » les familles des victimes. L’argent des galons paie tout même  le sang des innocents. Et comme plus que jamais, tout le monde le sait, bon nombre des hauts officiers ont gagné leurs éperons après avoir versé le sang noir. Tuer l’officier noir pour devenir automatiquement promu à un grade supérieur a fait l’école dans les casernes militaires mauritaniennes. 

Cependant qu’on arrête de mentir au peuple : les discours des officiers sur l’unité nationale et le patriotisme dans la Vallée du fleuve, les plateaux de la TVM et  sur les ondes sont une insulte aux principes d’un état de droit et à la mémoire des martyrs noirs. Du haut de leur perchoir ou dans leurs bureaux climatisés jusqu’à dans leurs tombes,  l’histoire suivra les tortionnaires.

L’armée doit être patriote pour mériter le respect des citoyens. Lorsque le ministre de la défense Ahmeddou Ould Idey Ould Mohamed Radh affirme à l’Hémicycle que la presse privée viole les principes de déontologie et ment sur l’armée, il oublie que ses chefs méprisent le peuple. Car dans l’épisode du tir contre Aziz, au lieu de fournir des informations, les médias publics ont servi à la population une piètre propagande sur l’armée après que le chef suprême fut atteint. Avant mêmes les interrogations des journalistes sur le crash de l’avion militaire,  le bon sens  nous oblige de penser que si l’armée est dans l’incapacité de protéger le chef, le peuple est devenu subitement un laissé pour compte. Force est alors de constater que l’anarchie n’est pas celle de la rue mais  elle provient des agissements de nos dirigeants.
   
Les citoyens que l’on accuse à torts et à travers de  manque   de civisme et de patriotisme n’ont rien fait pour mériter ce pitoyable sort. On  leur a imposés cet état d’esprit pour mieux les tenir sous le joug militaire.  Et ceux qui s’opposent à cette forme de dictature, on envoie des inconnus pour les agresser. 

C’est au sommet de l’Etat que gît le mal. Et cela depuis que les militaires se sont emparés des rennes du pouvoir en destituant Mocktar Ould Daddah en 1978 le père-fondateur d’une Mauritanie civile.  Ainsi ils ont mis fin au projet de la construction d’Etat digne de ce nom. Ils ont favorisé à l’ancrage des mentalités rétrogrades en érigeant  le tribalisme, le régionalisme et  la corruption aux priorités nationales.

La Mauritanie a autant souffert sous le règne des militaires : La guerre du Sahara dans laquelle le pays a enregistré la mort des grands officiers et aussi des exactions sommaires. L’emprisonnement des intellectuels et l’exil forcé des centaines de  noirs.  Le génocide de 1989, l’expropriation des terres et des bétails   et les extraditions massives des milliers de familles de la vallée, le viol des femmes…Voilà le bilan des militaires qui nous gouvernent. Ils nous dirigent encore et continuent à nier ces faits. Mohamed Ould Abdel Aziz est un militaire. Celui a qui a mis un terme par un putsch le 06 Août 2008 le règne de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, le premier président démocratiquement élu de toute l’histoire de la Mauritanie. A quand la fin du joug militaire en Mauritanie ? A quand l’avènement d’une véritable démocratie et la libération du peuple de l’ignorance ?

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