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jeudi 13 décembre 2012

Face à TPMN, l’ambassade du Qatar fait un pas en avant, deux pas en arrière

L’ambassadeur de l’émirat du Qatar à Nouakchott avait  décidé, ce jeudi 13 décembre, de recevoir le docteur Alassane Dia - coordinateur de TPMN, porteur d’une lettre réclamant le rapatriement d’Ould Taya à qui est reproché des crimes odieux et qui vit en exil au Qatar - avant de faire volte-face.
En réaction, monsieur Dia - qui était à la tête d’un sit-in devant la représentation diplomatique du Qatar à Nouakchott, a lancé un appel à l’ensemble des Mauritaniens de l’étranger à suivre l’exemple de TPMN, à se mobiliser  devant les ambassades de l’émirat qatari  partout dans le monde pour  réclamer le rapatriement de l’homme qui gouverna la Mauritanie d’une main de fer 21 ans  durant et dont le règne fut marqué par des crimes et exactions odieux commis à l’encontre d’une frange importante de citoyens mauritaniens.  Monsieur  Dia à l’image de militants avec qui il a tenu sit-in a dénoncé ce qu’il a qualifié de complicité de l’émirat du Qatar avec l’ex-président mauritanien.  Rappelons qu’Ould Taya vit - depuis sa chute intervenue en 2005 - en exil au Qatar qui s’est  s’accommodé de sa présence.

Lettre de TPMN
A son altesse Cheikh Hamid Al Thani, Emir du Qatar
Objet : Demande d’arrestation et de traduction en justice du dictateur Ould Taya
Votre altesse,
Le mouvement Touche pas à ma nationalité qui se bat pour l’émergence d’une Mauritanie une et plurielle débarrassée des démons du racisme et de l’esclavage et qui rétablirait le citoyen noir dans sa dignité saisit l’occasion de la célébration du 64 anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’homme pour vous demander de réparer une injustice dont le votre pourrait être complice bien malgré lui. Le Qatar qui aspire aujourd’hui  à jouer un rôle de premier plan dans l’espace géopolitique mondial et en particulier dans le devenir du monde arabe comme en témoignent vos positions courageuses dans ce qu’il est convenu d’appeler les printemps arabes, accueille sur son territoire le plus grand criminel que la Mauritanie ait jamais connu en la personne de son ancien président, Moâwiya Ould Sid’Ahmed Taya
Cet homme, qui a régné sans partage sur la Mauritanie pendant plus de vingt ans, a sur les mains le sang de milliers de mauritaniens dont le seul tort était d’être noirs et non arabes. Sous son règne en effet, a eu lieu une opération d’épuration de la Mauritanie de sa composante négro-africaine qui s’est traduite dans les faits par l’assassinat de plus de cinq cents militaires entre 1990 et 1991 dans les camps mouroirs d’Inal, Jreida, Azlatt et autres. Dans le même temps 355 citoyens noirs civils, cette fois, sont massacrés dans la vallée du fleuve qui tient lieu de frontière avec le Sénégal et 476 villages peuplés de noirs sont détruits et leurs habitants déportés vers le Sénégal et le Mali. Ils seront au total plus de 120.000 noirs de Mauritanie à être déportés dans ces deux pays voisins.
Ces faits, dont la gravité n’a jamais été égalée dans l’histoire de la Mauritanie et dont le paroxysme a été atteint dans la nuit du 27 au 28 novembre 1990, avec la pendaison de 29 militaires noirs à Inal pour célébrer le trentième anniversaire de l’indépendance nationale, relèvent des crimes de génocide et des crimes contre l’humanité par leur caractère systématique et généralisé (toutes les catégories socioprofessionnelles : civils et militaires, formel et informel, etc.) et par leur orientation ethnico-raciale (seuls les négro-mauritaniens sont touchés)qui démontrent, si besoin est, que l’épuration ethnique était planifiée et savamment orchestrée au plus haut niveau de l’Etat mauritanien.
Il est impensable en effet qu’une opération d’une telle ampleur puisse se faire sans la bénédiction des plus hautes autorités du pays ; d’autant plus que la Mauritanie vivait alors sous la férule d’une dictature militaire qu’incarnait le colonel Ould Taya.
Le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz qui règne sur la Mauritanie aujourd’hui ne demandera jamais l’extradition d’Ould Taya pour des raisons objectives : le système raciste et esclavagiste qui régissait le pays reste entier et la meilleure preuve en est que l’exclusion des noirs mauritaniens devient chaque jour plus prononcée pendant que les exécutants des crimes cités ici trustent, en guise de récompense, les  plus hautes responsabilités de l’Etat.
Pour toutes ces raisons, nous vous demandons de procéder à l’arrestation de ce criminel et, à défaut de pouvoir le juger, de le livrer à des instances judiciaires à même de prononcer la justice dans de tels cas (le tribunal pénal international où la justice belge qui a enregistré une plainte contre Ould Taya, jugée recevable).
Pour la grandeur du Qatar,  pour l’ambition que vous avez pour votre pays, pour les valeurs et principes de notre sainte religion, pour la dignité humaine et pour bien d’autres raisons encore, il est de votre devoir de faire en sorte que justice soit rendue.
Nouakchott le 13 décembre 2012
La coordination
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