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dimanche 2 décembre 2012

Et le premier retour d’Ould Abdel Aziz fut un évènement si important qu’il a été relayé....

De retour et Dieu merci saint et sauf, après qu’il ait subi un traitement de choc pendant quarante jours dans l’un des meilleurs hôpitaux parisiens, Ould Abdel Aziz est revenu à son troupeau. Mais sitôt revenu le voilà reparti pour Paris et cette fois aussi par la même cause  Et tout cela aux frais de Madame la Marquise. Une Marquise déguenillée, pauvrement vêtue, qui suit inexorablement son chemin vers sa dernière demeure : l’agonie dans le désert absolu, puis la mort certaine.   Et le premier retour d’Ould Abdel Aziz fut un évènement si important qu’il a été relayé, et de façon lapidaire, comme si la nouvelle avait une portée universelle, par RFI (Radio France International) dans son édition du 24 novembre 2012 !
 Une balle « perdue » aurait blessé l’homme alors qu’il se serait lui-même « perdu », sur un chemin sinueux, dans le vaste désert autour de Nouakchott. Il rentrait chez-lui, dans son palais ocre, de retour, dit-on, d’un long weekend passé dans son ranch inchirien où des mets exquis et des boissons fraiches enivrantes, à base de lait fermenté de chamelle inchiriene (qui donne le plus pur de tous les laits de chamelles) et autres boissons (interdites) sont servis aux convives du prince, loin de l’atmosphère poussiéreuse de Nouakchott, notre vaillante « capitale » grouillante de misères véritables,  balayée sans cesse par le chergui vorace.
Tir de barrage ? Tir par erreur ? Tir avec ou sans sommation ? Chacun a son avis. Selon ses propres intérêts.  En tous les cas, m’est avis qu’il s’agit, pour le moins, d’un tir précis, ajusté, réglé que tout laisse penser qu’il était prévu et qui avait bel et bien atteint sa cible, sans pour autant, fort heureusement, lui faire son sort ! Et de l’avis même des médecins de Paris, il ne s’agissait pas d’un tir à blanc !
Mohamed Ould Abdel Aziz est arrivé au pouvoir par un coup de force après avoir servi un dictateur-tyran, en qualité de majordome, pendant de longues années. Principal homme de main durant toutes ces années, des décennies d’un régime dictatorial qui fut particulièrement néfaste pour la Mauritanie, Ould Abdel Aziz ne pouvait faire figure, au mieux, que d’ersatz, c’est-à-dire de « substitut » encore plus malfaisant que son mentor, le despote-criminel Ould Yaya.
Les tragédies des Ben Ali, Kadhafi, Moubarak et celle en cours d’Al Assad, dont on ne connait que trop l’issue, nous rappellent que le pouvoir, surtout lorsqu’il a été le butin d’une spoliation, par la force, des peuples ne peut être une sinécure, une planque paisible et éternelle pour une famille, pour un clan ou une tribu.
Ould Abdel Aziz, quant à lui, peut se réjouir d’avoir affaire à un peuple écrasé par des décennies de gabegie et de pouvoirs militaires despotiques qui se sont succédés en une débauche de coups d’État dont les méfaits s’affichent et s’étalent à tous les niveaux de la société mauritanienne. Et ceux qui forment « l’opposition » à Ould Abdel Aziz font preuve d’un attentisme démoralisant qui démontre bien leur rôle vain. 
Pour se donner du courage, pour continuer son œuvre destructrice, Ould Abdel Aziz dit haut et fort que le régime qui était en place en Libye n’était pas pire que ce qui s’y passe aujourd’hui.  Et Ould Abdel Aziz a raison et même très raison. Mais il oublie que le chaos qui frappe la Lybie aujourd’hui est le résultat d’un despotisme bien plus éclairé que le sien dont une majorité du peuple libyen ne voulait plus. Cependant, il est vrai qu’il est très injuste que le très généreux mais sulfureux Kadhafi eut payé de sa tête alors que d’autres dirigeants qui ne sont rien moins que des chefs de taïfas, sans honneur aucun ni dignité, continuent à imposer, en toute impunité,  leur tyrannie sanglante à leur peuple.   « Les excès de la tyrannie ne mènent qu’à la tyrannie ; celle-ci en nous dégradant nous rend incapables d’indépendance », selon Chateaubriand !
Le même Ould Abdel Aziz, en convalescence,  s’est invité au palais de la présidence française pour rappeler à son hôte, que lui,  Ould Abdel Aziz,  est le seul rempart contre les bandes terroristes qui opèrent dans le Sahel tels des chacals et qui ont réussi à dépecer, sous nos yeux, le Mali voisin de la Mauritanie.   Monsieur Ould Abdel Aziz ceux qui ont pu attaquer le Mali n’ont pas besoin d’envahir la Mauritanie car ils ont pu démontrer plus d’une fois que c’est un terrain qui leur est acquis et qu’ils pouvaient y opérer en toute quiétude. Et demain ce sera sans doute pour eux un terrain de replis si jamais ils quittaient le Mali, de gré ou de force.     
Monsieur Ould Abdel Aziz le Mali est plus qu’un pays frère pour la Mauritanie. Et les liens de fraternité entre les populations voisines de ces deux pays sont millénaires et ont été, depuis toujours, bien plus constants que ceux que la Mauritanie nouent avec l’Algérie, le Maroc et le Sahara Occidental. Et ce ne sont pas seulement des liens entre frontaliers. Ce sont aussi des liens de sang. Ce sont des liens d’une histoire commune  Les mêmes marabouts, les mêmes chefs religieux sont vénérés de part et d’autre. Les pâturages étaient partagés, depuis bien avant la colonisation et sans heurts. Pendant des siècles, les marchandises venaient dans Sud-est mauritanien de Nioro, de Kayes, de Toumbouctou, de Ségou. Brefs se sont des échangent qui sont plus anciens que les naissances des deux nations malienne et mauritanienne. Donc qui attaque le Mali, attaque aussi la Mauritanie. Un point c’est tout.   Mais votre mépris évident de tous ceux qui se trouvent au sud-est de Nouakchott vous a conduit à dire que le Mali est un pays lointain et donc tout ce qui touche à son intégrité ne peut concerner la Mauritanie. Monsieur Ould Abdel Azi, il est établi que de jeunes mauritaniens et sahraouis, ignorants de leur histoire, des aventuriers désœuvrés, exaltés par une idée de jihad complètement révolue et surtout par la haine du Noir que véhiculent des esprits malfaisants ont pris part à l’invasion du Nord Mali. N’est-ce pas là l’une des raisons principales qui font que vous avez dit qu’aucun soldat mauritanien n’ira mourir pour le Mali ? Monsieur Ould Abdel Aziz vous avez raison et même très raison. La guerre est une chose affreuse.  Mais aujourd’hui il ne s’agit pas seulement du Mali, il s’agit aussi et surtout de la Mauritanie. Les leaders des assaillants qui occupent le Nord Mali sont essentiellement des Mauritaniens, des Algériens et des Sahraouis. Il est donc, ne serait-ce que sur cet aspect fondamental de la question du Nord Mali, difficile pour la Mauritanie d’observer une stricte neutralité dans ce conflit qui se déroule à ses fondrières. Et c’est le Mali qui est agressé. Donc ne pas être avec le Mali dans cette épreuve c’est être résolument du côté des groupes armées. Mais les Maliens s’en souviendront…
72 ans après l’indépendance de la Mauritanie, de nombreux problèmes se posent à nous de façon tragique : L’unité nationale sans laquelle aucun avenir commun ne peut être envisagé est bien mise à mal ;  le spectre d’une guerre civile plane sur le pays ; les plus pauvres d’entre nous ne savent plus à quel saint se vouer. Certes les rues de Nouakchott ont été retapées et de nouvelles voies ont été ouvertes. Mais tout cela pour le petit confort du prince. Le peuple quant à lui se meurt et son réveil est devenu des plus improbables. Telle est notre situation.  
Deyloule : 02/12/12

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