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lundi 14 mai 2012

Note d’alerte:RACISME, ESCLAVAGE ET TENTATION TALIBANE EN MAURITANIE




I.       De quoi s’agit-il ? 

Le 28 avril 2012, Birame Dah Abedi, Président de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (Ira), une association non reconnue, participait, en compagnie de quelques militants, à une prière collective du Vendredi, usage devenu fréquent, au titre de la défiance envers les lieux de culte officiels où le sujet l’esclavage reste taboue. Au terme des deux prosternations rituelles, Birame procède, devant des sympathisants et quelques journalistes avertis, à l’incinération, de quelques livres de droit musulman où l’exploitation de l’homme  alimente des considérations détaillées sur les droits du serviteur et les devoirs du maître. Avant de les brûler, sur une place publique de l’arrondissement de Riadh, quartier populaire à la périphérie de Nouakchott la capitale, le leader de l’Ira prend soin, pour ne pas heurter la sensibilité des fidèles, d’arracher toutes les pages comportant des passages du Coran ou des mentions des noms d’Allah et de son Prophète, Mohamed (Psl).
II.    Les acteurs
Les services de sécurité, quoiqu’avertis par des éléments infiltrés dans l’Ira, ne réagissent pas jusqu’au lendemain, laissant, à la presse le temps de préparer l’opinion à l’énormité de l’acte.
24 heures après, le Président de l’Ira est arrêté à son domicile, sans mandat par les unités de police, venues en surnombre et qui ont jeté des grenades lacrymogènes dans sa maison où étaient présents  des dizaines de militants et de parents  dont certains se défendent au corps-à-corps. Dans son répertoire téléphonique, la police récupère la liste des correspondants et identifie les derniers appels et procède à des interpellations :
1-Biram Dah ABEID : Président de IRA
2-Issa Ould Ali: Coordinateur à Nouakchott
3-Yacoub Diarra: Chef du comité de paix pour la sécurité  de Biram Dah Abeid
4-Abidine Ould Maatala: Membre du bureau exécutif, Secrétaire Général du comité de paix
5-Ahmed Hamdy Ould Hamarvall: Membre du bureau exécutif, trésorier de IRA
6-Elid Ould Mbarek : Sympathisant de IRA
7-Bilal Ould Samba : Président du parti reconnu, l’Union des Forces Sociales de Mauritanie (UFSM)., sympathisant de IRA
8-Leid Ould Lemlih: Imam de IRA, handicapé moteur
9- Abdallahi Abou Diop : Photographe, réalisateur, sympathisant de IRA, libéré depuis.
10 – Oubeid Ould Imigiene : Journaliste, administrateur du portail d’information  www.initi.net, Porte-parole de IRA
11-Boumédiane Ould Batta: Sympathisant de IRA – Mauritanie
12- Zeidane Ould Mouloud: Représentant de IRA à Mederdra, prévenu de ne pas quitter le département ; la veille, de Dakar, il appelait Birame, par téléphone.
13- Cheibani Ould Bilal: Parent de Ould Samba (no 7), membre de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH), libéré après un jour de détention.
Jusqu’aujourd’hui, aucun ne reçoit de visite, de la famille ou des avocats. Suite à une audience par le Procureur de la République, les prisonniers sont remis, le 2 mai, à la Direction de la Sureté de l’Etat (DSE), la police politique, où siègent, impunément, des dizaines de tortionnaires, depuis le milieu des années 1980.
Le 2 mai 2012, finalement, Birame et ses amis, dans l’attente  de leur inculpation, se voient signifier, des chefs d’accusations d’atteinte à la sécurité de l’état, une accusation dépourvue, ici, de pertinence. Avant de parvenir à une qualification plus spécifique, le magistrat instructeur et le Ministère public, manifestement embarrassés par le vide juridique, hésitent et attendent les instructions du Président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz, devenu le recours et le destinataire des doléances outrées de la Umma; en effet, il  préside un Conseil du gouvernement, le lendemain; le communiqué promet la sévérité de la sanction aux auteurs de « l’acte ignoble » ; la sujétion de la justice à l’Exécutif semble consommée, en l’occurrence.
III.  La diversion
Le soir même et dès le lendemain, déferlent, dans les rues de plusieurs villes et villages du pays, des foules hystériques qui hurlent au blasphème et réclament le meurtre de Birame et de ses compagnons.  La télévision  publique d’Etat (TVM), diffuse et rediffuse, en "boucle" les images des ouvrages brûlés, suivis de reportages exaltés sur  l’"ampleur de la colère des masses". Des appels à la haine et au meurtre fleurissent sur l’écran, repris, dans une surenchère d’indignation, par des chaines satellitaires arabes, un contexte qui réveille le souvenir des émeutes racistes de 1989. En quelques heures, créditant alors l’hypothèse d’un piège tendu à Birame, le gouvernement retourne l’opinion, alors que l’Opposition s’apprêtait à organiser, le 4 mai, une marche d’envergure pour réclamer la démission de Mohamed Ould Abdel Aziz.
En 48 heures, les autorités opèrent une privatisation, en règle, de l’Islam, réduisant le Message révolutionnaire du  Prophète Mohamed (Psl) à un repli sur soi, d’essence liberticide et particulariste, à l’antithèse du magnifique sermon d’adieu, dit El Widaa".
Quant il reçoit les délégations des marche7rs venus le conjurer "…d’infliger un châtiment exemplaire aux militants de l’Ira…", le Président de la République dément l’existence de l’esclavage en Mauritanie, s’improvise garant de la religion, exclut toute évolution vers la laïcité et - engagement inédit de sa part - promet l’application de la Chariaa, dans le pays. Du jour au lendemain, comme prémédités, éclosent des sections d’une initiative dénommée « Tous avec Aziz », sous l’égide de l’Union pour République (Upr), le parti au pouvoir. Pire, les autorités envoient des cars, devant les mosquées, pour transporter les manifestants ; de chaque imam, il est exigé de faire l’annonce aux ouailles, avant la dispersion : «  des véhicules vous attendent,  dehors, si vous accepter de vous joindre à la marche vers la Présidence de la république, contre l’acte ignoble », etc.
Face à ses adversaires islamistes très actifs ces dernières semaines, le Président de la République s’installe dans la posture de l’Ayatollah défenseur de l’Islam contre l’impiété libertaire de Birame et de ses camardes. D’ailleurs, depuis la diffusion, par CNN, d’un documentaire en date du 18 mars 2012 sur la persistance de l’esclavage en Mauritanie, la thèse officieuse s’évertue, activement, à insinuer que Birame et ses amis servent, désormais, "le complot judéo-chrétien". Les maîtres, honteux et discrets depuis la chute de la dictature de Ould Taya, se décomplexent soudain, cessent de s’exprimer en sourdine et s’exposent sur la place publique ; ils tiennent, enfin, leur revanche.
Suivant le réflexe à l’œuvre dès le moindre conflit dans le monde musulman, certains évoquent le financement de l’Ira par Israël. En dépit d’une Fatwa courageuse qui le lave de l’accusation de péché mortel, Birame devient "l’apostat", "l’infidèle"," le pourfendeur de la Foi, à éradiquer, physiquement". Tous les Ultras et applaudisseurs de  tous bords abondent dans le sens de la coercition.
Réunis, dimanche 29 avril, autour du Ministre des affaires étrangères et de la coopération, les ambassadeurs des pays Arabes s’empressent de condamner « ce crime » et déclarent leur solidarité (sic) avec la Mauritanie, selon les termes de leur Doyen, le marocain Abderrahmane Ben Omar; les autres diplomates prennent acte de la campagne d’interpellations ; ceux des démocraties occidentales, disent « prendre acte » et se gardent bien de rappeler les principes élémentaires du droit à la liberté de l’expression
IV. Le fond du problème
Le thème de l’esclavage, récurrent dans des ouvrages de jurisconsultes - souvent vieux de quelques siècles - appartient à un passé aujourd’hui révolu au sein de la communauté islamique, à l’exception de la Mauritanie et d’autres groupes de peuplement au Sahara-Sahel ; ici, le phénomène n’a été aboli qu’en 1981 ;  il aura fallu plus de deux décennies de lutte avant qu’une loi ne le pénalise, explicitement, en 2007 ; malgré l’avancée critique sur le chemin de l’émancipation, le texte demeure inappliqué et les plus hautes autorités de l’Etat, à commencer par le Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz, ont adopté, sur les survivances de cette domination ethno-sociale, le discours du déni et la pratique de l’impunité. Le geste téméraire de Birame Dah Abeid intervient, ainsi, dans le contexte de banalisation du crime d’esclavage, malgré la multiplication des cas de plainte en justice, presque toutes classées sans suite ou sabotées en cours d’instruction. Aujourd’hui c’est Biram pour l’esclavage, demain ce sera une Fatimata ou une  M’barka si l’une se risque à dénoncer l’infantilisation de la femme et la dynamique de sa soumission perpétuelle, suivant les prescriptions de  tel rite, de telle école obédience théologique.  
V.    La menace souterraine
Aujourd’hui, l’affaire Birame Dah Abeid, au-delà du scandale, révèle un processus de talibanisation rampante de la société mauritanienne, lui-même vecteur d’une fracture plus profonde : confrontée à la montée des contestations de son hégémonie, par les autres groupes socio-ethniques, la communauté maure subit, plus que le reste du peuplement, la pression ascendante d’un fondamentalisme de la rigueur morale, puritain sur les mœurs, misogyne, porteur d’une lecture littérale du Coran, arabiste de valeurs et d’horizon, sourd à la diversité culturelle du pays et exclusivement tourné vers le passé glorieux de la Umma. Au lieu de résister en lui objectant l’authenticité des cultures nationales et le modèle de religiosité Soufie - bien plus empreint de tolérance et de spiritualité - les segments les plus conscients des élites Bidhane versent dans le credo salafiste ; pire, la remise en question du projet de fondation de la cité de Dieu en Mauritanie, se traite, désormais, par les moyens de l’ostracisme, voire du chantage à la peine de mort. Bien évidemment, d’où son danger pour l’unité du pays, la dérive locale vers le Wahhabisme ignore les revendications de liberté et d’égalité des descendants d’esclaves et  renvoie, davantage, l’inatteignable aspirations des négro-africains à une citoyenneté pleine, après les tueries, la déportation et la spoliation de terres. Le salafisme mauritanien achève la mutation paroxystique du nationalisme maure. Une nébuleuse de réseaux caritatifs, irriguée du lointain orient, prépare le lit de la prochaine tyrannie, parmi les populations déshéritées.
 IV. Notre position
A. L’acte, maladroit et provocateur de Birame Dah Abeid procède, sur le fond, d’une ardente soif d’équité et de réparation; en cela, sa libération et celle de ses amis de captivité s’impose, d’urgence, à moins de leur garantir, dans les meilleurs délais, un procès selon les standards internationaux.
B. Sous peine de négliger l’insulte à la mémoire et au présent d’une majorité de mauritaniens, l’ensemble des publications religieuses qui comportent la référence à l’esclavage  requièrent, de la part des pouvoirs publics et des autorités religieuses, un véritable effort de recherche, attentif afin de distinguer l’obsolète du constant ; il convient d’entamer, vite, une campagne permanente d’exégèse, y compris dans les écoles ou Mahadhra où se dispense l’enseignement civique et moral. Aussi, en bibliothèque et librairie, une notice explicative, voire des ouvrages critiques qui exposent la généalogie du propos,  constitueraient, pour les générations de jeunes  mauritaniens, un antidote  à la discorde raciale.
C. Il est sujet constant de honte et brevet de faillite morale que tant de foules se mobilisent, spontanément, contre la mise à feu de livres de droit et fussent restées muettes, absentes, indifférentes aux nombreux cas d’esclavage et de racisme en Mauritanie, comme si la religion, dans leur entendement, devait protéger le fort et circonscrire l’opprimé.
D. Compte tenu de la globalité du risque, les organisations signataires de la présente notice appellent, les combattants de la démocratie et de la dignité de la personne, à l’intérieur du pays et ailleurs, à une vigilance quotidienne devant la tentative d’instauration d’un Etat théocratique  en Mauritanie et dans la zone saharo-sahélienne. Le péril est imminent et à proximité immédiate.
Nouakchott, le 11  mai 2012
Signataires
1.      Association des Femmes Chefs de Familles (AFCF)
2.      Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH
3.      Association Mauritanienne de Solidarité et de Soutien des Détenus (AMSSD)
4.      Association des Maghrébins  de France (AMF)
5.      Conscience et Résistance (CR)
6.      Comité de Solidarité avec les Victimes des Violations des Droits de l’Homme (CSVVDH)
7.      Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA)
8.      La Ligue Mauritaniennes des Droits de l’Homme (LMDH)
9.      La Ligue Algérienne de Défense des Droits de l’Homme (LADDH)
10.  La Ligue Marocaine de Défense des Droits de l’Homme (LMDDH)
11.  Observatoire Mauritanien des Droits de l’Homme (OMDH)
12.              SOS Esclaves  


 
عنصرية واسترقاق ونزعة طالبانية في موريتانيا
ورقة تنبيه وإنذار
1-   الوقائع:
في يوم 28 ابريل 2012، شارك بيرام الداه اعبيدي، رئيس المبادرة من أجل الحركة الانعتاقية (إيرا)، وهي منظمة غير معترف بها، رفقة بضعة من مناضلي الحركة في صلاة جمعة، في تصرف أصبح شائعا، تحديا لأماكن العبادة الرسمية التي يبقى الحديث فيها عن موضوع الاسترقاق محظورا. وبعد انتهاء ركعتي الصلاة، قام بيرام، أمام بعض المناصرين وبعض الصحفيين تم إخطارهم مسبقا، بحرق بضعة كتب في الفقه الإسلامي  تتضمن عروضا مفصلة عن استغلال الإنسان وحقوق الرقيق وواجبات السيد. وقبل قيامه بحرق الكتب المذكورة، في ساحة عمومية بمقاطعة الرياض، وهي إحدى الأحياء الشعبية النائية بانواكشوط العاصمة، حرص زعيم حركة (إيرا)، تجنبا لمصادمة مشاعر المؤمنين، على نزع كافة الصفحات التي تتضمن نصوصا من القرآن أو اسما من أسماء الله  أو ذكرا لرسوله محمد صلى الله عليه وسلم.
2-   الفاعلون:
لم تتحرك أجهزة الأمن حتى الغد على الرغم من إخبارها بالحادثة من طرف عناصر مخترقة لحركة إيرا، تاركة بذلك الوقت للصحافة لتحضير الرأي العام ببشاعة الفعلة وشناعتها.
    وبعد مرور 24 ساعة، تم اعتقال رئيس إيرا في منزله دون أمر قضائي، من طرف وحدات من الشرطة، جاءت في أعداد كبيرة، ملقية قنابل مسيلة للدموع في المنزل، حيث كان يوجد عشرات من المناضلين وأقارب المعني، قام بعضهم بالدفاع عن أنفسهم في مواجهات التحام جسدية (مع فرقة الشرطة). وبالاعتماد على سجل المكالمات بجهازه الهاتفي، قامت الشرطة باستخراج قائمة الأشخاص الذين يتصل بهم وحددت آخر مكالماته لتقوم باعتقال كل من:
1-   بيرام الداه اعبيد: رئيس إيرا
2-   عيسى ولد علي: منسق الحركة في انواكشوط
3-   يعقوب جارا: رئيس لجنة السلام لأمن بيرام الداه أعبيد
4-   عابدين ولد معطل: عضو المكتب التنفيذي، الأمين العام للجنة السلام
5-   أحمد حمدي ولد همر فال: عضو المكتب التنفيذي، أمين خزينة إيرا
6-   العيد ولد أمبارك: متعاطف مع إيرا
7-   بلال ولد صمب: رئيس الحزب المعترف به اتحاد القوى الاشتراكية في موريتانيا (UFSMمتعاطف مع إيرا
8-   العيد ولد الميلح: إمام إيرا، معاق حركيا
9-   عبد الله آبو جوب: مصور ومخرج، متعاطف مع إيرا تم إطلاق سراحه لاحقا
10-                     عبيد ولد إيمجن : صحفي، مدير المنتدى الإعلامي www.initi.net، المتحدث باسم إيرا
11-                     بومدين ولد اباته: متعاطف مع إيرا-موريتانيا
12-                     زيدان ولد مولود: ممثل إيرا في المذرذره، الذي أخطر بعدم مغادرة المقاطعة، ولكنه كان قد اتصل ببيرام هاتفيا من داكار، عشية الحادثة.
13-                     الشيباني ولد بلال: وهو قريب ولد صمب (رقم 7) عضو اللجنة الوطنية لحقوق الإنسان، وقد تم الإفراج عنه بعد يوم من الاعتقال.
وإلى غاية هذا اليوم، فإن أيا من هؤلاء لا يتلقى أي زيارة من أسرته أو من محاميه، وبعد مثولهم أمام وكيل الجمهورية، تمت إعادة هؤلاء المساجين يوم 2 مايو إلى إدارة أمن الدولة، وهي الشرطة السياسية، حيث يوجد عشرات من الجلادين، في حصانة كاملة ضد العقاب، منذ أواسط الثمانينات من القرن الماضي.
وأخيرا أبلغ بيرام وأصدقاؤه، وهم في انتظار توجيه الاتهام رسميا إليهم، باتهامهم بالمساس بأمن الدولة، وهو اتهام عار من أي أساس أو صحة. وقبل الوصول إلى تكييف أكثر دقة، فإن قاضي التحقيق والمدعي العام، المرتبكين بسبب الفراغ القانوني في المسألة، مترددان وينتظران أوامر رئيس الجمهورية محمد ولد عبد العزيز، الذي أصبح ملاذ ومرجع المطالبات القصوى المقدمة باسم الأمة. وفعلا ترأس هذا الأخير مجلس الحكومة في اليوم الموالي ليصدر بيان يوعد بإنزال اشد العقوبات بمرتكبي "الفعلة البشعة". وبذلك فإن إخضاع القضاء للسلطة التنفيذية قد أصبح أمرا مفروغا منه وكاملا، كما يبدو.
3-   الإلهاء:
في مساء الليلة نفسها ومنذ صبيحة اليوم الموالي، انطلقت، في شوارع مدن وقرى كثيرة في البلاد، حشود هستيرية تصيح منددة بالتجديف والكفر ومطالبة بقتل بيرام ورفاقه. وأخذ التلفزيون الرسمي للدولة يبث، في سلسلة مكررة، صور الكتب والمؤلفات المحروقة، مشفوعة بتقارير حماسية حول "مدى وحجم غضب الجماهير". وانهالت دعوات إلى الكراهية وإلى القتل على شاشة التلفاز، تناقلتها في حملة مزايدة على الكراهية، فضائيات عربية، وهو ما شكل سياقا يعيد إلى الأذهان أعمال الشغب العنصرية التي حصلت سنة 1989. وهكذا وخلال بضع ساعات، وفيما يصدق نظرية الفخ المنصوب لبيرام، استطاعت الحكومة تحويل وجهة الرأي الوطني، في لحظة كانت المعارضة فيها تستعد لتنظم يوم 4 مايو مسيرة حاشدة للمطالبة بتنحي محمد ولد عبد العزيز.
        وخلال 48 ساعة، قامت السلطات، كعادتها بعملية خوصصة للإسلام، محاولة اختزال الرسالة الثورية التي جاء بها الرسول محمد صلى الله عليه وسلم في انكفاء على الذات ومضمون قاتل للحرية وفئوي هو في حقيقته نقيض كامل لرسالة خطبة الوداع العظيمة.
        وعند استقباله لوفود المسيرات التي جاءت تناشده "..إنزال عقاب رادع بمناضلي إيرا.."، نفى رئيس الجمهورية وجود الرق في موريتانيا، وانطلق في حديث مرتجل بوصفه حامي حمى الدين، مستبعدا أي تطور نحو العلمانية وواعدا- في تعهد غير مسبوق من قبله- بتطبيق الشريعة في البلاد.  وبين عشية وضحاها، وكما لو كان الأمر مبيتا ومدبرا، خرجت وانطلقت فروع وأقسام من مبادرة تدعى "كلنا عزيز"، تحت إشراف حزب الاتحاد من أجل الجمهورية، الحزب الحاكم. والأدهى من ذلك هو أن السلطات أخذت ترسل باصات إلى محيط المساجد لتنقل المتظاهرين؛ وطلب من كل إمام أن يعلن في المصلين قبل تفرقهم: "هناك سيارات تنتظر في الخارج إن كنتم تريدون الالتحاق بالمسيرة المتوجهة إلى رئاسة الجمهورية للتنديد بالفعلة الشنيعة"، الخ.
        إن رئيس الجمهورية، في سعي إلى مواجهة خصومه الإسلاميين الذين أصبحوا شديدي الحيوية والنشاط في الأسابيع الأخيرة، ينصب نفسه في مقام آية الله المدافع عن الإسلام ضد الكفر والفسوق الذي قام به بيرام ورفاقه. من جهة أخرى، ومنذ أن بثت قناة CNN فيلما وثائقيا بتاريخ 18 مارس 2012 عن استمرار الاسترقاق في موريتانيا، أخذ الطرح شبه الرسمي يعمل جاهدا إلى الإيحاء بأن بيرام وأصدقاءه أصبحوا يعملون لصالح "المؤامرة اليهودية-المسيحية". وأما الأسياد، الذين كان قد لفهم العار وتواروا عن الأنظار نسبيا منذ سقوط دكتاتورية ولد الطايع، فقد كشفوا عن وجوههم فجأة وتخلصوا من العقدة وصعدوا إلى الساحة العامة:  لقد أخذوا أخيرا بثأرهم.
        وكما يحدث في العالم الإسلامي عند حصول أبسط نزاع، تداعى البعض إلى الحديث عن تمويل إيرا من طرف إسرائيل. وعلى الرغم من صدور فتوى شجاعة تبرئه من تهمة الكفر، فقد أصبح بيرام "مرتدا" و"كافرا" و"طاعنا في الدين" تجب تصفيته جسديا". وجاء جميع المتشددين والغلاة والمصفقين ليشاركوا في هذا المنحى.
        وفي يوم الأحد 29 إبريل سارع سفراء الدول العربية، المجتمعين مع وزير الشؤون الخارجية والتعاون، إلى التنديد بهذه الجريمة وأعربوا عن تضامنهم مع موريتانيا، حسب تعبير عميدهم، السفير المغربي عبد الرحمن بن عمر؛ أما الدبلوماسيون الآخرون فقد أخذوا علما بحملة الاعتقالات؛ في حين قال سفراء الديمقراطيات الغربية إنهم أخذوا علما بالأمر مع تحفظهم عن التذكير بالمبادئ الأساسية الضامنة للحق في حرية التعبير.
        4- أصل وجوهر المشكلة
إن موضوع الرق، الذي يتردد في مؤلفات فقهية يعود تاريخها غالبا إلى عدة قرون، أصبح اليوم ينتمي إلى ماض ولى عهده في المجتمع الإسلامي، باستثناء موريتانيا وبعض مجموعات سكان الصحراء والساحل؛ وفي موريتانيا، لم يتم إلغاء هذه الظاهرة إلا سنة 1981؛ وقد تطلب الأمر عقدين من الزمن من النضال قبل أن يصدر قانون سنة 2007، يجرم ويعاقب صراحة هذه الممارسة وعلى الرغم مما يمثله من تقدم نظري على طريق الانعتاق، فما يزال هذا النص دون تطبيق، وقد اعتمدت السلطات العليا في الدولة، ابتداء من رئيس الجمهورية محمد ولد عبد العزيز، بخصوص بقايا ظاهرة القهر الإثني والاجتماعي هذه، خطابا يقوم على إنكارها وممارسة اللاعقاب بالنسبة لمرتكبيها. وهكذا، فإن التصرف المتهور الذي قام به بيرام الداه أعبيد يأتي في سياق من تتفيه وابتذال جريمة الاسترقاق، على الرغم من تضاعف حالات التظلم والشكاية من الرق، لدى القضاء، وهي الحالات التي يتم تقريبا حفظها كلها دون متابعة أو إفشالها على مستوى التحقيق. إننا اليوم أمام حالة بيرام بسبب الاسترقاق، وغدا سنكون أمام حالة فاطمة أو أمباركه إذا جازفت أي منهما على فضح وكشف تبنيت المرأة وإخضاعها الأبدية، انطلاقا من أحكام مذهب ما، أو مدرسة فقهية ما.
5- الخطر الخفي
        إن قضية بيرام الداه أعبيد تكشف اليوم، فضلا عن طابع الفضيحة الذي يميزها، عن عملية طلبنة متسارعة للمجتمع الموريتاني، هذا المجتمع الذي يعيش صدعا عميقا: ذلك أن المجموعة البيظانية، وهي تواجه صعود الاحتجاجات ضد هيمنتها من طرف المجموعات الاجتماعية والإثنية الأخرى، تتعرض أكثر من غيرها من سكان البلد، لضغط متصاعد من الأصولية على مستوى الصرامة الأخلاقية، والتزمت على مستوى الآداب العامة وكراهية النساء، في قراءة حرفية للقرآن، و نزعة عروبية القيم والأفق، صماء عن التنوع الثقافي للبلد، وذات توجه حصري نحو الماضي المجيد للأمة. وبدلا من مقاومة هذا الواقع من خلال مواجهته بأصالة الثقافات الوطنية ونموذج التدين الصوفي- الأكثر تسامحا وروحانية- فإن القطاعات الأكثر وعيا في النخب البيظانية يغلب عليها المذهب السلفي، والأدهى من ذلك، فإن التشكيك في مشروع إقامة المدينة الدينية في موريتانيا، أصبح اليوم يعامل بواسطة وسائل الإقصاء، بل والتهديد بالقتل. وبطبيعة الحال فإن الانحراف والانجراف المحلي نحو الوهابية يتجاهل مطالب الأرقاء السابقين في الحرية والمساواة، وهو ما يشكل مصدر خطر على وحدة البلاد، كما أنه يؤجل من جديد آمال الزنوج وطموحهم بعيد المنال بعد في مواطنة كاملة، بعد عمليات القتل والترحيل واغتصاب الأرض التي كانوا قد تعرضوا لها. إن السلفية الموريتانية تشكل اكتمالا  للطفرة ذات المفارقات التي تميزت بها النزعة القومية البيظانية. وتأتي شبكة هائلة من الهيئات الخيرية، ممولة من بلدان المشرق البعيدة، لتحضر المهاد والأرضية للطغيان القادم، في أوساط السكان المحرومين.
        6- موقفنا
أ‌-       إن الفعلة الخرقاء والاستفزازية التي قام بها بيرام الداه أعبيد تنطلق، في جوهر الأمر، من تعطش شديد إلى الإنصاف وجبر الضرر؛ وبذلك، فإن الإفراج عنه وعن أصدقائه المعتقلين معه، أمر متعين بشكل عاجل، وإلا فيجب أن تضمن لهم، في أقرب الآجال، محاكمة وفق المعايير الدولية.
ب‌- من أجل عدم الاستخفاف بإهانة أغلبية من الموريتانيين، في ذاكرتهم التاريخية وحاضرهم معا، فإن مجموع المؤلفات الدينية التي تتضمن إشارة إلى الرق تستلزم من السلطات العمومية والسلطات الدينية، جهدا بحثيا حقيقيا، واعيا من أجل تمييز ما تجاوزه الزمن منها مما هو صالح ومناسب؛ ويجب أن يشرع، على جناح السرعة، في حملة دائمة للشرح والإيضاح، بما في ذلك داخل المدارس أو المحاظر التي يقدم فيها التعليم المدني والأخلاقي. كما أن وجود ملاحظات توضيحية، بل وربما مؤلفات نقدية، في المكتبات العمومية والتجارية، تبين التسلسل والنسق الزمني لمثل تلك الأقوال الفقهية، سيوفر للشباب الموريتاني حماية من الفرقة والشقاق العنصري.
جـ-   إن مما يثير الاستهجان ويعد دليلا على الإفلاس المعنوي أن تتعبأ حشود كبيرة، بشكل عفوي ضد حرق كتب فقهية، في حين تبقى تلك الحشود صامتة، وغائبة وغير مكترثة بحالات الاسترقاق والعنصرية العديدة، كما لو أن الدين، في تصورها، يحمي القوي ويعاقب الضعيف.
د- ونظرا للطابع الشامل للخطر، فإن المنظمات الموقعة على هذه الورقة تدعو المناضلين من أجل الديمقراطية وكرامة الإنسان، داخل البلاد وخارجها، إلى التحلي بيقظة يومية دائمة أمام محاولة إقامة دولة ثيوقراطية في موريتانيا وفي منطقة الصحراء والساحل. إن الخطر وشيك وموجود في أقرب الجوار.

انواكشوط بتاريخ 10 مايو 2012

الموقعون:
1.    جمعية النساء معيلات الأسر الجمعية الموريتانية لحقوق الإنسان
2.    الجمعية الموريتانية لحقوق الإنسان
3.    الجمعية الموريتانية لمؤازرة ودعم المساجين
4.    جمعية مغاربيي فرنسا
5.    ضمير ومقاومة
6.    لجنة التضامن مع ضحايا انتهاكات حقوق الإنسان
7.    المبادرة من أجل الحركة الانعتاقية (إيرا)
8.    الرابطة الموريتانية لحقوق الإنسان
9.    الرابطة الجزائرية للدفاع عن حقوق الإنسان
10.         الرابطة المغربية للدفاع عن حقوق الإنسان
11.         المرصد الموريتاني لحقوق الإنسان
12.         نجدة العبيد 

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