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mercredi 23 mai 2012

L’esclavage persiste en Mauritanie


Une esclave sous une tente près de Chegar, en Mauritanie.
Une esclave sous une tente près de Chegar, en Mauritanie. Getty Images

Par Ursula Soares
L’opposant Messaoud Ould Boulkheir et chef du Parlement mauritanien attire l’attention sur la pratique de l’esclavage qui perdure toujours en Mauritanie. Bien qu’elle soit interdite depuis 1981 et bien que l’Etat mauritanien ait adopté, en 2007, une loi qui criminalise l’esclavage, l’impunité reste de mise, selon ce militant anti-esclavagiste.

 Une femme esclave dans le désert près de Chegar, en Mauritanie.

Pour Messaoud Ould Boulkheir, qui s’est exprimé, ce lundi 21 mai, dans le cadre d’une activité de la Convention pour l’alternance démocratique (CAP) créée par trois partis d’opposition, le combat contre l’esclavage doit passer par une intervention énergique de l’Etat afin que celui-ci puisse faire appliquer la loi et traiter sérieusement et juridiquement tous les cas qui lui sont soumis. Il affirme par ailleurs que « l’esclavage existe bien en Mauritanie », et le nier « nuirait à son éradication », a-t-il affirmé.
Joint par RFI, Messaoud Ould Boulkheir estime également que la lutte contre ce phénomène doit être menée pacifiquement.
Messaoud Ould Boulkheir
Président de l’Assemblée nationale mauritanienne
Ce qui est attendu, c’est surtout une intervention énergique de l’Etat...
 
Plus
Écouter Messaoud Ould Boulkheir président de l’assemblée nationale :
 
22/05/2012 par Zéphyrin Kouadio
 
Il faudrait l’application de la loi dans toute sa rigueur

En Mauritanie, cela fait maintenant plusieurs décennies que de multiples organisations de défense des droits humains combattent l’esclavage dans le pays. Il y a d’abord le combat contre l’esclavage par ascendance : pratique ancestrale où on est esclave parce qu’on est fils d’esclave. Ce type d’esclavage dit traditionnel est pratiqué dans les campagnes et dans les villes. Il y a ensuite l’esclavage dit « moderne » : les maîtres hébergent et nourrissent leurs esclaves en échange d’un travail non rémunéré.

Joint par RFI, Bala Touré, secrétaire des relations extérieures de l'organisation Initiative du réseau abolitionniste (IRA) Mauritanie, a mis l’accent sur la maltraitance. Dans bien des cas, les victimes subissent de mauvais traitements, notamment les femmes esclaves qui « peuvent être violées dès l’âge de 12 ans ; lorsqu’elles ont des enfants avec le maître, celui-ci n’est pas tenu de les reconnaitre », a-t-il affirmé.

La loi de 2007, qui assimile l’esclavage à un crime, prévoit jusqu’à 10 ans de prison pour les auteurs mais elle peine à être appliquée. Pour que l’esclavage cesse, souligne Bala Touré, il y a aussi la nécessité d’accompagner les victimes et de créer les conditions pour qu’elles puissent subvenir à leurs besoins, se loger, travailler et être des citoyens à part entière.

Bala Touré
Secrétaire des relations extérieures de l'organisation Initiative du réseau abolitionniste (IRA) Mauritanie
L’esclavage, en Mauritanie, reste encore un esclavage traditionnel, c'est-à-dire par ascendance...

Actuellement, la seule liberté réelle dont disposent les esclaves est le droit de vote mais même celui-ci est biaisé. Le maître ou le chef de tribu - qui possède leurs pièces d’identité - décide pour eux et vote à leur place. L’esclavage revêt ainsi un caractère politique, comme le fait remarquer Bala Touré, surtout dans les grandes localités où les esclaves sont présents en grand nombre. C’est souvent le cas à l’intérieur du pays où esclavagistes et politiques peuvent se retrouver complices.

Mis à part le droit de vote, les esclaves manquent de tout. Ils sont les moins instruits, les plus pauvres, les plus isolés, les plus marginalisés et les plus discriminés, précise Messaoud Ould Boulkheir qui est aussi l’un des membres fondateurs du Mouvement pour la libération et l'émancipation des Haratines (descendants d’esclaves).

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