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mercredi 7 mars 2012

La chasse aux noirs par les « démocrates » libyens


Elle est belle la démocratie des libérateurs libyens ! Sarkozy en tête soutien une bande de nervis qui se conduisent exactement comme les Interhamwes au Rwanda quand ils avaient la bienveillance de Mitterrand et Balladur en 1994, lors de massacres eux aussi ayant eu lieu sous l’œil passif, si ce n’est complice de la France. Il fallait abattre le « tyran » qui était pourtant notre ami quand il nous livrait du pétrole. Mais le tyran n’a jamais commis de massacres ethniques à aussi grande échelle durant ses 42 ans de règne. Même si Kadhafi était fantasque, violent, imprévisible, et il faut le dire condamnable et criminel sur certains points, cela ne dédouane en rien les exactions des amis de BHL, ce cuistre infatué, ce pédant histrionique. Je vois les démocrates de salon se gargariser de mots épiques sur les plateaux de télévision dans les heures qui vont suivre.
Allez sur Googleet tapez « massacre de noirs en Libye » et vous trouverez plus d’une douzaine de vidéos, spécialement sur Youtube, montrant les atrocités commises par les combattants de la liberté du CNT. Certes un nombre indéterminé des exécutés est constitué de mercenaires noirs qui ont peut-être du sang sur les mains, d’autres sont des Libyens noirs qui étaient peut-être des combattants réguliers de l’armée libyenne, mais d’indéniables innocents ont été lynchés uniquement du fait de la couleur de leur peau. Les émigrés noirs civils, des travailleurs non qualifiés, dont un nombre non négligeable est chrétien et qui n’ont rien à voir avec le conflit, mais aussi des musulmans venant du Nigéria, du Ghana, du Burkina Faso et d’autres pays africains ont été molestés, dépouillés de leurs biens, des femmes ont été violées. Les prisonniers de guerre, surtout noirs ont été tabassés et humiliés sans que personne en Occident ne viennent parler de droits de l’homme et de convention de Genève. Pour Sarkozy et Obama, les droits de l’homme sont à géométrie variable.
Kadhafi n’était pas un saint, c’est le moins qu’on puisse dire, mais il a été évincé et assassiné non pour des raisons humanistes mais pour obtenir de meilleurs contrats pétroliers. En restant pragmatique, on peut se dire pourquoi pas, mais alors, il ne faut pas chanter les louanges de la nouvelle démocratie et occulter ces massacres de noirs sous prétexte que Kadhafi « était un monstre ». Les membres de la tribu de Kadhafi ne sont pas mieux traités d’ailleurs et se sont pourtant de « vrais » arabes. Cette guerre a été déclenchée d’abord par les tribus de l’est (la Cyrénaïque) par des gens qui ont toujours eu un antagonisme fort (il date d’avant la colonisation italienne) contre le clan Kadhafi et les habitants de Tripolitaine. Puis sont venus se greffer les bédouins du Sud-ouest quand l’Occident a commencé à armer les premiers rebelles. Là-dessus, les islamistes, dont certains leaders avaient été graciés par Kadhafi, ont fait les yeux doux aux occidentaux pour éliminer le despote et ont demandé de l’aide pour établir une « véritable démocratie ». Certes, Kadhafi avait recruté des mercenaires, le plus souvent noirs, il y avait aussi dans ses bataillons des Arabes à la peau sombre venus du Soudan, (on peut être et se ressentir arabe bien que très pigmenté, l’exemple du Darfour le confirme). Mais il avait dans ses troupes des Libyens noirs, nés dans le pays, (souvent plus pauvres et peu qualifiés, l’armée était pour eux un moyen de promotion sociale).
On ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs, dit le proverbe. Allez demander à ceux qui ont été passé à tabac et aux familles de ceux qui ont été lynchés si leurs proches avaient une gueule d’omelette ! Alain Juppé a déclaré hier, l’action de l’OTAN peut désormais prendre fin. Les rebelles pourront continuer à massacrer sans vergogne tous ceux qui ne leur feront pas allégeance ou qui auront une gueule de suspect à défaut d’atmosphère.
Maintenant que va devenir la Libye, un des pays au plus fort PNB en Afrique avant la guerre civile, pays où les avantages sociaux auraient fait pâmer d’aise des cégétistes français. Car si la misère existe au Caire et le sous-emploi à Tunis, ce n’était pas le cas en Libye. Il est encore trop tôt pour savoir si ce sont les tribus de l’Est ou les islamistes qui vont prendre le pouvoir à Tripoli. Les vrais islamistes sont tapis dans l’ombre, ils attendent leur tour. Probablement d’ailleurs, ils ne participent pas directement aux massacres de noirs, car pour un musulman, même fanatique, la communauté des croyants passe avant l’arabité, un noir qui prie cinq fois par jour, ne blasphème pas et ne boit pas d’alcool à plus de valeur à leurs yeux qu’un mécréant arabe à peau claire. Mais ils laissent faire, car plus il y aura de chaos, plus ils seront assurés de gagner des prochaines élections quand elles auront lieu. On se dirige vers un axe Tunis, Tripoli, le Caire, sous la bannière d’un autre vert que celui du drapeau de Kadhafi. Cet axe fera chanter l’Occident en menaçant de laisser les subsahariens candidats à l’émigration en Europe quitter leur côtes sans qu’ils s’y opposent, sauf si des contreparties financières ou politiques leurs sont octroyés. Kadhafi l’avait fait, mais il avait tenu parole. L’Europe du Sud sera alors perdante et les contrats pétroliers favorables à la France ne dureront qu’un temps, celui qu’il faudra aux Chinois, Malaisiens et Indiens pour prendre la place des occidentaux sur le marché.
Il ne fallait pas intervenir en Libye, un embargo suffisait pour se donner bonne conscience après le cafouillage sur la Tunisie. Il était probablement possible d’atteindre un compromis. Kadhafi est mort les armes à la main, alors qu’on le disait planqué au Niger, au Mali, en Algérie ou même au Venezuela. Il n’a pas fui comme le lapin Ben Ali. Il y a des morts qui sortent grandis par leur décès à en gros déclaré Villepin, cela risque d’être le cas.

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