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samedi 24 mars 2012

Interview: Abdoul Birane Wane Coordinateur du TPMN




altFLAMNET-    Camarade bonjour, comment est le moral maintenant après le décès de votre père dans un contexte particulier  que tout le monde sait à savoir votre arrestation et la répression généralisée contre des militants de votre mouvement ?
Je me porte bien  mais j'avoue que j'ai été très perturbé par la perte de mon  père,  homme qui représentait tout pour moi, être de droiture, qui m’a inculqué des valeurs  - mais Dieu en a décidé autrement.Tout est allé très vite : mon arrestation, qui a entrainé l'attaque cardiaque de mon père,  la répression contre les étudiants pour la plupart militants de Touche Pas à Ma Nationalité. Ce fut un passage difficile pour le mouvement. Mais la défense de nos droits civiques exige de nous un sursaut et une volonté inébranlables à continuer le combat, et au-dessus de tous ces drames, nous devons toujours puiser au fond de nous même les ressources nécessaires  pour affronter les  situations à tout moment. Notre détermination est intacte, au sortir de ces parenthèses douloureuses. 
FLAMNET-   Pouvez-vous revenir sur les circonstances de votre arrestation et quelles étaient les conditions de votre détention?
J'ai été arrêté le samedi 4 février à l’hôpital alors que j'allais visiter mon jeune frère malade. Puis conduit à la police judiciaire où j'ai été immédiatement isolé, la suite vous la connaissez : les tortures psychologiques, et une volonté des autorités policières à me faire avouer des supposés liens avec le mouvement des étudiants. On m’a traité comme un homme dangereux, A tout cela, il faut ajouter les incommodités de mon lieu de détention. La nuit les policiers passaient régulièrement pour vérifier ma présence, leur passages incessants dans le but de m’empêcher de dormir avaient pour objectif de briser mon moral.
FLAMNET-   Qu´est-ce qu´on vous reprochait réellement et qu´est-ce qui expliquait selon vous votre arrestation?
Le seul motif de mon arrestation  c'est  mon appartenance à  "Touche Pas à Ma Nationalité" un mouvement qui dérange, reste maintenant à savoir que les autorités n'avaient pas eu le courage de le signifier. Tout est devenu plus évident quand mon interrogatoire a commencé. Vers 19h00 j'ai été conduit dans le bureau du commissaire qui m’a interrogé sur mes liens avec Bakary Bathily, mon rôle éventuel  au sein du syndicat des étudiants. Il  a également indiqué que “mon mouvement est raciste parce qu'il est entièrement  composé de noirs”, là je lui ai répondu que “des mouvements Baathistes entièrement maures existent également”. On m'a présenté une liste  sur trois  pages  comportant   tous les appels entrants et sortants durant ces derniers jours et justement y figurait le numéro de Bakary Bathily et des sms que nous avons échangés. En réponse à cela j’ai déclaré que Bakary Bathily est un petit frère pour moi avec lequel j’entretiens des relations normales.
FLAMNET-  On vous accusait aussi de propager le "racisme et de profanation du drapeau national et de la préparation des destructions des biens"...
Oui je l'ai déjà dit, c'est le commissaire lui même qui l'a affirmé. Quant à la profanation  du drapeau national c'est tout simplement une accusation grossière, mensongère et  farfelue montée de toute pièces comme le dit l’adage quand on veut tuer son chien on l’accuse de rage. A l’évidence l’objectif était de trouver un prétexte pour décapiter notre mouvement, même le président de l’université pour des raisons personnelles a participé à cette diffamation. Il est évident que le régime qui s'est appuyé sur une justice aux ordres cherchait à nous diaboliser en prétendant l’existence d’un  plan  consistant à saccager les biens des citoyens. Cette accusation n’est pas surprenante puisque ce n’est pas la première fois, de plus on nous a même accusés d’enrôler pour nos marches des citoyens Sénégalais, maliens et Guinéens. Nous savons tous que ce pouvoir excelle par ses manipulations
FLAMNET- Le 25 mars a été décrété par le pouvoir comme journée de "réconciliation nationale" pensez-vous comme les sbires du système que les mauritaniens se sont réconciliés après la fameuse prière de Kaédi et qu´il n y a plus de problème pour les noirs et que comptez-vous faire à l´occasion ?
Parler de réconciliation nationale n’est qu’un leurre. En vérité comment peut-on parler de réconciliation alors que ce qui a provoqué la fracture entres les deux communautés ne cesse de prendre de l’ampleur au détriment des négros-mauritaniens que l’on veut assimiler et auxquels on refuse le droit de réagir. Le 24 Mars nous organisons un meeting et le 25 nous occuperons la rue pour faire comprendre que des criminels se promènent encore avec tous les honneurs. Ils doivent être jugés car ils sont coupables de genocide contre la communauté négro-mauritanienne. La prière de Kaëdi n'a aucun sens, des génocidaires sont partis prier avec des négres de service qui ont versé quelques larmes de crocodile.
FLAMNET- Avez-vous des nouvelles du camarade Bakary Bathily porté disparu depuis bientôt des mois?
Bakary Bathily se porte bien, il a tout notre soutien et que Dieu le protège.
FLAMNET- Où en-êtes-vous avec votre appel à  l´unité de toutes les forces patriotiques du pays ? Où en est-on encore dans vos relations avec nos amis et camarades de l´IRA ? certains parlent de vos relations tendues avec notre frère Birame et qui disait tout récemment dans une interview avec Essirage ne pas vous connaitre personnellement ?
Nous avons tendu une main et nous attendons. Nous voulons l'unité  de toutes les forces négro-Mauritaniennes pour un bloc fort capable de défendre nos intérêts communs et obliger les pouvoirs publics à la reconnaissance de  notre identité. Touche Pas à Ma Nationalité n’a aucun problème avec qui que ce soit, Notre objectif, l’écroulement du système d'apartheid, je ne me tromperai jamais de cible. Quoi qu'on dise, les négro-Mauritaniens sont marginalisés dans ce pays raciste et c'est à nous et à nous seuls de défendre nos droits, notre identité et notre dignité. Nous avons plus subi, nous sommes confrontés à de nombreux problèmes. Nos terres sont spoliées, nos langues dévalorisées, nous sommes marginalisés dans le partage du pouvoir et des richesses, nous sommes victimes d'un génocide et nos frères sont devenus des apatrides à causes du racisme d'ETAT et aujourd'hui, avec l’enrôlement l'état raciste montre clairement sa volonté de nous exclure. En ce qui concerne Birame,je précise que nous nous connaissons bien pour avoir été le Porte-parole du FLERE qu’il présidait en 2010.
FLAMNET-   le 14 mars  les FLAM  ont célébré leur 29 ème anniversaire de lutte contre le Système qu´avez-vous à dire aux militants et sympathisants de ce mouvement?
 Je leur rends hommage et je leur demande surtout de travailler à  l'unité des mouvements négro-Mauritaniens pour le triomphe de notre cause. Et qu’il faut donner la chance aux plus jeunes pour accorder au movement un nouveau souffle.
 FLAMNET- Votre dernier mot à nos lecteurs?
 Touche pas à ma nationalité entend poursuivre le combat pour la Justice et l'égalité en Mauritanie, et lançons un appel à tous les mauritaniens épris de paix et de justice pour la construction d’une nation égalitaire ou tous se reconnaissent citoyens à part entière.
FLAMNET-Merci camarade et la lute continue!
Propos recueillis par Kaaw Touré
Le 23 Mars 2012

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