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lundi 3 octobre 2011

La lutte n’est pas un folklore

Nous avons là une occasion inouïe où l’unité doit prévaloir sur toute autre considération. Mais les frustrations commencent déjà à se faire sentir. Hier à la manifestation du 02.10.2011, nous avons entendu plusieurs voix qui se sont exprimées en ce sens. Il ne faut pas que les causes qui ont toujours fait échouer les mouvements mauritaniens prennent le dessus cette fois-ci.
Sur ce recensement,  il y a un consensus, entre noirs et démocrates, qui se dégage. En plus, nous avons le soutien de nos frères Harratine, tout au moins certains d’entre eux. Il ne faut pas que les mauvais génies qui traversent l’action politique noire enterrent une des plus belles occasions que nous avons pour faire preuve de maturité. Il est absolument, pour cela, nécessaire d’éviter toute récupération. Ce mouvement est celui de tous, au-delà des appartenances idéologiques.
Notre espoir porte surtout sur les jeunes. Malheureusement, dans leur grande majorité, ils sont mal formés. Mais rien n’est jamais perdu. En tout cas,  le conseil que nous leur donnons est qu’ils n’entrent pas dans les manipulations qui ont toujours fait échouer nos actions. La vieille génération, dans sa majorité, est ancrée dans idéologie, un égotisme et un féodalisme ruinant.
Une lutte demande une grande intelligence, des stratégies. Elle est le contraire du voyeurisme, du moi-moi. On ne peut pas mener une lutte efficace sans un esprit de perspicacité. Il suffit de relire l’histoire pour comprendre comment les grandes causes ont gagné. Il faut donc s’éloigner de tout esprit de démonstration et de médiocrité.
Nous avons été frappés par l’esprit qui a prédominé, hier, lors de la manifestation de Paris. Il est temps que le sérieux reprenne le dessus. On pense souvent au nombre mais pas souvent à la qualité. Nous avons toujours défendu que la qualité était essentielle, même si le nombre est significatif. Mais un nombre sans qualité n’a aucune chance d’aboutir.
Il y a souvent, à travers les mouvements, des personnes qui ont envie d’exister qui, par leur verbe ou par leur félonie, arrivent à s’imposer mais le résultat, on l’a vu : il n’y pas grand chose qui a été réalisé par eux. Leur spécialité est la récupération des frustrations sans savoir-faire des autres.
Nous savons aussi qu’il y a des personnes vertueuses et réfléchies, dépitées qui, dans l’ombre, font un excellent travail. Arrêtons donc le folklore et mettons la réflexion et la rigueur au centre de nos actions pour faire avancer les choses.
Ce ne sont pas les manifestations de Paris, de Washington ou autres qui vont changer les choses. Sans nier leur importance, elles ne peuvent venir qu’en renfort à une action intérieure. La Diaspora a un rôle fondamental à jouer mais, elle ne peut que venir en appui à un mouvement intérieur. Aussi, si la Diaspora veut apporter quelque chose, elle doit sortir de ses clivages, de ses mensonges des uns sur les autres, de sa lâcheté, de son féodalisme.
A Paris, les Mauritaniens noirs sont souvent plus féodaux que les gens de l’intérieur. Il ne faut pas se tromper, le fait de séjourner dans les pays démocratiques ou la possession d’un diplôme ne fait pas du Mauritanien un démocrate.
D’un point de vue sociologique, cela s’explique. Le Mauritanien est issu d’une société féodale. Face à une société dans laquelle, on n’a pas sa place, on tente souvent de se raccrocher à des anciennes valeurs dépassées pour se sentir exister. D’autre part, les diplômés profitent de leur statut pour berner une société ignorante.
En tout cas, rien ne doit compter en dehors de la cause défendue. Les personnes sincères et réfléchies arrivent toujours à comprendre que ce n’est pas leur personne qui compte mais la cause de leur combat.
Il y a des individus, à Paris, sous la nuit des sorciers, qui tentent déjà d’exclure certains groupes ou personnes car ne les contrôlant pas, au nom de leur prétention de détenir la vérité. Cela montre que ce n’est pas la cause qui compte pour elles mais leur ego.
La plupart des militants à Paris savent quelles sont les personnes à l’origine des divisions mais on continue à les suivre. Quel dommage !
Elle sait aussi qui travaille pour son nombril et qui travaille pour les idéaux. Aussi la différence d’idéaux n’empêche pas pour des gens honnêtes de travailler sur des causes justes.
Il est temps que les Mauritaniens apprennent la rigueur, qu’ils sortent de leur médiocrité. Quand nous le disons nous parlons de tous les Mauritaniens. Ce qui caractérise les Mauritaniens est leur ignorance et leur  manque d’ancrage aux valeurs démocratiques. Plus on est ignorant, plus on pense que l’on sait quelque chose. Le grand Socrate a fini un jour par dire tout ce que je sais est que je ne sais rien. Nous attendons des Socrate Mauritaniens. Tant que ces problèmes ne seront pas résolus, le pays continuera à sombrer dans le chaos. La Mauritanie ne s’en sortira que par une bonne éducation où les droits de l’Homme seront enseignés dès le primaire.
Une Mauritanie viable ne sera construite que sur la base de valeurs justes. Il ne faut pas croire que les Noirs sont justes. Les Maures dominent, aujourd’hui le pays, mais ni les Négro-mauritaniens, ni les Harratine, ne sont dans leur majorité, des êtres qui tendent vers la justice. Une société ne fonctionne bien que, lorsqu’en son sein, il y a des Femmes et des Hommes qui sont attachés à la justice.
Le temps du réveil a sonné. La Mauritanie plongera dans le chaos ou se relèvera. Pour qu’elle se relève, il faut des Femmes et Hommes de toutes ses communautés attachés à la justice. Si on continue dans la logique actuelle, on plongera dans un conflit ethnique.
A supposer qu’un jour, un Négro-africain ou un Harratine arrive au pouvoir, les problèmes ne seront pas résolus pour autant.
Très peu de personnes parlent  de la condition des femmes en Mauritanie, des castes, etc. Cela montre que le Mauritanien est ancré dans un esprit d’injustice. Le consensus global, en Mauritanie,  est celui d’un esprit féodal et de privilégiés, en général alphabétisés ou appartenant aux castes supérieures ou les deux à la fois.
Il faut noter que chez les Maures, il y a des castes, il y a des privilégiés et des non privilégiés, mais les manipulateurs arrivent à construire des blocs fondés d’ailleurs sur l’inessentiel. L’essentiel étant la justice, l’égalité, le développement pour tous.
Chez les Négro-mauritaniens, il y a des castes à tel point que dans les villages, il n y a que certaines personnes qui peuvent prétendre à des fonctions électives. Chez les Harratine, les choses ne sont pas si homogènes qu’on ne le croit. Il y a des harratine esclaves de harratine.
Il est temps de sortir de l’hypocrisie  pour construire une Mauritanie.
Notre problème est celui d’une élite trans-ethnique. J’ai déjà défini ce que j’appelle une élite qui n’est pas une question de diplôme.
Oumar Diagne
Ecrivain

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