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jeudi 27 octobre 2011

Deyloule s’adresse à la classe politique Mauritanienne, particulièrement Messaoud Ould Boulkheir.


Sur le prétendu dialogue politique qui a eu lieu en Mauritanie et qui vient d’être clos, voilà ce que j’ai pu obtenir comme information principale : Selon diverses sources cette consultation boycottée par trois des plus importants partis de l’opposition (RDF, UFP et TAWASOUL) n’a rien donné de nouveau sous le soleil de Mauritanie. Le seul point significatif est que Mohamed Ould Abdel Aziz, sans doute inquiet de voir de puissants dictateurs, tous putschistes comme lui, tombés successivement, de l’autre côté du Sahara, balayés par les révoltes sanglantes de leurs peuples, a usé d’une nième manoeuvre pour mieux assoir son pouvoir et montrer aux opinions publique et internationale (les partenaires au développement notamment), par un simulacre de débat politique, qu’il est ouvert au dialogue et aux reformes. Mais bien évidemment ce n’est qu’une tromperie de plus. Donc ce dialogue est un échec pour M. Ould Abdel Aziz puisqu’il n’a pas pu réunir toute l’opposition. En réalité, à l’issue de ce faux débat, la seule principale reforme envisagée, qui n’en est pas une, est la « criminalisation » des putschs militaires. Il semble donc que cela n’était pas le cas jusqu’à présent (sauf qu’on passait par les armes ceux qui échouaient...) ! Par ailleurs, il est prévu d’augmenter le nombre de députés qui passerait de 95 actuellement à 146 lors des prochaines élections (dans 2 ou 3 ans ?). Ce qui aura pour conséquence fâcheuse d’augmenter la charge budgétaire du traitement de ces élus. Mais rien n’a été dit sur le fait que certaines régions moins peuplées que d’autres sont surreprésentées à l’Assemblée nationale ! Depuis 1960, la population de la Mauritanie a doublé. Jusqu’en 1978, Moktar Ould Daddah, avait maintenu le nombre de députés à 1 par chef-lieu de subdivision. Or, en dehors de la capitale, le nombre de subdivisions, héritées du mandat français, n’a pratiquement pas changé. Et les élus s’acquittaient efficacement de leurs tâches. D’autant plus que rien n’a été dit sur le sénat (anomalie introduite par les régimes militaires dans un pays dont l’histoire politique ne s’étend que sur exactement un demi-siècle) qui va être maintenu tel qu’il fonctionne actuellement avec une nouvelle contrainte cependant : « le nomadisme » des « grands électeurs » est désormais interdit ! Ce qui vise à fidéliser les « clients » par la contrainte et non par leur conviction politique. En effet, dans cette farce tout n’est que clientélisme ! Quant à l’esclavage on prévoit d’inscrire son interdiction au préambule de la constitution. Ce qui est ridicule quand on sait que de grandes démocraties ont proclamé de nobles principes dans leurs constitutions sans pour autant les appliquer à la lettre, en toutes circonstances. Donc l’esclavage va perdurer en Mauritanie, dans l’indifférence totale, voire même la complicité, des pouvoirs publics. Car en effet, ce qu’il faut ce n’est pas seulement appliquer la loi qui interdit l’esclavage et le pénalise mais éduquer maîtres et esclaves pour qu’ils comprennent que cette pratique ne doit plus exister sous aucune de ses formes. Il faut surtout commencer par éradiquer la grande pauvreté dans laquelle vivent bien souvent les maîtres et leurs esclaves dans les zones rurales et les bidonvilles aux périphéries des capitales régionales. Pour cela, selon moi, il est nécessaire, dans ces zones, d’inventer des structures d’émancipation et d’intégration au profit des esclaves (et de leurs maîtres lorsqu’ils sont pauvres et ignorants comme eux : ce qui est, le plus souvent, le cas !).
L’école de la république léguée par la France avait été un formidable ascenseur social pour les enfants Harratins et pour la plupart des enfants des autres composantes ethniques de la Mauritanie. Mais elle a été complètement abandonnée de 1978 à aujourd’hui ! Durant cette longue période, notamment chez les Maures et les Harratins, le taux de scolarisation a même régressé, considérablement, au profit des écoles coraniques chez les enfants maures ! Et hélas, dans cette tragédie, bien souvent, l’esclave ou le harratin choisit de rester attaché à son maître faute de moyens de subsistance ! Il faut mettre fin à cette dépendance réciproque en offrant aux esclaves et aux harratins une prise en charge par l’État qui leur rendra une partie de leur dignité grâce à un travail rémunéré. En effet, dans le contexte actuel, ni la loi ni un article rajouté à la constitution ne suffiront pour enrayer la souffrance des personnes encore asservies d’une façon ou d’une autre par des « maîtres » ignorants. Moktar Ould Daddah était bien conscient des difficultés d’éradiquer l’esclavage dans un pays né de rien, tout droit sorti du monde antique, où tout était à reconstruire selon un nouveau mode d’organisation non conforme à la vie errante de nomades esclavagistes depuis des millénaires. Et il pensait très justement que seule l’émancipation des uns et des autres était susceptible, dans la durée, d’éradiquer le problème définitivement.



En outre, dans ce débat, rien n’a été dit sur l’autre forme d’esclavage qui se développe depuis quelques années en Mauritanie : la domesticité de jeunes immigré(e)s clandestins venu(e)s du Mali notamment pour travailler dans les familles dans les « beaux » quartiers de Nouakchott et d’ailleurs, sans statut aucun et sans être déclaré(e)s et donc complètement à la merci de leurs employeurs. On découvre, en effet, chez tel ou tel haut fonctionnaire ou ancien haut fonctionnaire mauritanien plusieurs domestiques  chauffeur, blanchisseur, homme ou femme d’entretien, cuisinier, etc.  issus de l’immigration clandestine de personnes originaires d’Afrique de l’Ouest. Cette nouvelle forme d’esclavage n’est pas moins condamnable par ce qu’elle comporte de dégradant et de préjudiciable à la dignité humaine. L’attitude générale consiste à dire : « puisque nous ne pouvons plus faire employer gratuitement nos anciens esclaves ou harratins dans nos maisons, rien ne nous interdit de faire appel à une main-d’oeuvre étrangère docile sur laquelle notre autorité sera totale et en toute impunité... ». Il s’agit donc, bel et bien, d’une nouvelle forme d’esclavage aux conséquences dangereuses à plus ou moins long terme et qui doit être tout aussi combattue que la forme « traditionnelle ».
Par ailleurs, M. Ould Abdel Aziz qui a fait sienne cette maxime cynique, « faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais », ne semble prêter attention qu’à la manière avec laquelle il veut s’imposer, par la force ou par la ruse, ad vitam aeternam, coûte que coûte, quitte à « mettre le pays à feu et à sang » (comme il nous en avait prévenus lorsqu’il avait déposé Sidi Ould Check Abdallahi). En effet, il ressort de ce faux débat, qu’il réaffirme en substance qu’il n’a pas changé, d’un iota, sa stratégie de putschiste aguerri en rappelant à des « dialogueurs de complaisance », par lui invités, qu’il a fait un coup d’état réussi, qu’il en avait déjoué un autre pour maintenir au pouvoir son mentor de dictature déchu par lui et envoyé en exil au Qatar et que maintenant qu’il dispose d’une milice (dont nul ne connait ni la mission exacte ni le coût pour la collectivité !) à sa solde, il se maintiendra au pouvoir autant qu’il le pourra et pour son seul intérêt et que tout autre push, même provenant de la volonté du peuple, sera considérer comme un crime. L’opposition a tout à fait raison de boycotter ce faux dialogue, cette pièce de théâtre ridicule, mauvaise farce, qui en dit long sur le danger auquel la Mauritanie fait face.
En fin, plusieurs questions n’ont pas été posées fautes de « dialogueurs crédibles ». Qu’en est-il des relations avec la Libye du CNT qui reste un acteur majeur en Afrique du Nord, incontournable pour notre pauvre pays (qui a encore besoin de toutes les aides qu’il peut glaner ici ou là) qui a des relations millénaires avec cette terre lointaine de Libye, mais ô combien proche de la Mauritanie qui était jadis, sur le chemin des pèlerins mauritaniens, notamment originaires des Hodhs, qui y ont laissé une descendance abondante, bien avant l’époque coloniale ! Le peuple Libyen est lui bien conscient de cette fraternité. Et ce n’est pas parce que M. Ould Abdel Aziz avait sans doute conclu un plan secret avec Kadhafi, privilégiant le rapprochement de la Mauritanie avec un Polisario fantoche (dont plusieurs cousins germains de M. Ould Abdel Aziz sont des membres éminents du haut commandement) qu’il faille rompre toute relation avec ce pays frère parce que le sort de Kadhafi a été qu’il finisse lyncher, comme un chien, par son peuple. Sort que risque désormais tout dirigeant africain en général et maghrébin en particulier, entêté et oublieux de la justice, de la probité et de l’équité envers son peuple, sans discrimination aucune. Il faut que M. Ould Abdel Aziz précise ses relations secrètes avec le Polisario ! En dépit de la fraternité indéniable qui lie la Mauritanie avec ce peuple, l’histoire récente a conduit ceux de Tindouf de nier cette fraternité et de faire la guerre à la Mauritanie, appuyés qu’ils étaient par la Libye de Kadhafi et l’Algérie. Il y va donc de l’honnêteté de M. Ould Abdel Aziz de choisir entre l’affection légitime qu’il a pour le Polisario et la présidence de la République Islamique de Mauritanie ! Aucun mauritanien ne peut présider, au plus haut niveau, aux destinés de la Mauritanie pour servir secrètement ou ouvertement la cause de maquisards clairement hostiles à leur unité avec le peuple mauritanien, quand bien même ce Mauritanien a-t-il des liens de sang indéniables avec les rebelles en question ! Il s’agit là d’un problème épineux qui mérite débat ! La question Sahraouie est loin d’être résolue et la Mauritanie est soit neutre ce qui lui est difficile soit résolument pour une solution juste et équitable qui ne peut être en aucun de soutenir les maquisards !


Deyloule, Paris le 27/10/11 – Page 2/2

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