Translate

mercredi 14 septembre 2011

Mauritanie : Ould Aziz héritier naturel de Ould Taya

 
 
Le président de l’IRA Biram Ould Dah a demandé  à la communauté internationale de redoubler d’effort et de vigilance afin de prendre en compte  la situation actuelle de discrimination raciale, de racisme d’Etat et d’esclavage en Mauritanie. Il a lancé cet appel dans une conférence de presse cette semaine à Nouakchott.
 
Selon le dirigeant anti-esclavagiste, le conseil de sécurité et l’Assemblée générale des Nations- Unies plus la Cour Pénale Internationale devraient se pencher maintenant sur le système de l’apartheid qui fait son chemin en Mauritanie. Ce durcissement de ton du leader haratin intervient quelques jours seulement après la visite de la haut commissaire des Nations-Unies aux droits de l’homme dans la capitale mauritanienne au cours de laquelle elle a appelé les autorités de Nouakchott à prendre des mesures drastiques pour éradiquer toutes les formes de l’esclavage en Mauritanie. Pour les observateurs cette sonnette d’alarme des Nations-Unies aux héritiers de l’esclavage  est un début de reconnaissance du travail des militants anti-esclavagistes qui entendent bien en finir une bonne fois pour toute aux allégations mensongères du président Ould Aziz qui avait déclaré publiquement qu’il n’y pas de problèmes de l’esclavage dans le pays. Déjà en 1978, quelques mois avant le putsch qui a basculé le pays dans des dictatures  militaires, le président Mokhtar Ould Daddah déclarait que ce problème pouvait être résolu de deux manières soit par une révolution sanglante soit par une évolution lente de la société mauritanienne grâce au développement économique. Le père de l’indépendance ne s’est pas trompé . Plus de trois décennies après c’est la deuxième solution qui semble se dessiner. L’année 84 a marqué une forte évolution de la situation avec un accès  important des haratins à des postes de responsabilités gouvernementales. A titre d'exemples,Messaoud Ould Boulkhair est président aujourd’hui de l’assemblée nationale et  chef de l’APP. Il occupa d’importantes fonctions administratives avant d’être ministre du développement rural. Boidiel Ould Houmeid ancien baron du régime de Ould Taya fut ministre et dirige aujourd’hui le parti El Wiam et Mohamed Salem Ould Merzoug actuel haut commissaire de l’OMVS( Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal), ancien ministre de l’hydraulique et de l’énergie. Et bien d’autres cadres sont dans tous les rouages de l’Etat et dans le privé. C’est la partie visible de l’iceberg. Les deux premières personnalités haratines sont dans l’opposition mais ont tourné progressivement leur veste pour aider le système Beydane à mater les plus récalcitrants dont les militants anti- esclavagistes et défendent bec et ongle leur appartenance à part entière à la culture arabo-berbère. Avec les autres cerveaux de la communauté haratine, ils ne semblent pas bousculer le statu quo et se cachent derrière leurs déclarations pour faire croire que leur conviction est intacte tandis que Ould Abeid et ses camarades s'identifient in fine dans la négritude. Le refus des autorités de Nouakchott de reconnaître l’IRA ainsi que les autres associations ou ONG anti-esclavagistes est une façon pour le gouvernement de Ould Laghdaf de légitimer toute violence contre eux. Mais ce recul officiel sur le dossier de l’esclavage est une fuite en avant pour ralentir l’émancipation du peuple mauritanien. En réalité le président mauritanien n’a jamais eu peur des féodaux  devenus aujourd'hui des lobbies d’affaire puissants sur ce terrain  au moment où il s’est engagé dans une guerre contre Al Qaïda. Il  a toujours fermé les yeux comme Ould Taya sur les cas présumés d'esclavage de fillettes notamment et fait arrêter  et emprisonner des activistes haratins   laissant ainsi la porte grandement ouverte aux oulémas, grands propriétaires d’esclaves de faire la pluie et le beau temps en refusant bien entendu de collaborer. A la veille du dialogue national le 17 septembre prochain à Nouakchott,l'IRA appelle tous les protagonistes à placer la barre très haut et surtout à placer au centre de leur concertation les défis de l'heure qui minent l'ancrage de la démocratie. Dans sa plateforme publiée récemment le défenseur des droits de l'homme propose la création d'un office national pour promouvoir la formation professionnelle des haratins et l'organisation de campagnes médiatiques sur les lois réprimant les pratiques de l'esclavage. Ce n'est que justice d'autant plus que les Haratins représentent aujourd'hui près de la moitié de la population. L'héritier de Mokhtar Ould Daddah et de Ould Taya a intérêt  à ne pas rester sourd aux appels et donner rapidement une suite favorable à la communauté internationale pas seulement sur le papier pour être plus crédible. Sinon c'est l'alternative de la révolution sanglante qui pourrait prendre le dessus. Ce n'est pas souhaitable pour la Mauritanie.

Yaya Kane

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire