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samedi 12 mars 2011

Droits de l’homme: L’esclavage, le labyrinthe mauritanien

Droits de l’homme: L’esclavage, le labyrinthe mauritanien

« Nous avons reçu de là-haut l’ordre de ne plus engager les procédures relatives aux pratiques de l’esclavage
qu’on nous soumet. Aucun procès-verbal n’est autorisé d’être établi depuis le problème de Mounimnie
Mint Bacar…(…) » dixit la commissaire de la brigade spéciale des mineures à l’adresse du Président de
l’IRA, un mouvement anti-esclavagiste. L’IRA venait de lui soumettre en l’espace de deux semaines deux
cas d’esclavage ou d’exploitation des mineures. Dans tous les cas les pouvoirs publics ont toujours utilisé
des subterfuges pour renvoyer les deux parties.






 
M’Barka Mint Essatim cette
jeune femme, mère de trois
fillettes d’environ 7 ans, 9 ans
et de quelques mois déclare « j’étais
donnée à cette famille depuis l’âge de
cinq ans jusqu’à mon mariage il y a seulement
quelques mois ». « Quelques
temps après mon accouchement, j’ai
été de retour chez mes maitres. Ils ont
voulu se libérer de moi, alors j’ai
réclamé mes droits et la restitution de
mes deux fillettes qui sont réparties
entre les membres la famille pour la
corvée familiale. Mais ces gens disent
que je n’ai aucun droit, alors j’ai décidé
de voir cette ONG pour leur soumettre
mon problème ». Le problème d’une
esclave sans défense. Une esclave qui
veut désormais vivre dignement comme
tout être humain libre. Et d’ajouter avoir
« connu une vie inhumaine qu’elle ne
peut conter. Elle ne se connait ni père
ni mère à qui elle doit se confier durant
ces années passées dans la servitude ».
Prise en charge par l’ONG IRA, la jeune
femme âgée environ d’un peu moins de
25 ans porta plainte contre la famille
présumée esclavagiste pour récupérer
ces deux fillettes. Le commissaire du
quartier de Toujounine trouvera les
deux membres de la famille chez qui les
fillettes travaillent. Les présumées
esclavagistes, les deux fillettes, la plaignante
assistée de maître Fatimata
Mbaye et plusieurs militants de l’ONG
ont été transférés à la brigade spéciale
en charge des mineures. La police
remettra les enfants à leur maman plaignante
et demanda à tout le monde
d’évacuer le lieu. Par ce geste la jeune
dame vient de trouver ses enfants mais
n’aura pas droit à la justice. Car les
poursuites viennent de prendre fin sur
ordre de la commissaire qui déclare être
incompétente d’instruire ce dossier et
tout dossier lié au phénomène de l’esclavage.
« Nous avons reçu de là-haut
l’ordre de ne plus engager les procédures
relatives aux pratiques de l’esclavage
qu’on nous soumet. Aucun procèsverbal
n’est autorisé d’être établi depuis
le problème de Mounimnie Mint
Bacar…(…) » déclare la commissaire à
l’adresse du Président de l’IRA, un mouvement
anti-esclavagiste et leur avocat.
Et d’ajouter selon le président de l’IRA
: « On nous dit qu’il s’est avéré que de
tels cas d’esclavage existent en grand
nombre si bien qu’en poursuivant tous
les auteurs c’est tout le monde qui
risque de se retrouver en prison. Après
tout, l’esclavage est un problème qui
oppose Haratines et Bidhane et risque
de les diviser davantage. » Pour Biram
Dah Ould Abeid : « Ces propos tenus
par Mme le commissaire Mekfoula sont
les preuves que désormais l’arsenal juridique,
entre autres, la loi d’incrimination
et de criminalisation de l’esclavage
sont enterrées. Cela inaugure la légalisation
de ces pratiques et la protection
pure et simple de leurs auteurs et donc
d’un déni de justice sans nom et sans
précédent. Nous n’entendons pas abandonner
notre combat, les militants de
IRA qui se sont fortement rassemblés
devant le commissariat des mineurs et
tous ses sympathisants continueront
leur mobilisation jusqu’à l’engagement
des procédures légales devant ouvrir la
voie à la poursuite judiciaire des
auteurs de ce forfait ignominieux ».
Si par le passé les pouvoirs publics ont
usé de toutes sortes de subterfuges
pour escamoter des affaires liées au
phénomène de l’esclavage, ce dernier
cas d’esclavage vient de dévoiler la
volonté manifeste des décideurs de ne
vouloir rien faire contre ce phénomène
de l’esclavage. Un phénomène abolit en
1980 par le président Haidalla par
ordonnance. Une ordonnance qui n’a
jamais été suivie de décret d’application.
Cette initiative de vouloir finir avec
cette tare n’a pas aussi connu de vulgarisation,
de campagne de sensibilisation
pour la prohibition totale et définitive de
ce phénomène. Cette campagne par
voix officielle est d’une incidence capitale
dans une société mauritanienne
grandement analphabète, ignorante et
de culture orale. Une campagne par la
voix officielle est de nature coercitive et
explicite d’une volonté de l’Etat de vouloir
tourner la page de cette Mauritanie
d’indignité humaine. Malheureusement,
par manque de volonté politique pour
l’applicabilité de l’arsenal juridique
contre les pratiques esclavagistes, le
phénomène a encore de beaux jours
devant lui.

Seydi M. Camara Nouvelle expression
"www.sahelinfo.com"

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