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vendredi 1 octobre 2010

Interview IVANA DAMA AMNESTY INTERNATIONAL

Interview IVANA DAMA AMNESTY INTERNATIONAL




Madame IVANA DAMA est née le 7 juin 1977 à Mondo, Naples, en Italie. Universitaire et c’est très jeune qu’elle se lance dans l’aventure en partant s’installer à Rome pour avoir plus d’opportunité d’acquérir un diplôme, comme elle a qualifié cette période de sa vie d’ « immigration ». Son « immigration » vers Rome a non seulement satisfait une partie de ses ambitions estudiantines mais a surtout contribué à lui donner l’occasion de faire des rencontres qui vont bouleverser sa vie de militante de droit de l’homme. Arrivée à Amnesty International, section d’Italie, à Rome, Madame IVANA DAMA est très souvent en déplacement en Afrique en tant que rapporteur de l’Institution internationale. Humanitaire dans beaucoup d’ONG, elle dirige aussi des actions humanitaires de grandes envergures en Afrique qu’elle aime au fond de son cœur. En Italie, elle s’occupe aussi du cas de beaucoup d’immigrés subsahariens en grandes difficultés, tant administrative que sociales. C’est une femme de cœur mais surtout de conviction qui nous a reçus et nous a accordés l’entretien qui suit :




OCVIDH: Bonjour Madame

IVANA DAMA! IVANA DAMA : Bonjour OCVIDH

OCVIDH: Merci d’avoir accepté de nous accorder un entretien. Pour commencer, une question traditionnelle : Qui êtes-vous Madame IVANA DAMA?


I.D : Merci bien. Je suis une femme qui a toujours cru aux valeurs de la solidarité entre les êtres humains partout dans le monde. J’ai eu la chance d’avoir des parents qui m’ont élevée dans le respect des différences culturelles et sociales. Aujourd’hui et toujours encore, je continuerai à faire mon devoir de femme de bonne volonté. [Image] OCVIDH:


Vous êtes très impliquée dans les organisations internationales, dites nous dans quelle organisation militez-vous exactement.

I.D : ça fait longtemps que j’ai commencé à m’occuper des cas de violations des droits humains ; j’étais très jeune, c’était en 1999 quand j’ai contacté le groupe 005 de Naples de l’ Organisation internationale des droits humains à Amnesty International. A cette époque là, j’étais en train de terminer mes études en Sciences Politiques et je voulais m’activer modestement mais efficacement « pour changer » notre monde qui était et qui est, malheureusement, encore plein de trop d’injustices et de violence. En terminant mes études universitaires, j’ai commencé à sentir l’exigence de faire partie aussi d’autres mouvements humanistes, de faire plus, car je voulais partir visiter l’Afrique pour comprendre la raison qui porte beaucoup de gens à quitter leur pays pour venir vivre ici en Occident souvent dans des conditions inhumaines et dégradantes… Moi aussi, je me sens presque immigrée. En effet, j’ai quitté ma ville de Naples pour améliorer ma condition d’étudiante à la recherche d’un travail qui pourrait répondre à mes aspirations et qui soit cohérente avec mes études humanitaires et qui me donnerait des possibilités d’élargir mes compétences dans le domaine qui m’intéresse. C’est ainsi que je me suis installée à Rome où j’ai suivi des cours de Coopération Internationale, d’où des travaux de recherches approfondies sur l’Economie et la Gouvernance dans les pays de l’Afrique subsaharienne. A la fin de mes études à l’ISIAO, (l’Institut Italien pour les études en Afrique et en Orient) j’ai fait un stage avec une Association de Solidarité Internationale de Rome qui s’appelle Pane&Rose Onlus, qui a, depuis l’année 2005, un projet de coopération axée sur la lutte contre les effets de la désertification au Tchad et avec laquelle je reste en contact. Avec Pane&Rose je suis partie deux fois pour réaliser avec la population du village de Mondo (Région du Kanem), des forages et avec les femmes nous avons réalisé des coopératives de micro crédit car au Kanem, les conditions économiques des gens ne permettent ni de manger ni d’espérer dans le futur…. En vivant à Rome, comme à Naples, j’ai collaboré avec des associations auprès de la diaspora africaine de la ville pour aider mes frères et sœurs africains d’Italie à obtenir leur permis de séjour. Ils ont bénéficié aussi des cours de langue italienne pour leur intégration dans la société italienne Aujourd’hui pour les bibliothèques de Rome je me charge d’organiser des manifestations culturelles pour l’intégration des communautés étrangères d’Italie et je suis un projet qui s’appelle Bibliothèques Solidaires pour soutenir l’ouverture de bibliothèques dans des pays du sud du monde.


OCVIDH: On vous connait aussi grâce à vos actions humanitaires à travers certaines associations entre autres, l’association www.saharaverde.com. Parlez-nous de cette association.



I.D : Comme je le disais avant, j’ai rencontré l’Association Pane&Rose de Rome à la fin d’un stage des cours Isiao sur l’Economie dans les pays de l’Afrique Subsaharienne. Pendant la première mission au Tchad en 2008, j’ai fait surtout office d’interprète linguistique et je me suis occupée, avec les volontaires qui étaient avec moi, à faire partir l’action d’intervention au village Mondo, dans le Kanem, qui consistait à faire des forages en contactant une entreprise locale et en achetant les matériels dans la capitale Ndjamena. On a travaillé avec les habitants du village qui étaient très contents de notre arrivée et de notre mission pour l’eau. Dans la deuxième mission sur le terrain en 2009, je me suis aussi dédiée à l’action d’Empowerment des femmes du village qui sont victimes de tout et se sentaient très faibles là- bas. Il y a encore beaucoup de travail à faire ensemble au Tchad pour la dignité des hommes, des femmes et des enfants qui nous attendent toujours…



OCVIDH: Vous vous déplacez souvent en Afrique. Quels sont les pays que vous avez visités?


I.D : J’ai travaillé en 2005 au Burundi; j’étais en stage à la fin des cours « Expert dans le Monitorage et le Management des actions humanitaires pendant les situations d’urgence » que j’ai suivi à Naples. Dans la capitale du Burundi, Bujumbura j’ai fait presque 40 jours pour participer aux activités du «Centre Jeunesse Kamenge » à la construction, dans le quartier Kamenge de Bujumbura, de la paix entre les ethnies Hutu et Tutsi qui se sont massacrées dans cette Région de l’Afrique australe pendant le génocide des années sombres de son histoire. A cette occasion, à Gitega, (deuxième ville du Burundi), j’ai participé comme volontaire à la Mission électorale ONUB 2005 ; je ne pourrai jamais oublier cette joie et la chaleur de l’accueil des gens du pays qui retournaient aux urnes après la guerre ….

OCVIDH: Quelles actions y avez-vous menées?


I.D : Comme je viens de le dire, en Afrique, je me suis occupée à suivre des projets de Paix et r

éconciliation en faveur des populations victimes de guerres ou bien de discrimination.


OCVIDH. En mars 2010, une marche contre le racisme a été organisée à Rome, dans votre pays. Pourquoi une telle marche?


I.D : Très bonne question ! Malheureusement je dois admettre que mon pays est en train de passer une période difficile à cause de la crise des valeurs humaines….Je parle de l’Italie mais peut-être je pourrais dire l’Europe entière sinon le monde tout court. Dans les dernières années, à cause des discours politiques axés sur la « sécurité », le scepticisme et la peur gagnent les consciences contribuant à faire monter la haine et le refus de l’autre. La marche de mars 2010 donc à été une réponse à toute cette situation que Je ne peux pas tolérer…

OCVIDH: Connaissiez-vous la Mauritanie avant? Si oui, comment l'avez-vous connue?


I.D : Oui, Je connaissais brièvement la Mauritanie grâce à mon militantisme à Amnesty International, dans le groupe de Naples pendant le mois de novembre 2009. Avant, j’avais été dans deux pays d’Afrique sub-saharienne pour suivre des programmes de coopération internationale : le Burundi(2005) et le Tchad (2008 et 2009). Il s’agissait de participer à une table ronde sur les violations des droits humains en Afrique et moi, j’ai été invitée à parler au nom d’Amnesty du Rapport Annuel pour ce qui concerne les violations et les cas d’injustice dans les Pays que je connais bien pour les avoir visités plusieurs fois. Pendant l’initiative de Naples donc, J’ai rencontré M. Biram Dah Ould Abeid, un homme qui se bat pour la liberté de sa population en Mauritanie. Et de là, j’ai eu un peu plus de connaissance quant aux réalités de la Mauritanie. Lors de cette première rencontre en Italie, J’ai décidé alors de suivre M. Biram Ould Dah Ould Abeid et de le soutenir dans la lutte pacifique qu’il mène pour la liberté d’une grande partie de ses concitoyens, à savoir les Hratines, qui continuent à être exploités au mépris de tout droit sans possibilité de revendiquer leur statut social dans leur propre pays. Bientôt, j’espère visiter la Mauritanie non pas pour y aller faire du forcing comme défenseure des droits humains, mais pour connaitre d’avantage sa splendide population que j’ai commencé à connaître depuis que je suis l’action de M. Abeid en Europe. C’est comme ça que j’ai commencé à m’activer moi aussi à Rome en Italie, en rencontrant mes connaissances dans le troisième secteur, des associations et des partis politiques comme le Parti Radical Non Violent, Transnational, pour essayer d’ élargir les réseaux de contacts utiles à la noble mission de Biram Ould Abeid pour la libération des esclaves Hratines en Mauritanie avec le Mouvement IRA dont il est le Président.



OCVIDH: Vous avez participé le 26 juin 2010 à Massy, en région Parisienne, à la journée /conférence débat de l'OCVIDH. Quels enseignements avez-vous tirés de cette journée?


I.D : La conférence de Massy de juin 2010 à été l’occasion pour moi de voir souffler un vent d’espoir pour un monde meilleur où les hommes ne seront plus considérés par leur appartenance ethnique ni raciale mais traités en tant qu’humains tout court Je me suis retrouvée dans la Communauté Mauritanienne de Paris que j’ai trouvée très active, disponible à travailler ensemble pour le même but : la Paix des cœurs et des consciences en terrassant le racisme et l’injustice dans leur pays. J’ai connu la réalité de votre pays grâce à cette journée et votre action grâce à mon collègue Biram Dah Ould Abeid qui m’avait invitée à venir suivre les travaux de l’OCVIDH qui m’ont donné beaucoup d’idées et qui m’ont permis d’élargir mes connaissances, merci !

OCVIDH: Vous avez participé au festival " La femme africaine pour changer le monde" êtes vous d'accord avec ce thème? Autrement croyez-vous que le changement du monde en général et celui de l'Afrique en particulier ne peut être possible que grâce aux femmes africaines?


I.D : Les femmes sont le vrai moteur de changement partout, même dans le monde « libre ». C’est clair et en Afrique, ça commence à être évident car chaque jour qui passe on arrive à faire respecter les droits fondamentaux des femmes .C’est pourquoi pour moi il est normal de soutenir la cause des femmes pour qu’émerge la justice et l’égalité. Ces derniers mois, en Italie, je me suis engagée avec des amies de Rome, dans une Campagne avec Noppaw pour le Prix Nobel de la Paix à la faveur des femmes africaines ; j’aimerais bientôt avoir l’occasion de la présenter aux amis activistes de votre Mouvement, et je suis sûre qu’ensemble, les femmes italiennes et les femmes africaines vont construire un monde nouveau pour les enfants d’aujourd’hui et les adultes de demain.

OCVIDH: Vous êtes proche de certains artistes africains entre autres Oumou Sangaré, Badara Seck...pourquoi un tel intérêt pour les artistes africains?


I.D : Je crois en la musique en ce sens qu’elle véhicule un message et c’est aussi un moyen efficace pour rapprocher les peuples et instaurer la paix entre eux. J’ai eu l’honneur à Rome de rencontrer de grands artistes africains qui travaillent, chacun selon son propre style, pour sensibiliser le monde à porter un regard sur le respect des droits des frères et sœurs restés loin, dans leur pays d’origine… En particulier, j’ai eu le grand plaisir de connaitre et travailler à coté d’un grand artiste africain, le chanteur-griot sénégalais Badara Seck qui travaille depuis longtemps en Europe avec la diaspora africaine pour le respect afin d’inculquer une culture de tolérance pour préserver les droits humains et pour la paix. J’ai eu la chance d’organiser en Italie avec lui des concerts et des débats publiques qui avaient pour but central, celui de faire passer un message fondamental pour l’artiste sénégalais, « la différence est humaine » autrement dit la différence entre les êtres humains est une immense richesse qu’il faut saisir comme occasion. Je suis convaincue que les grands artistes africains comme Badara Seck et comme Mme Sangaré qui sont très estimés et considérés par la diaspora, doivent travailler comme ca, en faisant leurs paris dans la construction d’un monde plus juste à partir de leur musique, donc de leur âme. Ils continuent à bien faire, à suivre leur mission d’ambassadeurs de paix et je sais qu’ils sont en train de suivre d’autres projets qui invitent tout un chacun à la solidarité.


OCVIDH: Un dernier mot pour les internautes de notre site www.ocvidh.org

I.D : Grâce à Internet le monde est connecté en temps réel ; Cet état de fait a permis de pouvoir obtenir des informations qui arrivent aux consciences. Le site de l’association OCVIDH est toujours actif en donnant des nouvelles importantes qui sont portées à travers le monde donnant un peu de lumières à un monde souvent plongé encore dans l’obscurité ; Le monde moderne libre et démocratique doit combattre les atrocités commises par les hommes contre leur semblable! Il n’y a pas de paix sans justice, donc c’est à nous tout le dur travail pour un monde moderne, égalitaire et humain car nous devons tous être des chevaliers de la paix. OCVIDH: Merci madame DAMA pour nous avoir accordés cet entretien. I.D : J’aimerai vous saluer avec une phrase de Helder Camara qui dit : « Si un homme rêve tout seul le rêve ne deviendra jamais réalité, mais si plusieurs hommes rêvent la même chose, le rêve deviendra réalité ».






Entretien réalisé par DIAGANA Cheikh Secrétaire général adjoint, ocvidh. Ocvidh, 2010

2 commentaires:

  1. Il dois etre beacoup de gent qui ils ont ambassador de paix...merci Ivana tu est un esemple de lutteur pour defendre la ricchesse de la diversitè et l' umanitè..Alors nous dovrons faire ancor beacoup et plus nous sommes et plus nous pouvons faire....Aller aller!!!!!

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  2. Le combat pour la défense des droits humains en Mauritanie est un devoir sacré.
    Il impose à tous un sacrifice de soi pour qu'émerge une Mauritanie plurielle et réconciliée avec elle même

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