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mardi 10 août 2010

Communiqué de IRA-Mauritanie à propos de Ramdhane ould Mohamed

Communiqué de IRA-Mauritanie à propos de Ramdhane ould Mohamed, de la guerre contre al-qaida, les menées des Islamistes et les discours sur la discrimination positive.

Biram Ould Dah Ould Adeid:Tire sur tout ce qui bouge


Ramdhane ould Mohamed, martyr hartani

Nous voudrions vous demander tout d’abord, une minute de silence à la mémoire du martyr Ramdhane ould Mohamed, assassiné froidement, à bout portant, par un agent de la force « publique » mauritanienne.

Ce drame est tout simplement un crime ethnique dans la pure tradition mauritanienne. Dans ce pays, les forces de l’ordre exercent depuis plusieurs années leur permis de tuer de façon prioritaire sur les hratin. Les autorités commettent de façon tout à fait banalisée la liquidation physique contre ceux qu’elles appellent les esclaves. Le Hartanicide n’est plus considéré comme un crime dans ce pays, tout juste une faute mineure qui reste souvent impunie. A cet égard, les vies des citoyens ne sa valent guère. Quand il s’agit de passer à l’acte, c’est l’identité ethnique de l’individu qui dicte le degré de retenue. Or, face à un adolescent noir désarmé, le policier n’a aucun scrupule lorsqu’il lui vient l’idée de faire usage de son arme. Il sait bien que, plus que le droit, c’est l’idéologie racialiste qui le prémunira contre toute sanction. Pourquoi avoir des scrupules dans ce cas ?

Nous condamnons solennellement le silence total des autorités, de la classe politique et de la société civile sur le crime barbare et odieux qui a arraché la victime, encore à la fleur de l’ âge, à l’affection des siens par un acte gratuit et criminel. Et dès à présent, nous attirons l’attention de tous les observateurs sur le fait qu’il est permis de parier que ce énième hartanicide restera impuni. La « justice mauritanienne» s’attèlera même, comme par le passé, va blanchir les coupables. On peut même supposer que, suivant une logique infiniment perverse, cette sale besogne de l’impunité judiciaire sera endossée par les fameux juges complices, souvent d’ascendance servile ou d’ethnies noires. Cette instrumentalisation des rares spécimens de ce type tels que le tristement célèbre Souleymane Diara, homme à la moralité douteuse et dont le registre dans ce genre d’affaires est déjà très lourd. Nous lançons donc un appel solennel, aux ONGs de défense de droits humains et aux avocats, afin de se réunir en collectif pour assister les ayant-droit de la victime et aboutir à la transparence sur cette affaire et à la punition des coupables. Il est permis de rêver…

En tous les cas, cette affaire et son enlisement prévisible dans les sables mouvants de la justice de classe, délivrée à la tête du client, rappellent que l’Etat et la société mauritanienne fonctionnent par un système de violence idéologique et physique contre la communauté des esclaves et anciens esclaves, les Hratin qui constituent pourtant plus de la moitié de la population totale du pays. L’objectif de cette politique est clair : il vise à maintenir cette catégorie loin de la conscience de classe pour laquelle, IRA-Mauritanie s’investit totalement. Car, lorsqu’une prise de conscience aura lieu chez la communauté servile, elle sonnera à jamais le glas du pouvoir de la minorité, basé sur la ségrégation et la préférence de naissance qui prévaut depuis si longtemps dans ce pays.

La guerre d’ Aziz n’est pas la notre…

Il y a quelques semaines, le régime de Ould Abdel Aziz a déclenché une guerre sur les frontières Nord-Est de la Mauritanie prolongée en territoire malien.

A nos yeux, cette guerre est purement et simplement une activité de violence et de mercenariat au profit d’une puissance étrangère, la France. IRA-Mauritanie rejette la violence et les bains de sang comme moyens de règlement des conflits intra ou inter-Etats. Nous rejetons aussi le copinage du gouvernement Français et du général Aziz sur le dos du peuple mauritanien, de sa sécurité et de son entente avec ses voisins. Nous lançons un appel aux Hratin de l’armée : n’acceptez jamais de servir de cobayes et de chair à canons dans une guerre de mercenaires. Vous savez bien que vous êtes confinés dans les rangs supplétifs ; vous êtes tous (hommes de troupes, sous-officiers et officiers) astreints aux rôles ingrats et subalternes. Au sein de cette armée, vous êtes tous victimes de l’injustice et de la discrimination dans l’octroi des stages, des bourses, des nominations et des avancements. Vous êtes des soldats de seconde catégorie dans une armée qui reste en vérité une armée ethnique et esclavagiste.

Nous, les victimes de l’esclavage et de l’idéologie esclavagiste, les victimes de la ségrégation en Mauritanie, nous croyons que la seule guerre qui vaille c’est la guerre contre l’esclavage et la discrimination ; la seule guerre qui nous importe c’est la guerre que nous impose ce système et ses tenants et que nous devons gagner ; toute autre guerre est conçue pour nous endormir et nous maintenir dans les chaines au profit de nos bourreaux. Qu’il soit clair pour tous que notre bataille diplomatique est bel et bien contre les autorités non-démocratiques de la Mauritanie et non pas contre d’autres pays étrangers, proches ou lointains. Nous devons d’abord balayer devant notre porte et exiger que le gouvernement de la Mauritanie, à l’instar du système d’apartheid naguère, soit mis au banc des nations du monde à cause du système raciste et esclavagiste que la minorité impose à la majorité en se référant à l’appartenance ethnique et de naissance.

La supercherie des Islamistes à propos de l’esclavage

IRA-Mauritanie s’est arrogée son droit-devoir, d’insurrection intellectuelle et morale, contre les normes prescrites, érigées en dogmes et permettant aux groupes dominants de dominer à leur profit exclusif les franges sociales dominées. A travers sa démarche de nominalisme des spécificités, de dénonciation des misères et de l’identité spécifiquement hratin, notre organisation a opéré la rupture avec l’inscription hypocrite des Hratin au sein d’une communauté arabo-berbère qui fait tout pour les maintenir au mieux à ses marges et au pire en dehors d’elle. Nous décrivons les inégalités, nous levons les tabous, nous dénonçons les dispositifs de la discrimination, nous écrivons l’histoire escamotée des Hratin….C’est dans ce cadre que nous appelons à la reconstruction du droit musulman tel qu’il a été instrumentalisé comme idéologie de la domination de la majorité Hratin par la minorité Bidhan. Sans grande surprise, nous avons constaté que la montée au créneau, ces derniers jours, des Islamistes du parti Tawassoul dans le débat sur l’esclavage, est en réalité une véritable offensive, bien tardive et opportuniste, des milieux esclavagistes mauritaniens, et de l’Etat, contre le mouvement abolitionniste. En effet, les « Islamistes Réformistes », qui prétendent être la faction la plus progressiste de la communauté arabo-berbère, doivent donner la preuve concrète de leur engagement tout nouveau, en prenant explicitement leurs distances par rapport à la version esclavagiste du droit musulman afin de la purger des concepts et anachronismes sociaux ; ils doivent reconnaitre sans louvoiements que cette interprétation particulariste et fausse de l’Islam doit être dénoncée, abandonnée et réformée. C’est uniquement à ce prix que les islamistes peuvent continuer à se prononcer sur cette question avec un minimum de crédibilité. Leur rôle n’est pas de justifier l’’esclavage sans arrêt. Ils doivent le comprendre, sous peine de passer pour des opportunistes sans scrupules.

En attendant que cette option soit la leur, ce qui est loin d’être gagné, nous demandons à toutes les franges du mouvement abolitionniste(Alliance Populaire Progressiste, Sos.Esclaves, Conscience et Résistance, CLTM et FONADH), d’adopter le maximum de vigilance face aux menées de récupération fomentées par les prétendus réformistes. Il y a de bonnes raisons de croire que cette offensive de dernière minute a été orchestrée en haut-lieu dans le cadre du partenariat entre le pouvoir en place et le mouvement islamiste dont le guide spirituel Med Elhacen ould Dedew joue le rôle officieux, mais très visible, d’éminence grise et de mufti du régime.

Les enjeux de la discrimination positive en Mauritanie

Afin de nous disqualifier, on nous reproche souvent de dénoncer et de ne jamais proposer. Entre autres mesures urgentes, nous proposons de faire un diagnostic sans complaisance de la situation démographique et sociale de l’esclavage et de la situation des Hratin. Dès à présent, nous proposons la discrimination positive. Mais nous tenons à définir ce que nous entendons par là afin d’éviter toute équivoque.

La discrimination positive est un dispositif de réparation des préjudices historiques fondé sur une démarche politique de réconciliation et de justice. Elle instaure un traitement spécifique en faveur de certaines catégories sociales considérées comme historiquement victimes de graves discriminations du fait de l’appartenance sexuelle (les femmes), ethnique (les communautés culturelles), sociale (les populations pauvres) et ou le statut (les esclaves par ascendance). Aucune de ces catégories n’est exclusive de l’autre évidemment. L’esclavage renvoie à un statut et à une communauté culturelle, sans compter qu’il se transmet par les femmes qu’il affecte de façon spécifique.

La discrimination positive est la suite logique de la reconnaissance des torts causés à un groupe, des individus ou une collectivité. Elle créé une dynamique de rattrapage sans laquelle le retard pris par les groupes discriminés ne pourrait jamais être comblé. Elle se matérialise par l’attribution des quotas et de programmes ciblés au bénéfice exclusif des groupes lésés : des postes, des agréments, des avantages et des recrutements exclusivement destinés à un groupe social bien déterminé par exemple. Concernant les esclaves par ascendance en Mauritanie, l’objectif visé est de favoriser leur émancipation en réparant l’injustice criante dont tout le monde s’accorde à reconnaitre le caractère spécifique et particulier. Même ceux qui s’obstinent à parler des « séquelles esclavagistes » doivent bien admettre qu’il convient, là encore de réparer, et d’arrimer les hratin à un train national qu’ils ne pourront jamais rattraper autrement. Il est vrai que la question de l’égalité des chances de tous les citoyens aux mêmes droits suppose à la base une réelle volonté politique de négation des multiples discriminations dont sont encore victimes les esclaves et anciens esclaves ou Hratin en Mauritanie. Mais hélas, il est de notoriété publique que la société, l’Etat, l’administration, la justice et le clergé mauritaniens adoptent, de manière systématique et organique, la ségrégation négative contre les Hratin ; une ségrégation de naissance qui structure l’Etat et la société et qui relève d’une politique officielle et d’une idéologie nationale. Mais le grand paradoxe et l’insulte à la mémoire des esclaves anciens et actuels, c’est que l’Etat et la classe politique, dominés par l’élite des segments esclavagistes, refusent d’envisager la discrimination positive envers les populations Hratin. Dans le même temps, ils admettent la perpétuation de discriminations négatives qui continuent à persister dans l’impunité totale ; pis, l’esclavage et les séquelles qui en dérivent continuent à servir de base à la fortune sociale, politique et économique de ces élites esclavagistes dont certains dirigeants du parti islamiste Tawassoul représentent la faction la plus obscurantiste. L’esclavage n’est pas seulement une pratique archaïque persistante. Il a une fonctionnalité sociale et politique à laquelle tient plus que tout la classe hégémonique qui cherche à perpétuer la domination et l’inégalité en vigueur dans ce pays.

Le principe de l’égalité citoyenne se décrète ; mais il doit pour ce faire se baser sur des critères objectifs que sont le bénéfice de l’éducation et la capacité de jouissance des biens culturels. La déculturation des enfants esclaves c'est-à-dire leur enfermement spatial et culturel leur ôte cette capacité. En effet, la stratégie de domination des esclaves repose sur tout un dispositif appelé « la pauvreté culturelle ». Il s’agit de donner aux anciens esclaves une éducation sommaire destinée non pas à réveiller l’humain en eux mais à en faire des « outils animés » ad vitam aeternam.

La finalité ultime est de faire des anciens esclaves des sujets sociaux dépendants toute leur vie durant. Il faut tout faire pour que les hratin ne puissent jamais avoir la conscience claire de leur appartenance culturelle, c'est-à-dire de parler d’une seule voix. Tous les hommes politiques mauritaniens ont peur de « l’émergence de la conscience de classe » chez les anciens esclaves, car elle remettra radicalement en question les règles du jeu démocratique en Mauritanie. C’est la raison pour laquelle, on vit ce paradoxe hallucinant où ce sont les esclavagistes qui prétendent appeler (sans agir dans ce sens) à la fin des pratiques esclavagistes en Mauritanie : c’est la meilleure manière de ne jamais le faire. La ficelle est grosse, mais elle peut fonctionner. C’est le cas du parti Islamiste conservateur Tawassoul, de l’ancien président Sidi Mohamed ould Cheikh Abdallahi ou l’actuel commissaire aux droits de l’Homme Mohamed Lemine ould Dade…

Certes, la discrimination positive au rabais qu’on pratique en Mauritanie est biaisée et extrêmement dangereuse : les promus n’ont pas les moyens et la compétence requise pour remplir la mission qui leur est confiée. L’astuce vise, en dernier recours, à aboutir à une situation simple : on fait la promotion d’un individu incompétent pour jeter le discrédit sur toute une catégorie sociale qui représente la majorité de la population.

Les porteurs des multiples revendications doivent faire la distinction entre les symboles et la discrimination positive. Le fait de nommer un esclave par ascendance, de préférence malhonnête et peu représentatif, au poste de premier ministre est un acte symbolique destiné à frapper les consciences mais ne constitue pas une discrimination positive. Il s’agit d’un puissant somnifère pour tétaniser voire anesthésier les intellectuels hratin et en faire des laudateurs au détriment du « peuple hratin » c'est-à-dire de la grande masse qui souffre d’un déficit de considération sociale.

Par-dessus-tout, il y a un préalable à tout processus d’émancipation d’une catégorie sociale : c’est de faire le diagnostic de la situation et donner la parole aux porteurs des revendications. C’est ce à quoi se refusent la classe dominante et l’intelligentsia du pays, soucieuse de parler au nom des esclaves, plutôt que de les écouter ou de leur rendre justice. La question hratin constitue une équation difficile pour les intellectuels mauritaniens honnêtes, car tous ont été éduqués dans des familles féodale-esclavagistes. Or, sans le «suicide de classe», sans rompre avec leurs influences sociales et culturelles, il leur sera difficile de faire face à cette plaie de la société mauritanienne que constitue l’esclavagisme. Mais la balle est dans leur camp.

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